Cinquantenaire. Mfandena : le calvaire des automobilistes de la route de Soa

Le Jour Mardi le 12 Octobre 2010 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les travaux du « boulevard de l’indépendance » à Mfandena sont à l’arrêt depuis plusieurs mois. Ce qui ne manque pas de créer des problèmes de circulation routière sur la route de Soa. Qui est devenu l’un des pics de l’embouteillage urbain à Yaoundé

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Omnisports. Le stade Ahmadou Ahidjo, inauguré en 1972 à l’occasion de la VIIIème Coupe d’Afrique des Nations a fini par imposer son nom à ce qui était à l’époque une proche banlieue de Yaoundé.

Le quartier Mfandena porte désormais difficilement ce nom que peu de personnes prononcent au quotidien. Jadis modèle d’urbanisation, à cause de la proximité d’un lotissement communal, plus tard par un lotissement de la Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains et ruraux, Maétur, le quartier a malheureusement vu grandir à sa périphérie un habitat spontané par ailleurs décrié, de commerces de toute nature dont l’informel est la principale dominante.

Boulevard des cinquantenaires
La vie du quartier Mfandena est rythmée par cette route très fréquentée qui mène à Soa, et qui divise le quartier en deux. D’un coté, le stade Omnisports. La «cuvette de Mfandena», bien que vieillissante, continue d’en imposer par stature à tout le décor du quartier. Des aires de jeu, en réalité des terrains de football vagues, sommairement aménagés et pompeusement appelés «stades annexes», font pâle figure à coté de l’édifice principal lui-même.  Le parking de l’immense domaine du stade a été envahi par des activités de toutes sortes. Exploitants d’auto-école, casseurs de pierre, conducteurs d’engins de chantiers, sportifs du weekend, etc., sont désormais les véritables propriétaires du parking, qui s’avère désormais exigu les jours de matches internationaux. De l’autre coté, des administrations publiques, à l’instar de la direction régionale des Impôts pour le Centre, des commerces, agences de voyage, bars, hôtels, masquent le quartier résidentiel qui s’est développé dans l’hinterland. La vie du quartier s’est emballée en début d’année dernière, lorsque le projet de construction d’un «boulevard du cinquantenaire» a été annoncé. Dans la précipitation qui s’accompagne souvent dans ce genre d’ »opération kamikaze », des déguerpissements douloureux avaient eu lieu dans la foulée. Un gigantesque chantier s’était mis en place, pour exécuter le chantier du boulevard du Cinquantenaire, en quelques mois. On parle de sept milliards de francs Cfa qui ont été mobilisés pour accueillir le défilé du 20 mai 2010, commémorant les cinquantièmes anniversaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun. Di temps a passé. Le défilé pressenti au quartier Mfandena a été relocalisé au Boulevard du 20 mai. Une tribune flambant neuve trône sur le site où le défilé civil et militaire se tient depuis l’accession de Paul Biya au pouvoir en 1982. Mfandena a quant à lui, hérité d’un immense chantier abandonné, sur lequel pèsent de nombreuses incertitudes.

Accidents
Ce vendredi 08 octobre 2010, 17 heures. Les klaxons de véhicules, les uns plus stridents que les autres, rappellent toute la difficulté qu’il y a à emprunter l’axe routier qui va du lieu dit «Texaco Omnisports» à celui dit «Total Ngousso». La route est l’une des plus fréquentées de Yaoundé, en tant qu’elle sert de jonction entre la ville universitaire de Soa et l’agglomération de Yaoundé. La même route mène aux quartiers périphériques environnants. Ngousso, de Ngoulmekong, d’Essos, de Mimboman, de Mvog Ebanda et de Nkomesseng. A toute heure de la journée, la chaussée est envahie par des files interminables de véhicules personnels, de taxis brousse, de bus et de taxis de ville qui vont et viennent dans les deux sens. Le chantier commencé il y a quinze mois est à l’arrêt. La large avenue qui a été créée à coté de l’ancienne route attendait de recevoir la couche de bitume enrobé. Elle ne subira pas l’assaut des roues de véhicules de guerres et les bruits des brodequins de soldats qui allaient y défiler le 20 mai. Ce sera pour une autre fois.  Mais depuis l’arrêt des travaux, la route a été remise en service.

