Cameroun - Sécurité. Prison centrale de Kondengui: les détenus ordinaires contre les privilèges des prisonniers Vip

Florette MANEDONG | Le Messager Mardi le 31 Juillet 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Outre les nombreux problèmes auxquels ils sont confrontés, les détenus démunis se plaignent du traitement inégal dont ils sont victimes, face aux « prisonniers politiques » qui selon eux, devraient être moins bien traités.

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Lundi 16 Juillet 2012, à l’occasion de la visite de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl) dans le centre de détention de Kondengui, les détenus n’y sont pas allés de main morte pour crier leur ras-le-bol. « On en a marre de cette discrimination, alors que nous sommes tous des citoyens camerounais, incarcérés dans notre propre pays. Nous sommes fatigués et révoltés, ce d’autant plus qu’après votre passage (passage de la Cndhl Ndlr), les choses ne changeront point. Les mêmes injustices se poursuivront. Nous autres, simple détenus qui avons juste volé ou braqué, ou plus grave, sommes victimes d’une erreur judicaire, vivons ici dans les pires conditions qui soient, tandis que les voleurs de la République, ceux la même qui devrait être qualifiés de bandits de grand chemin, car c’est à tort que vous nous appelez ainsi, sont aux petits soins, installés dans les mêmes « villas » que celles où ils ont volé l’argent du contribuable pour construire et abandonnés au quartier ?

Lavant leurs vêtements au pressing, ayant à leur disposition, des plantons et hommes de mains, qui s’occupent de leurs jardinages en prison », se plaint vertement un détenu, incarcéré dans ce centre de détention. Et de poursuivre, « d’autres basses besognes que tout prisonnier est appelé à faire lui-même du moment qu’il est incarcéré ? Ils vont même jusqu’emmener leurs femmes ici pour y passer la nuit ! C’est dire combien leur « cellule », parce que c’est n’en est pas vraiment une, est confortable à telle enseigne que leur dame s’y sentent à l’aise pour des « activités nocturnes ».

Injustice

Un autre détenu plus courroucé précise que « nous ne refusons pas qu’ils soient bien gardés, car ce sont des personnalités qui ont occupé des postes de responsabilité dans ce pays et donc, qui ne sont pas M. tout le monde. Mais, c’est frustrant pour nous autres ! On aurait pu prévoir une prison spéciale pour ces gens, qu’on aurait construit avec tout le confort et tout ce qu’on veut y mettre, nous n’aurons jamais été au courant, et ça ne nous auraient jamais gêné ! Ou alors, leur réserver un quartier précis de la prison, bien loin de nous. Nous n’aurons jamais su ce qui s’y passe ».

En effet, ces « prisonniers politiques », véritables Vip au sein de la prison centrale de Kondengui, on les retrouve dans presque tous les quartiers. Dans le quartier I par exemple, sont logés, dans des cellules climatisées, certains directeurs généraux de société, tel l’ancien député du Moungo, Frédéric Ekandè. Au quartier V, le célèbre ex Pm, Ephraïm Inoni, trône en maître des lieux, dans une cellule avec bureau. Dans le quartier féminin, n’eût été la petitesse de la cellule de Hamman Adama, elle est plutôt bien installée, avec ses douches personnelles attenantes.

Chez les mineurs, du côté droit, on aperçoit un nouveau bâtiment, dont la fraîcheur laisse à croire qu’elle est plutôt confortable, c’était le « domaine » d’Yves Michel Fotso et enfin, encadrant le Kosovo de part et d’autres, les cellules du côté droit, de certaines autres personnalités tels Otelé Essomba, et du côté gauche, celles d’Atangana Mebara, Olanguena Awono…

