Lutte contre Boko Haram. Riposte : Pourquoi attendre ?

Aziz Salatou | Le Jour Mercredi le 23 Septembre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les insurgés nigérians commettent des actions meurtrières au Cameroun qui paralysent le pays et traumatisent les populations sans que les forces de défense leur apportent une réponse proportionnelle.

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Abdou R., commercial pour une entreprise agroalimentaire est pantelant. De retour de Mora où il devait faire une livraison hier, il cherche ses mots pour dire son anxiété. La ville était selon lui, sur le pied de guerre. «C ‘est un char qui m’a escorté jusqu’à la sortie de la ville », raconte- t-il. Mora, victime d’un double attentat suicide est une ville en permanence sous une tension militaire. Dimanche pourtant, c’est le jour du marché. Un moment de fête, de convivialité, de retrouvailles, de liesse et d’affaires fructueuses. Mais,  Boko Haram en a décidé autrement dimanche dernier.

La ville était déserte, sinistrée, traumatisée et anxieuse. Mora depuis vendredi dernier déjà, à l’occasion de la visite du ministre de la Défense au commandant du secteur n°1 de la force multinationale mixte est sur le qui-vive. Avant l’arrivée du Mindef, la ville a été entièrement bouclée. Une fouille y a été exécutée. Des arrestations s’en sont suivies. Mais, ces précautions, si elles ont été efficaces pour la venue de l’illustre membre du gouvernement, n’ont pas été d’un grand secours pour l’inspecteur de police principal Elie Ladé. Il a sauté dimanche à un check-point alors qu’il avait intercepté un groupe de kamikazes qu’il s’apprêtait à fouiller. Le policier travaillait avec des "bénévoles", à un poste pourtant particulièrement sensible, puisque situé à moins de30km de la frontière.

Des voyageurs sur la route nationale n°1, à quelques encablures de Mora, ne peuvent plus circuler paisiblement dans un sens ou dans un autre depuis jeudi. Ils sont arrêtés par des militaires. Il se rapporte que ceux-ci livrent d’intenses combats aux terroristes de Boko Haram entre Waza et Dabanga. « Mes collègues m’ont dit qu’ils ont passé deux jours immobilisés avant Dabanga. Ils entendaient les échos de nombreuses détonations. Ils ont enfin été autorisés à circuler dimanche, ils sont rentrés totalement traumatisés », confie Abdou R. Des militaires contactés par Le Jour expliquent que, les terroristes sont sous pression de l’armée nigériane. Selon nos sources cette dernière a entrepris une grande offensive et gagne du terrain sur Boko Haram. Les combattants de la secte en débandade tentent de se réfugier au Cameroun, d’où ces tentatives d’incursions que l’armée camerounaise enrayent à chaque fois.

Un autre natif de la région enrage à ces explications. « Chaque fois que j’apprends qu’il y a eu un attentat je suis totalement déprimé. Mais, que font les militaires camerounais ? Sont-ils encore à la hauteur de la situation ? pourquoi ne font-ils pas comme leurs homologues tchadiens où il n’y a pas eu d’attentats depuis plusieurs semaines ? », interroge cet habitant de Yaoundé. De fait, de plus en plus de voix s’élèvent dans l’opinion pour fustiger l’attitude « attentiste » de nos forces de défense. Beaucoup s’indignent de ce qu’elles attendent des attaques des terroristes avant de réagir. Pour nombre d’observateurs, le Cameroun ne doit plus attendre indolent que Boko Haram prenne l’initiative et que l’armée sur la défensive y réponde.

« Il faut aller les chercher où ils sont », soutiennent de nombreuses personnes et des militaires. Seulement, le Cameroun a-t-il les moyens de négocier un droit de poursuite des terroristes en territoire nigérian où ils occupent encore de vastes territoires ? Les autorités de Yaoundé ne peuventelles pas solliciter la permission de leurs homologues nigérians de pacifier les territoires que l’armée nigériane ne contrôle plus et que les terroristes de Boko Haram utilisent comme base d’organisation ? Des forces de maintien de l’ordre doivent-elles poursuivre les fouilles au corps avec une telle proximité ?

Sont-elles formées à le faire dans les règles de l’art ? L’armée camerounaise a-t-elle seulement les moyens de se projeter en territoire étranger ? L’a-telle déjà fait ? S’en donne-t-elle les moyens ? Doit-elle indéfiniment compter sur l’aide des autres pour se sortir des problèmes ? Est-elle suffisamment organisée pour se défendre toute seule ?
 

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