Emeutes Bamenda. Problème anglophone: Les villes mortes en attendant…

Fréderic Takang | La Nouvelle Expression Mercredi le 18 Janvier 2017 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Malgré la tension ambiante, la reprise des négociations est annoncée pour demain à Bamenda. Un rendez-vous très attendu par toutes les parties

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La tension monte dans le Nord-Ouest et le Sud-ouest, Yaoundé restant sourd aux revendications des enseignants et des avocats depuis fin novembre.  A Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest, marchés, boutiques magasins et autres espaces publics sont restées vides pour cause de «villes mortes», décrétées par les syndicats d’enseignants et d’avocats. «Il n’y a pas eu de mouvement. Les boutiques et les bars sont vraiment vides. Il y a beaucoup de policiers, de gendarmes et de militaires dans les rues», relève Me Felix Nkongor Agbor, président  du «consortium de la société civile du Cameroun anglophone» regroupant des associations d’enseignants et d’avocats, joint par téléphone, qui ajoute que : «la raison de ces villes mortes c’est juste pour faire comprendre au gouvernement que les populations veulent se faire entendre, le respect de cette ville morte est une indication claire qu’il faut écouter les anglophones, écouter nos pleurs,  nous voulons le dialogue, nous voulons chercher la solution. Dans certaines rues de la ville de Bamenda, certains jeunes ont tout simplement organisé des parties de football sur la chaussée. Des camions de la gendarmerie et de police sont postés à plusieurs carrefours». Dans les autres villes de la région du Nord-ouest, c'est également «la paralysie». A Bamenda,  épicentre de la contestation la situation qui perdure est diversement appréciée. Pour Joseph Chonsi, un habitant de Bamenda, «c’est ce qu’il faut pour faire plier le gouvernement de la République», lance-t-il en substance, avant d’ajouter que «même une année blanche pour nos enfants, cela sera pénible mais c’est le prix que je suis prêt à payer pour résoudre cette domination des francophones sur nous, et la destruction de notre système éducatif». Par contre, Jean Momo, lui, pense que : «la grève a trop duré ; les revendications sont légitimes, mais c’est trop déjà ; il faut arrêter, moi c’est par peur que je ferme ma boutique». Dans leur communiqué annonçant le début des villes mortes ce lundi de 6 h à 18 h, les grévistes avaient posé un ultimatum au gouvernement avec lequel aucune négociation n’a abouti jusqu’ici : libérer toutes les personnes interpellées lors des violences, avant la relance des discussions. «Mais, comme toujours, le gouvernement ne nous écoute pas. Ces jeunes sont encore à Yaoundé. Beaucoup parmi eux sont gravement malades», soupire Felix Nkongor. «Si le gouvernement pense que le retour au fédéralisme n’est pas la solution, qu’on organise un referendum, là on saura que c’est la démocratie qui a tranché», ajoute  le président du consortium

 

Plus de revendications

 

Depuis le mois de novembre 2016, un vent de contestation souffle dans les régions anglophones du Cameroun. Parties d’un mouvement des avocats qui réclamaient la traduction en anglais des textes régissant leur profession, les revendications ont ensuite atteint le corps enseignant en colère et qui s’oppose aux professeurs francophones qui enseignent l’anglais à leurs enfants alors qu’ils ne maîtrisent pas la langue,  pour se propager dans toute la population anglophone qui représente 20 % des habitants du pays. Aujourd’hui, les grévistes  ne veulent plus des médecins francophones dans leurs hôpitaux et exigent  que les déclarations d’impôts et autres documents administratifs ne soient plus conçus qu’en langue française et que leurs conditions de vie s’améliorent. On en est désormais à réclamer le fédéralisme pour les plus modérés et la création d’un Etat indépendant baptisé Southern Cameroon, pour les plus radicaux. Les autorités de Yaoundé indiquent qu’elles ne céderont pas à la pression et que le Cameroun restera un et indivisible. Lors de son traditionnel discours de fin d’année à la nation prononcé le 31 décembre 2016, Paul Biya, président de la République, avait qualifié ces grévistes de «groupe de manifestants extrémistes, manipulés et instrumentalisés». «Les anglophones sont les sous-citoyens de ce pays. C’est comme si on était en période de colonisation. Pour exemple : il y a eu des incidents à Bamenda et on emprisonne les interpellés à Yaoundé», s’énerve Me Harmony Bobga. Une position que le Consortium, tête de proue de la fronde, compte bien faire évoluer en multipliant les actions de défiance. Mais une information de dernière heure annonce une autre réunion du comité ad hoc pour demain mercredi à Bamenda
 

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