Des engins de chantiers qui n’ont pas servi attendent sur un parking de circonstance à l’entrée de la tribune présidentielle. Sur les trottoirs, des dallons, des pavés et des parpaings attendent d’être utilisés. Plus loin, c’est des tas de sable et de gravier n’en finissent pas de se disperser, sous l’effet conjugué des pluies diluviennes et des vandales. La chaussée est en état de dégradation avancé. Les eaux de ruissèlement ont créé de gigantesques nids de poule dans lesquels le conducteur imprudent vient s’empaler. Obligées de serpenter entre les nids de poule que la dégradation de la chaussée inachevée a accélérée, des accidents, dont certains mortels, ont été enregistrées depuis quelques semaines. «Il est devenu une habitude de voir trois ou quatre personnes pousser un véhicules au carrefour omnisports, surtout lorsqu’il eu grande pluie», déclare Patrick Molinga, vendeur de cartes téléphoniques en face du cimetière municipal de Ngousso.  «Nous voulons que le chef de l’Etat relance les travaux de réhabilitation de la route de l’omnisports, parce que les accidents sont devenus plus réguliers qu’avant», déclare Eugène Mbita, un chauffeur de camion rencontré sur une aire de stationnement au stade Omnisports.

Gendarmerie
Il est maintenant 19 heures. Alors qu’une forte pluie vient d’arroser la capitale en cette soirée de vendredi 8 octobre, les automobilistes qui essayent de se frayer un passage au milieu de la chaussée détrempée sont abandonnés à eux-mêmes. Le poste de gendarmerie est pourtant au bord de la route. Mais aucun gendarme en service ne pointera son nez. Pas plus qu’un policier ne sera vu au milieu de ce désordre. « Depuis que les travaux ont été arrêtés à cet endroit, il n’y a plus jamais eu les éléments de force de l’ordre pour diriger la circulation», se plaint Alphonse, un pompiste rencontré à «Texaco omnisports».  «Cet endroit est devenu très pénible pour circuler, la route est certes plus grande, mais on n’a pas de panneaux de signalisation, surtout les auto-écoles qui viennent de temps en temps former les élèves peuvent décider de prendre n’importe quel coté de la route pour circuler, j’ai failli cogner un hier», poursuit Robert Nguini, chauffeur de taxi. 

Du carrefour «Fokou omnisports» au lieu dit «Total Ngousso», la circulation n’est pas plus fluide. Aux heures de pointe, entre 19 et 20 heures, il est facile de passer 20 minutes dans le véhicule qui vous amène pour l’hôpital général de Ngousso ou vers Soa. On roule au pas, obligé de suivre le rythme de chauffeurs de taxi qui racolent, ou qui débarquent leurs passagers. Obligés d’attendre qu’un véhicule sorte d’une rue secondaire. La chaussée elle-même s’est rétrécie à cause des commerces installés à fleur de la chaussée. Le lieu dit «Caravelle Ngousso» est particulièrement encombrée. Le complexe commercial Santa Lucia est très fréquenté en fin de soirée. Les clients viennent s’approvisionner à la boulangerie et au supermarché du coin, créant un embouteillage inévitable par les manœuvres de leurs véhicules. Jean Bossap, un autre conducteur de taxi à Yaoundé, avoue ne pas prendre de clients pour cette destination à certaines heures de la journée. «Certains passagers qui vont au quartier Ngoussso préfèrent continuer leur voyage à pied», nous confie-t-il. Du coup, c’est une aubaine pour les mototaxis, qui peuvent facilement se faufiler à travers les longues files de véhicules, et dont les services sont souvent sollicités en cas d’urgence. Malheureusement, c’est aussi la source de nombreux accidents.

Jacques Bessala Manga et
Prince Nguimbous (stagiaire)

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