Opération Epervier. Opération Epervier: Comment Marafa avait voulu corrompre le juge Magnaguemabé

Boris Armelle Mbock | La Nouvelle Mardi le 15 Mai 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L'ex-ministre d'Etat l'a récemment récusé en l'accusant d'avoir développé une certaine animosité à son encontre, après son refus d'accéder à sa demande insistante d'un arrangement qui aurait facilité l'avancement de la carrière du juge d'instruction.

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Tout à côté, nos sources indiquent plutôt que c'est Marafa Hamidou Yaya qui aurait vainement entrepris de corrompre Pascal Magnaguemabé.

Ce sont ces propos de Marafa Hamidou Yaya qui auraient dû provoquer le tollé:

«(...) Quelques mois plus tard, un magistrat inconnu de moi a pris d'assaut mon cabinet pour obtenir une audience auprès de moi. Excédé par ses demandes d'audiences répétées, j'ai fini par le recevoir le 3 décembre 2008. Il s'agissait d'un certain Pascal Magnaguemabé que je rencontrais pour la première fois. ( ...) Après les civilités d'usage, il m'a fait part de l'objet de sa visite qui portait sur sa carrière professionnelle.

Il me dit alors qu'il était en poste à Mora, il a été injustement (selon lui) sanctionné dans le cadre de l'affaire relative à la succession de l'ancien ministre Mohaman Lamine. Qu'il a de ce fait subi un blocage d'avancement au grade et des affectations disciplinaires (toujours selon lui) à Douala, puis à Mbanga. Il précisera qu'il a été «récupéré» à Yaoundé par l'ex-vice Premier ministre, ministre de la Justice, qu'il avait connu lors de son séjour à Mora. Que bien qu'exerçant au Tribunal de grande instance du Mfoundi, il se sentait frustré parce que tous ses camarades de promotion sont mieux lotis que lui. Qu'il venait donc me voir pour que je l'aide à réaliser ses ambitions sur le plan professionnel».

Ces propos, Marafa Hamidou Yaya les déclame dans la demande de récusation de Pascal Magnaguemabé auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance du Mfoundi. Demande déposée le 16 avril dernier.

En réalité, ce que l'ex-ministre d'Etat ne dit pas, en choisissant le dilatoire comme stratégie de défense depuis son incarcération à la prison centrale de Kondengui, c'est que cette récusation fait désormais partie d'une stratégie de défense bien huilée. Justement, le premier jet de cette stratégie serait, selon nos sources, cette attaque en règle savamment conçue pour pointer d'emblée la prétendue moralité douteuse d'un juge d'instruction davantage porté vers le gain de l'argent facile et de ses intérêts personnels. Démontrer par la suite qu'il est un magistrat vénal et revanchard. Un fonctionnaire qui n'agit que par rapport à la seule préservation de son plan de carrière. Prêt à se laisser acheter au mépris de la morale et de la déontologie de sa profession de magistrat.

Pourtant, en prêtant une oreille attentive à l'écho des chuchotements qui alimentent les confidences sous les chaumières depuis cette sortie dénonciatrice et largement médiatisée de Marafa Hamidou Yaya, sourd le scandale d'une histoire de tentative de corruption dans les milieux huppés de la capitale. Une histoire qui n'arrête pas de prendre des ampleurs rocambolesques, au fur et à mesure que, dans ces milieux, chaque mot prononcé par l'ancien Minatd est pesé au trébuchet. Ceux qui semblent avoir la maîtrise des non-dits de l'opération Epervier, affirment ainsi en petits comités, que cette stratégie de Marafa Hamidou Yaya cache effectivement une histoire de tentative de corruption, encore plus explosive. Celle qui dévoile une foireuse opération de versement de 5 milliards de FCFA au juge Pascal Magnaguemabé. 5 milliards de FCFA? De quoi tomber des nues...


