Afghanistan. Raid américain contre un hôpital de MSF en Afghanistan, 19 morts

Hamid Shalizi et Andrew MacAskill | Reuters Dimanche le 04 Octobre 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
KABOUL (Reuters) - Un raid aérien américain contre un hôpital géré par Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz dans le nord de l'Afghanistan a fait au moins 19 morts et 37 blessés, selon un bilan fourni samedi par l'organisation humanitaire.

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Douze membres du personnel de l'organisation non gouvernmenetale et au moins sept patients, dont trois enfants, ont péri dans cet incident qui constitue "une violation grave du droit humanitaire international", dit Meinie Nicolai, présidente de MSF.

L'armée américaine a estimé que ce raid, qui fait l'objet d'une enquête, avait pu provoquer des "dommages collatéraux" dans le combat que les troupes alliées mènent contre les taliban dans cette ville.

MSF, poursuit sa présidente, demande "une totale transparence aux forces de la coalition", ajoutant ne pas pouvoir "accepter que cette horrible perte de vies puisse simplement être résumée à un 'dommage collatéral'".

Le communiqué de l'organisation humanitaire précise que l'hôpital a été pris pour cible pendant plus d'une heure entre 02h08 et 03h15 du matin avec des frappes menées à intervalles de 15 minutes.

Chaque raid visait de manière précise le bâtiment principal de l'hôpital qui abrite le service des soins intensifs, le service des urgences et celui de physiothérapie. Les autres bâtiments ont été laissés quasiment intacts.

Médecins sans Frontières dit avoir signalé à toutes les parties la position de l'établissement, le seul de la région disposant des équipements nécessaires pour traiter des blessures graves. Environ 200 patients et employés se trouvaient dans l'hôpital au moment des attaques.

"MSF souhaite clarifier que toutes les parties au conflit, dont Kaboul et Washington, ont été clairement informées de la localisation précise (coordonnées GPS) de ses installations (...)", poursuit-elle.

Le personnel de MSF a appelé un responsable de l'Otan à Kaboul dix minutes après la première bombe puis des responsables militaires à Washington quelques minutes plus tard.

UN INCIDENT CRIMINEL, SELON L'ONU

Le Haut Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, le prince jordanien Zeid Ra'ad al Hussein, a qualifié ce bombardement "d'événement profondément choquant qui doit rapidement faire l'objet d'une enquête approfondie et indépendante dont les résultats doivent être rendus publics".

"La gravité de l'incident souligne le fait, s'il est établi par la justice qu'il s'agit d'un acte délibéré, qu'une frappe aérienne contre un hôpital constitue un crime de guerre", a-t-il estimé.

Le ministère français des Affaires étrangères a exprimé "sa solidarité aux familles des victimes ainsi qu'aux blessés" et a appelé dans un communiqué à ce qu'une "enquête soit conduite dans les meilleurs délais sur les circonstances de ce drame".

Le chef des forces armées alliées en Afghanistan a présenté ses excuses au président afghan, Ashraf Ghani, et l'a informé des éléments en sa possession, ont dit les services de la présidence.

Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a indiqué que le commandement militaire tentait d'établir ce qu'il s'était passé et qu'une enquête était en cours en coordination avec le gouvernement afghan. Les environs de l'hôpital avaient été le théâtre de violents affrontements au cours des derniers jours, a-t-il ajouté. Dans un communiqué, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul dit partager le "deuil des personnes et des familles touchées par ce tragique accident".

Tombée lundi aux mains des taliban, Kunduz a été reprise jeudi par les forces gouvernementales avec l'appui aérien de l'armée américaine, mais la milice islamiste reste présente dans le secteur.

Au moment du raid aérien, 105 patients se trouvaient dans l'hôpital avec leurs accompagnants, ainsi que plus de 80 membres du personnel afghan et étranger de MSF, selon l'ONG. D'après Zabihullah Mujahid, porte-parole des taliban, aucun membre du mouvement n'y était soigné.

Un mur du bâtiment principal s'est effondré et un incendie s'est déclaré dans trois pièces, a rapporté le directeur des services de santé publique à Kunduz, Saad Mukhtar, qui s'est rendu sur place.

L'hôpital, qui compte 150 lits, a reçu près de 394 patients, essentiellement pour des blessures par balles, depuis le début des combats, selon MSF. L'affluence était telle que des lits de fortune avaient été installés dans les bureaux et les couloirs.

(Jean-Philippe Lefief et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

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