Cameroun - Communication. Réactions :Levée de boucliers pour 3 journalistes harcelés par le Tribunal militaire

Wamba Sop | Mutations Vendredi le 11 Décembre 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Reporters sans frontières, la Fédération africaine des journalistes et l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture exigent la fin des poursuites contre .

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Reporters sans frontières (Rsf) a sorti son carton jaune contre le pouvoir de Yaoundé, dans la fameuse affaire dite de «non-dénonciation» à travers laquelle le Tribunal militaire de Yaoundé (Tmy) a décidé de faire comparaître en matière criminelle les journalistes Baba Wamé, Félix Cyriaque Ebolé Bola et Rodrigue Tongue. Dans un communiqué aux accents d’exaspération intitulé : «Les autorités camerounaises s’acharnent sur les journalistes professionnels», l’organisation mondiale de défense de la liberté de presse s’étonne de ce que le juge d’instruction de cette cour, Bernard Tsuite, en dépit de tout bon sens, ait jugé «suffisamment établies» les charges contre les inculpés «sous le motif rocambolesque de ne pas avoir partagé avec les autorités les informations dont ils disposaient sur la possible présence d’un rebelle centrafricain à la frontière camerounaise».

 

Notant que la police camerounaise avait à l’époque refusé de répondre à la demande de précisions sur cette affaire, Rsf salue le professionnalisme de ces hommes de médias qui, jugeant l’information insuffisamment vérifiée, avaient à l’époque des faits décidé de ne pas publier leur article. «Cette mascarade de justice n’a que trop duré, s’indigne son responsable du bureau Afrique, Cléa Kahn-Sriber. Dans un pays où la presse se rend souvent responsable de reportages approximatifs, c’est un comble que ces journalistes se retrouvent poursuivis pour avoir agi avec professionnalisme, vérifié des faits et décidé de ne pas publier une information partielle. Dans l’état actuel des choses, ces professionnels des médias représentent-ils réellement une menace pour la sécurité nationale du pays ? Nous demandons que les charges qui pèsent contre eux soient immédiatement abandonnées et que le harcèlement dont ils font l’objet cesse.»

Et l’organisme international de préciser que le Cameroun, qui occupe la 133ème place au classement planétaire 2015 sur la liberté de la presse établi par lui, «s’illustre par les interpellations fréquentes de journalistes à des fins d’intimidations». Il en veut pour preuve le cas du correspondant de Radio France internationale (Rfi) en langue haoussa dans le septentrion, Ahmed Abba, toujours détenu au secret à Yaoundé, dans une situation «extra-judiciaire» puisqu’aucune charge officielle n’est retenue contre lui. Et de citer aussi la situation du directeur de publication de l’hebdomadaire Génération Libre, Francois Fogno Fotso, poursuivi depuis septembre 2015 pour rébellion et non-respect des injonctions des autorités pour avoir simplement photographié l’arrestation musclée de militants pour l’alternance démocratique et dont le procès a été reporté à trois reprises.

Triste panorama

La Fédération africaine des journalistes (Faj), représentant le groupe africain de la Fédération internationale des journalistes (Fij) et qui compte plus de 50.000 membres dans 40 pays à travers le continent, a joint sa voix au concert de protestations. Elle demande aux autorités camerounaises «de mettre fin aux interpellations permanentes dirigées depuis plus d’un an» contre les journalistes Baba Wamé, Ebolé Bola et Tongue. «Nos collègues interpellés sont des journalistes tenus par l’obligation de protection de leurs sources ; ils ne sont pas des agents de renseignement et ne peuvent pas se comporter comme tel», a déclaré le président intérimaire de la Faj, Maria Luisa Rogerio, exigeant purement et simplement que les intéressés soient innocentés dans les brefs délais.

La Faj, tout en restant solidaire de la lutte contre le terrorisme ainsi que toute menace à l’intégrité du territoire camerounais, «condamne les entraves récurrentes à la liberté de la presse» et appelle le gouvernement camerounais «à mettre fin à cette poursuite qui a paralysé ces trois journalistes pendant plus d’un an».

Et ce n’est pas tout. Hier, dans son panorama des atteintes aux libertés individuelles et collectives, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) Littoral/Cameroun, chef de file de la Maison des droits de l’Homme du Cameroun est revenue sur le quotidien des journalistes sous pression. Confrontés à l’utilisation abusive du délit de diffamation, et ce en dépit des dispositions réglementaires nationales ainsi que de l’engagement affirmé des autorités du pays à garantir la liberté d’expression, les femmes et hommes de médias continuent de faire face à diverses formes de harcèlement, y compris judiciaire, contribuant ainsi à restreindre leur liberté d’action. A titre d’illustration, l’Acat plonge particulièrement son regard sur la situation de Félix C. Ebolé Bola, Rodrigue Tongue et Baba Wamé. Et d’appeller notamment à la promotion et à la protection des droits économiques et sociaux, domaine hautement caractérisé par des tortures psychologiques et morales qu’entraînent les maltraitances nombreuses et variées.


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