Cameroun - Politique. Rdpc : entre vides juridiques, anachronismes et violations

Georges Alain Boyomo | Mutations Mardi le 09 Aout 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les textes de base du parti au pouvoir sont en contradiction avec sa volonté de s’inscrire dans la modernité.

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La relecture des textes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) sera à l’ordre du jour du prochain congrès ordinaire de ce parti. La mouture des nouveaux textes, qui ont été toilettés par une commission présidée par l’un des conseillers du secrétaire général du comité central du Rdpc, Benoît Ndong Soumhet, a été soumise depuis des mois au président national du parti, Paul Biya. Selon l’article 49 du règlement intérieur du parti au pouvoir, c’est à la commission de politique générale, dont le président national fait partie des membres de droit, que reviendra la tâche d’examiner les statuts de ce parti, en plus des points relatifs à l’orientation politique et aux règlements des conflits inhérents à cette formation politique.

Une source introduite au comité central du Rdpc rapporte que la commission chargée de préparer les nouveaux textes a «examiné l’ensemble des questions importantes dans l’optique de toiletter, améliorer et amender les textes du parti». Dans la même veine, une autre source interne au «parti de la flamme» soutient, pour sa part, que «des adaptations seront opérées pour moderniser le parti et le rendre plus efficace, la dernière relecture des textes datant de 1996, c'est-à-dire il y a 15 ans. C’est une attente forte des militants». Cette démarche, reconnaissent nos différentes sources, s’impose d’autant plus que les textes de ce parti sont à cheval entre vides juridiques et anachronismes.

Le dernier fait en date, qui a mis en lumière cet état des choses, est la casuistique à laquelle s’est livrée le secrétaire à la communication du Rdpc, courant juillet dernier, pour expliquer qu’aucune disposition, ni du statut, ni du règlement intérieur ne limite la durée du mandat du président national à 5 ans. Jacques Fame Ndongo, invoquait alors notamment, à ce propos, l’alinéa 2 de l’article 18 des statuts du parti, qui dispose que «il [le congrès] se tient tous les cinq ans. Toutefois, en cas de nécessité, cette période peut être abrégée ou prorogée par le Bureau politique»; et l’article 19 qui indique que «le congrès élit le président national». Tout le reste, à l’entendement du ministre, relevait, d’une « translation juridique».

Mais il y a plus grave. En cas de «force majeure ou d’empêchement» du président national, Paul Biya, on filerait tout droit vers l’impasse juridique, voire. S’il est clair, ainsi que l’indique un cadre de ce parti en poste au comité central que, selon l’article 22 des statuts du Rdpc, les 2/3 des membres du Congrès ou alors le bureau politique présidé par son doyen d’âge peuvent convoquer une session extraordinaire du congrès et en fixer l’ordre du jour, «tout ce qui relève du mode de désignation du (nouveau) président national du parti, des militants éligibles ou encore de l’organisation de l’élection, notamment de la campagne électorale, n’est pas formalisé».

Empêchement

Candidat déclaré à la présidence du Rdpc, Tobie Ndi relève, quant à lui, d’autres «anachronismes». A l’instar de l’article 20 des statuts de cette formation politique qui inscrit sur la liste des délégués du Congrès, entre autres, les militants exerçant les fonctions de «gouverneur de province». Selon Tobie Ndi, «il s’agit-là d’une aberration dans un contexte de pluralisme politique».

Dans le même tonneau, à la lecture de l’article 76 du règlement intérieur du Rdpc, «les [même] gouverneurs de provinces» font partie des membres du parti, «astreints à une contribution mensuelle dont le montant et les modalités de paiement sont fixés par le comité central». Tobie Ndi note également une tendance à la violation des textes par la hiérarchie du parti. Il cite par exemple le point ayant trait à la convocation du Congrès. L’article 44 du règlement intérieur du parti au pouvoir fait état de ce que c’est «le comité central [qui] fixe la date de convocation du Congrès sur proposition du président national.

Il en arrête l’ordre du jour et la durée des travaux». Mais, déclare Tobie Ndi, «dans les faits, le président national supplante le comité central. Ce d’autant plus que le comité central, qui doit se réunir deux fois par an, sur convocation du président national (article 61 du règlement intérieur) n’a pas été convoqué depuis longtemps».

La même violation est transposée au bureau politique. L’article 67 du règlement intérieur indique que «il [le bureau politique] se réunit aussi souvent que nécessaire sur convocation et sous la présidence du président national». Tobie Ndi pense, à ce sujet, que «les textes du parti n’ont pas prévu la formule des consultations des membres du bureau politique ou du comité central, comme cela a été le cas, il y a quelque temps». Tous comptes faits, les nouveaux textes du Rdpc sont très attendus.

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