Cameroun - Economie. Monnaie: Fcfa, la monnaie du sous-développement camerounais

237online Mardi le 03 Janvier 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des économistes expliquent que malgré les avantages qui sont présentés aux pays comme le Cameroun, le franc Cfa est contre productif pour son économie.

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Joseph Tchundjang Pouemi, économiste camerounais aujourd’hui décédé, est considéré comme l’un des pères de la lutte pour l’indépendance monétaire en Afrique. Dans son livre écrit en 1979, Monnaie, servitude et liberté, il disait en substance que : « l’indépendance et la santé économique d’un pays passent nécessairement par une monnaie et des finances bien gérés ». La monnaie est un instrument de souveraineté et un levier de la politique économique d’un pays. En ce qui concerne le Cameroun, cette monnaie est le franc Cfa. Il est utilisé dans le pays depuis plus de 50 ans.

En effet, au moment des indépendances, les ex-colonies françaises adoptent une monnaie unique, le franc Cfa (le franc des Colonies françaises d'Afrique, créé en 1945, qui devient par la suite celui de la Communauté financière africaine). Il est alors attaché au franc français par une parité fixe. Pourtant, même s’il s’agit d’une monnaie africaine, elle est entièrement gérée par la France. C’est une réalité qui implique la mainmise des Français sur la politique monétaire africaine, du moins celle des pays de la zone franc. Plusieurs années après, en 1999, cette réalité s’étend à toute la zone euro, puisque la France a adopté cette monnaie.

Situation incroyable

« Mais fort curieusement, ce n’est pas à Frankfrurt, siège de la Banque centrale européenne que le Cfa est géré, mais plutôt à Paris, au Trésor français, où continue d’être logé le fameux compte d’opérations dans lequel doivent être domiciliés 50% de nos réserves de change », s’étonne un autre économiste camerounais, Abanda Pkama. Une situation qu’il trouve « incroyable ! ». Selon lui, de nombreuses dispositions de la zone franc bloquent tout développement de ces pays, et donc celui du Cameroun. « A titre d’illustration, notre pays a, à ce jour, un dépôt important dans le compte d’opérations. Les banques camerounaises sont liquides. Mais les crédits à l’économie sont de plus en plus rares et la masse monétaire n’augmente guère », regrette-t-il. Conséquence, les entrepreneurs nationaux sont quasiment exclus du crédit moyen et long termes. En revanche, toutes les activités d’importation de biens d’Occident sont encouragées et financées. Sans crédits, les entreprises des nationaux ne peuvent guère se développer. Le champ est ainsi laissé libre aux multinationales.

Autre économiste à expliquer la responsabilité du franc Cfa dans le sous-développement des pays africains, c’est Arnaud Zacharie de l’Université Libre de Bruxelles (Belgique). D’après ses explications, aucune décision monétaire au sein de la zone franc ne peut se prendre sans l’aval de la France. La zone franc est en effet subdivisée en trois sous-régions monétaires qui sont dirigées par trois banques centrales. Le Cameroun, qui fait partie de la Cemac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) dépend ainsi de la Banque des Etats de l’Afrique centrale. « Les statuts de ces banques centrales, bien que réformés en 1973, restent nettement à l'avantage de l'ex-métropole », explique Arnaud Zacharie. La Beac, pour ne citer que cet exemple, ne peut délibérer qu'en présence d'au moins un administrateur par Etat membre et un administrateur français.

« Avantages » contreproductifs

Les enjeux d'un tel système sont évidents, continue d’expliquer l’économiste français. La France a conservé des relations commerciales et financières très développées avec ses anciennes colonies. La parité et la libre convertibilité sont assurées par le Trésor français. Une telle garantie rassure les investisseurs français, puisque aucun risque de convertibilité ne vient entraver le rapatriement régulier de leurs bénéfices. A contrario, les avantages présentés aux économies africaines sont légers, voire artificiels et contre-productifs. Il y a en premier cet attrait des investissements directs à l’étranger. Au Cameroun, ils restent des plus timides, même si certains politiques veulent faire penser le contraire.

Deuxièmement, le franc Cfa est sensé épargner au Cameroun les risques de change avec la zone euro, et donc de faciliter voire accélérer les échanges commerciaux avec l’Europe. « Or, cet accès est limité par les mesures de protectionnisme permises à l’Union européenne par l’Omc (Organisation mondiale du Commerce, Ndlr) », souligne Arnaud Zacharie. Autre avantage présenté, mais qui est un véritable leurre : le Fcfa, monnaie unique, facilite la coopération entre les différents pays membres. Bien malheureusement, le fait que cette monnaie unique soit gérée par une autorité extérieure empêche qu’elle soit gérée dans ce but d’unité intérieure. Etant donné que l’Union européenne, qui a hérité des accords franco-africains, a juridiquement toute liberté de modifier selon ses intérêts la parité entre le Fcfa et l’euro.

Conséquence de cette situation décrite et décriée par les économistes, après plus de 50 ans d’indépendance, le Cameroun est un pays complètement sous-développé. Reste qu’en plus de la monnaie qui pose problème, il existe d’autres aspects sur lesquels les gouvernants doivent se pencher pour faire avancer l’économie du pays.

 

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