Volumineux dossier

Pour ces langues médisantes qui ont commencé à se délier avec frénésie, le plan initial prévoyait de remettre 15 milliards FCFA à ce juge d'instruction qui fait perdre le sommeil à plus d'un détourneur de fonds depuis le début de l'opération Epervier. Ceci, afin d'obtenir son désistement à poursuivre ses enquêtes. Et si possible, acheter lourdement sa fuite hors du pays avec tout le volumineux dossier relatif à l'affaire de l'acquisition de l'aéronef présidentiel.

Comme on peut l'imaginer: en ce moment où l'opération Epervier veut atteindre sa vitesse de croisière, ces pages et pages de documents sensibles concernant cette affaire explosive qui n'a pas encore dévoilé tous ses secrets, ont sans doute plus d'importance que certains secrets militaires estampillés du sceau «secret défense». Surtout que dans ce dossier, il y a tout dedans : le check-up des caisses publiques vidées par ceux qui étaient censés les protéger. Le détail de toutes leurs identités et des méthodes astucieusement utilisées pour armer leurs grossières rapines. Les chiffres qui font frémir.

Leurs cachotteries de prédateurs aux ambitions politiques sans limites. Le détail des multiples messes basses avec des complices insoupçonnés dans les hautes sphères de l'Etat et de la société pour donner un assaut féroce et impitoyable à d'autres centres d'intérêts publics. Autant d'intérêts qui donnent ainsi une valeur marchande importante au dossier Albatros...

L'on présente volontiers un richissime homme d'affaires camerounais, originaire de la région du Nord-Ouest et très proche de l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation comme le principal architecte de cette opération de grande envergure de corruption. C'est également cet homme d'affaires qui aurait contribué à faire transiter une partie du reliquat des 31 millions de dollars dans un compte ouvert à l'occasion dans une banque sud-africaine. Nos sources précisent d'ailleurs que c'est encore cet homme d'affaires himself, en compagnie d'une forte équipe d'hommes de main, qui aurait convoyé de lourdes mallettes pleines de billets de banque jusqu'au domicile d'une relation très proche du juge d'instruction. Domicile situé dans les environs du quartier Mvolyé à Yaoundé. En choisissant donc ce lieu privé, les émissaires de Marafa Hamidou Yaya croyaient que l'attraction que cette personne exerce naturellement sur Pascal Magnaguemabé pouvait jouer quelque influence en leur faveur, pour vite fléchir l'intransigeance et la probité connues du magistrat.

Erreur: l'évocation du seul nom Magnaguemabé donne déjà le tournis... Conséquence: face à tant de générosités étranges et suspectes, le regard ironique, le sourire aussi, le juge d'instruction va plutôt opposer un refus cinglant et irréversible. Selon nos sources, l'émissaire en chef de Marafa Hamidou Yaya n'aurait pas du tout apprécié le dédain avec lequel il aurait été reçu. Ce qui explique la soudaine entrée en scène d'un autre membre de la coterie aussitôt qu'il soit parti du quartier Efoulan.

Ce membre de l'actuel gouvernement, aussitôt saisi, n'aurait pas hésité un seul instant à passer à la contre-offensive en passant un coup de fil au juge. Il lui demande, avec une pointe de supplique, de prendre de l'argent et de se barrer en laissant Paul Biya régler ses problèmes avec ses «amis»... Evidemment, ce que le ministre en question ne sait pas, c'est que depuis que Magnaguemabé a la charge des dossiers sensibles de l'opération Epervier, toutes ses communications téléphoniques et celles des autres magistrats, sont suivies à la lettre par des services spécialisés de nos forces de sécurité.

L'une des copies décryptées de cet entretien téléphonique avec ce membre du gouvernement serait aujourd'hui la seule preuve qui sauve le magistrat aux yeux du chef de l'Etat, face aux accusations de Marafa Hamidou Yaya qui n'a pas arrêté de le récuser. Nos tentatives de recoupement auprès des concernés sont demeurées vaines. Toutefois, nos colonnes demeurent grandement ouvertes au cas où une source voudrait contredire ou compléter les tenants de cette affaire de corruption, somme toute invraisemblable et rocambolesque.


 

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