Présidentielle 2011. Que fera Biya de sa victoire ?
En principe, c’est aujourd’hui, vendredi 21 octobre 2011, que les résultats de la présidentielle camerounaise seront connus. La Cour suprême, après avoir annulé tous les recours à elle soumis par l’opposition, proclamera instantanément les résultats du scrutin du 9 octobre dernier. Au fait, la haute juridiction camerounaise n’accomplira qu’une simple formalité, d’autant que les résultats, même avant le scrutin, étaient connus d’avance.
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On se doutait bien que les recours de l’opposition puissent aboutir à des résultats concluants si l’on sait qu’en Afrique les hautes juridictions qui donnent du cachet aux élections, sont des caisses de résonance des régimes en place. C’est connu de tous au point que cela apparaît aujourd’hui comme un truisme. En soumettant des recours en annulation, l’opposition camerounaise que l’on félicite du reste pour sa démarche légale, savait en son âme et conscience que les juges constitutionnels n’allaient, pour rien au monde, se farcir. Pourtant, il est peu de dire que la récente présidentielle camerounaise aura été une véritable mascarade historique, tant les techniciens de la fraude avaient déjà bien ourdi leur coup. A "Biya land" comme un peu partout ailleurs en Afrique subsaharienne surtout, la formule est bien connue : " On ne peut pas organiser une élection pour la perdre".
Alors, maintenant que le président Biya rempile pour un nouveau mandat, on se demande bien ce qu’il fera de sa victoire. Se montrera-t-il enfin réceptif en suivant le mouvement du monde ou bien s’enfermera-t-il davantage dans sa bulle, pour continuer de narguer à souhait son peuple ? La question a tout son sens surtout que son opposition rue déjà dans les brancards. Il n’est donc pas exclu que, dans les jours à venir, elle batte le pavé pour protester contre la réélection d’un Biya qui aura régné à l’instar de Ben Ali près de 30 ans au pouvoir. Et c’est cette hypothèse fort probable qui suscite bien des appréhensions quand on considère en sus le récent lâche assassinat d’une opposante à la veille des élections et la loufoque mutinerie qui a failli mettre le pays à feu et à sang. Le pire est donc à craindre.
C’est une véritable chape de plomb qui pèse actuellement sur le pays de Léon Mba. Les pays africains connaîtront pour longtemps encore des situations précaires consécutives à la proclamation des résultats tant que la fraude électorale sera érigée en un principe, et que, les règles du jeu faussées, le vainqueur est connu avant les consultations. En tout cas, par ces temps d’orage et de grosses tempêtes qui ont vu prendre leurs jambes au cou, sous la pression populaire, bien des satrapes qui se croyaient indéboulonnables, Paul Biya gagnerait, si tant est qu’il veuille s’épargner pareil sort, à faire de sa réélection un mandat de transition.
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