Selon les autres détenus, au vu de ce qui leur est reproché, ils ne devraient pas avoir droit à tous ces avantages. Bien au contraire, « ils sont aujourd’hui là où hier, ils ont signé des papiers pour nous y envoyer. Raison de plus pour les laisser goûter à cet endroit tel qu’il se présente vraiment, dans toute sa laideur, sa dureté et son implacabilité. En ce cas, peut être qu’à leur sortie, ils seront rappelés à servir ce même gouvernement et combattront alors désormais pour réellement améliorer les conditions de détention dans notre pays ». Il y a peu de chance que ce cri protestation soit entendu. Mais sait-on jamais…

Florette MANEDONG


Kodengui: Les bonnes affaires des gardiens de prison

Ils tiennent en majorité des commerces au sein de cette prison légendaire, au grand dam des détenus sucés jusqu’à la moelle.

Les détenus ont profité d’une visite inopinée de la Cndhl dans les centres de détention de la ville de Yaoundé pour dénoncer leurs conditions de détention et de vie. En ce 16 juillet 2012 à Kondengui, le quartier 1 ressemble à un quartier résidentiel. Sous un hangar, des détenus se prélassent : d’aucuns sont occupés à une partie de carte, tandis que d’autres se divertissent à travers une partie de jeux de dames. Pas très loin d’eux, certains sollicitent l’aide de leurs aînés pour apprendre à lire et écrire. Sous les escaliers qui mènent au premier niveau, plusieurs personnes sont occupées à faire la cuisine, d’où se dégage une odeur plutôt agréable. Tout autour, des comptoirs de commerces se jouxtent. On y trouve presque tout, du plus petit citron aux paquets de sucre en passant par plusieurs autres articles, comestibles ou non. Des réfrigérateurs suffisamment garnis (de yaourts, eau glacée, jus de fruits et autres boissons gazeuses) complètent le tableau.

Ce genre d’activités, on les retrouve un peu partout, dans tous les quartiers de la prison. Les choses semblent bien évoluer selon les témoignages, tant des gardiens que des détenus. Pourtant, cette situation ne réjouit pas tout le monde. Les langues se délient : « Ne pensez pas, en voyant toutes ces belles choses qu’elles nous appartiennent, non ! Nous avons peut-être seulement le droit d’y exposer quelques bâtons de manioc que nous rapportent des proches parents du village ou quelques petites choses que nos petits sous peuvent nous permettre de nous procurer pour revendre. Ces commerces appartiennent en majorité aux gardiens. Si nous aussi nous avions des moyens et souhaitions exposer des comptoirs pour y vendre des articles, nous devrions payer des taxes et l’espace. Toujours au bureau intérieur ». Cet argument est réfuté par certains gardiens qui affirment mordicus que ce sont des commerces appartenant aux détenus.


« Kontchap »

Ce que contestent des détenus qui ajoutent par ailleurs que, « ils vont plus loin au point de convier leurs épouses à venir vendre ici. Elles font des mets tel du riz à la sauce tomate, du mbongo tchobi, du ndolè, du poulet et autre viande de bœuf qu’elles vendent à 600 Fcfa le plat. Elles s’en mettent pleines les poches parce que, nous sommes nombreux à bouder les repas qu’on nous propose ici. Nous préférons ces repas qui dégagent toujours une odeur agréable et sont bien faits. Mais nous aurions préféré que ce soit nous, ou nos familles qui tirent profit de ce genre d’activités, pas encore ces gardiens qui ont déjà un salaire ».

En effet, les repas ne sont pas réellement variés ici. Les lundis, vendredis, samedis et mercredis, les détenus ont droit au maïs mélangé au haricot, localement appelé « Kontchap ». Plein de charançons, de petits cailloux et d’asticots. Très peu assaisonné au sel et teinté à l’huile rouge pas cuit. Les mardis, jeudis et dimanches, ils mangent du riz à la sauce d’arachide. « Ce n’est pas fameux, mais c’est bien mieux que ce maïs. Pour en avoir un peu plus, il faut glisser 50 ou 100 Fcfa au chef cuisinier ».

 

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