Cameroun - Nigeria. Otages français : Paul Biya a-t-il payé une rançon de 7 millions de dollars à Boko Haram ?

Jean François CHANNON | Le Messager Lundi le 29 Avril 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le rebondissement de cette affaire suscité par la presse française, embarrasse aussi bien les autorités françaises que camerounaises.

ADS


C’est la chaîne de télévision française I-télé qui a annoncé cette information en fin de semaine dernière. Et pendant tout le week-end, cette information exclusivement d’I-Télé, qui passait d’abord en boucle et de manière nuancée a fini par être plus affirmative et faire l’objet d’un développement encore plus accentué.

Au début, cette chaîne française d’informations continues a parlé de 16 millions de dollars qui auraient été payés pour la libération des 7 otages français enlevés le 19 février 2013 dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Puis très vite, le chiffre est descendu à 7 millions de dollars (c'est-à-dire un peu plus de 2 milliards Fcfa) lorsque nos confrères français, après recoupements, ont commencé à se montrer plus explicites. On a ainsi appris de la chaîne I-Télé comment les choses se seraient passées.

Il parait donc que c’est au lendemain de la visite au Cameroun de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères au Cameroun, visite intervenue au lendemain de la prise en otages des 7 Français, que la Présidence de la République camerounaise aurait entrepris d’entrer en contact avec le groupe islamiste et terroriste Boko Haram basé en terre nigériane. Nos confrères affirment alors que Laurent Fabius aurait, entre autres, souhaité que le président camerounais s’active à aider la France à régler cette affaire d’otages.

Dès cet instant, Paul Biya, aurait alors pris les choses en main. En fait, le chef de l’Etat qui, selon nos confrères français, n’a pas depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir en France, de relations harmonieuses avec les autorités françaises actuelles, a alors trouvé en cette affaire d’otages français une véritable aubaine pour se refaire une santé politique aux yeux des dirigeants français. Très vite, dans le plus grand secret, il active son entourage direct. Des contacts sont pris avec Boko Haram, à travers les élites et les chefs traditionnels de région de l’Extrême Nord.

C’est ainsi qu’au milieu du mois de mars 2013, le groupe terroriste qui détient les 7 otages consent à libérer ceux-ci avec en contre partie, la libération de leurs camarades emprisonnés au Cameroun. Nos confrères français indiquent que Paul Biya et son équipe acceptent leurs conditions et libèrent dans un premier temps une dizaine des membres du groupe terroriste Boko Haram. Tous vont regagner leur base au Nigeria. Tout comme Boko Haram va exiger en plus aussi, avant de s’exécuter, la libération d’un de ses hauts responsables qui était détenu à Yaoundé, la capitale camerounaise. Doléance que le chef de l’Etat camerounais va aussi accepter de satisfaire.

L’argent payé

Après tout cela, la famille Tanguy Moulin-Fournier n’est toujours pas libérée. C’est alors qu’au fil des semaines, les autorités françaises et camerounaises qui sont impliquées dans les négociations comprennent que les terroristes veulent aussi de l’argent. C’est ainsi que, affirme nos confrères d’I-Télé, 7 millions de dollars vont être versés au groupe Boko Haram avant que les 7 otages ne soient remis aux autorités camerounaises. Le correspondant de l’agence Reuters va par la suite confirmer le week-end dernier, le payement de cette rançon, pour la libération des 7 otages français.

Mais la question qui fait rebondir cette affaire est la suivante : qui a payé la rançon ? Pour les autorités françaises, notamment le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, mais aussi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui réagissent immédiatement après les informations d’I-Télé, l’interrogation n’a pas sa raison d’être. Ceci parce que pour ces autorités, il n’y a jamais eu de payement de rançon de la part de la France. En réalité, les autorités françaises voulaient surtout défendre un principe affirmé par François Hollande, le chef de l’Etat français, qui avait indiqué, dès son arrivée à l’Elysée, que jamais la France ne payera de rançon pour faire libérer les otages français détenus à travers le monde. La polémique va tout de même grossir face à la réalité de plus en plus probante d’un versement de rançon, réfutée sans conviction par les autorités françaises.

Alors qui a versé la rançon ?

Le groupe GDF-Suez, dont on a vu le Pdg très actif pendant les négociations ou alors…Paul Biya, le président camerounais qui semblait avoir quelques intérêts politiques dans cette affaire ? Dès la diffusion des informations d’I-Télé, les hauts responsables du groupe GDF-Suez n’ont pas voulu faire de commentaires. Par après, face à la polémique montante, le ministre français des Affaires étrangères est monté au créneau dans une interview accordée cette semaine au magazine Jeune Afrique : « Nous respectons la règle fixée par le président de la République: la France ne paie pas de rançon. Il faut bien comprendre que si l'on suit une autre logique, on expose davantage encore nos ressortissants».

Laurent Fabius ira plus loin en restituant enfin les contours de la libération des 7 otages français : «Après l'enlèvement, je suis entré en relation avec les présidents Goodluck Jonathan (Nigeria) et Paul Biya. Ils se sont montrés très attentifs et ont souhaité s'impliquer dans le règlement de cette situation dramatique, notamment le président Biya». Et parlant de rançon, il est encore plus sentencier : « A aucun moment, d'autres éléments ne sont intervenus dans la discussion. Il faut bien comprendre que si l'on suit une autre logique, on expose davantage nos ressortissants ».

Sur le rôle joué par Paul Biya, Laurent Fabius est formel : « le président camerounais Paul Biya n'a demandé aucune contrepartie à la France en échange de son implication dans la libération des otages enlevés le 19 février au Cameroun.». Soit ! En tout cas, réponse assez curieuse. Reste que du côté du Cameroun, c’est un silence épais jusque là.

Joint au téléphone, le ministre Camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary tout en indiquant que la « la presse française est libre de dire ce qu’elle veut », a préféré ne faire aucun commentaire. Toutefois, au regard du rôle joué par la présidence de la République du Cameroun dans cette affaire (c’est le secrétaire général de la présidence de la République en personne qui est allé chercher les otages), peut-on vraiment croire que Paul Biya, dans sa volonté tenace de vouloir laver son image largement ternie (ne serait-ce que par sa longévité au pouvoir) auprès des autorités actuelles françaises, n’a-t-il pas fait bouger sa caisse ?

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS