Cameroun - Travaux publics. Me Michel Vounkeng: « Les morts ont droit à la justice, et les familles ont le droit de savoir, les blessés également »

David Nouwou | La Nouvelle Expression Lundi le 24 Octobre 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Tandis que les regards sont toujours tournés vers Eseka où les recherches se poursuivent, un collectif d’avocats qui dit avoir de l’expertise dans ce genre de sinistres, est déjà à pied d’œuvre pour la défense des victimes

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Me Michel Vounkeng et Me Fru John Nsoh, fait partie du collectif et il a bien voulu répondre à nos interrogations.

 

On vient d’apprendre que vous faites partie d’un collectif d’avocats qui se sont constitués pour défendre les intérêts des victimes de l’accident ferroviaire d’Eseka. Qu’est-ce qu’on peut attendre par votre action ?

 

Nous regrettons, très amèrement le sinistre qui frappe à nouveau notre pays en ce moment. La veille du deuil national, nous sommes tous en larmes parce que nous avons perdu, qui un frère, qui un ami, qui même un membre de sa famille. Nous avons des confères qui ont été blessés et d’autres qui recherchent vainement leurs épouses. Mais notre métier n’est fait uniquement pour nous rendre service entre nous. Lors du sinistre de Kenya Airways, nous avons attendu que les avocats américains et étrangers viennent ici nous montrer la voie à suivre. Dieu merci, ils nous l’ont aidé. Nous avons pris de l’expérience. Et comme on dit au quartier : «le tour-ci, nous n’attendons personne. Nous nous engageons, en ce qui concerne les aspects touchant à notre profession. Nous annonçons donc que nous déposons, dès ce lundi 24 octobre 2016, une sorte d’information, qui n’est pas encore une plainte. Nous dénonçons, nous informons le Procureur de Paris, sur l’accident qui est survenu au Cameroun et impliquant d’une filiale de deux groupes français, Bolloré, qui détient 77% du capital de Camrail et Total qui a à peu près 6% de ce capital. Nous pensons, sur la base de l’article 113 du code pénal français et la jurisprudence dans l’affaire Rougier  que le parquet de Paris est compétent pour ouvrir une enquête liminaire, notamment parce que les sociétés françaises sont impliquées à travers leurs filiales  dans  le sinistre. Egalement parce que les ressortissants français sont victimes. Je parle du prêtre qui a été tué lors de cet accident. Je parle également des premiers dirigeants de Camrail, parce qu’ils sont des mandataires du groupe Bolloré. Nous déposons cette dénonciation-là pour faire ouvrir une enquête. Naturellement, ceux et celles des victimes que nous avons déjà recensés dans notre portefeuille, vont d’abord être entendus comme témoins pour  dans  procédure. Nous allons également suivre de très près, la procédure qui a été ordonnée par le ministre des transports et qui probablement doit être domiciliée au parquet du tribunal  de première et grande instance d’Eseka. Voilà ce que nous pouvons vous dire en ce moment. La dénonciation qui va être faite, ne préjudicie de rien du suivi des procédures qui vont être engagées devant les juridictions du lieu d’accident à Eseka, du lieu du départ du train qu’est Yaoundé ou du lieu d’arrivée et présomptif, Douala. Et nous notons qu’aucune cellule de crise n’a été mise en place pour encadrer les victimes et les membres de leurs familles comme ce que vous voyez ailleurs

 

Pourquoi vous laissez les juridictions camerounaises pour aller en France ?

 

Nous n’avons pas quelque chose contre les juridictions camerounaises. Nous savons dans quelles conditions ces juridictions-là travaillent. Nous vous indiquons simplement que le ministre des transports, en tant qu’autorité tutelle de la Camrail et l’un des commanditaires de la mise en route du train surchargé, doit être entendu, même si on peut déjà dire que, peut être il a demandé la mise en place d’un train spécial, mais pas spécialement le rajout des wagons. L’enquête nous le dira. Mais le magistrat camerounais est assez mal outillé pour pouvoir l’interroger, notamment dans des affaires comme celles-ci qui sont finalement exceptionnelles, mais ne touchent pas à la conservation du pouvoir ou aux menaces sur le pouvoir. De deux, nous le faisons parce que le même magistrat camerounais, le parquet d’Eseka, est dans l’incapacité d’entendre le Pca de Camrail qui est député jouissant d’une immunité parlementaire. Nous considérons que le juge Français est le plus à même de trouver ces personnalités-là. Et peut être se mettra-t-il en rapport avec le parquet d’Eseka, afin que la vérité triomphe. Les morts ont droit à la justice, et les familles ont le droit de savoir, les blessés également. Les procédures de rescue en cette matière-là, sont décrites dans des documents qui sont connus par toutes les professions. Camrail connait la certification Iris, elle connait la certification Iso 2001. Ils savent comment ça se passe en cas de crise. Tout cela fait que la présence des communicateurs de Camrail et l’omniprésence des défenseurs de Camrail dans les endroits où normalement les débats doivent se faire, fait craindre une chape de plomb qui peut s’abattre sur le désir légitime.

 

Vous dites que vous avez une liste des personnes victimes qui sont potentiellement vos clients. Et toutes les autres victimes, qui sont des centaines, pourraient être concernées par cette procédure ?

 

Quand une procédure publique est ouverte, notamment par un parquet, la constitution de partie civile, c’est-à-dire, le fait de soumettre la violation des ces intérêts et demander réparation appartient à toute personne. Les enquêtes ne sont pas à proprement parler ouvertes ou avancées. Donc, ce n’est pas seulement ceux que nous avons dans notre portefeuille maintenant qui ont droit à l’action que nous menons ; on n’est pas les seuls avocats, habiletés à le faire. Ceux qui se joignent à nous, nous suivrons, ceux qui se joignent à d’autres avocats, s’ils ont la même expérience que nous, je pense qu’il ne devrait pas y avoir de soucis. Parce qu’en matière de catastrophe, nous avons suivi le crash de Camair en 1995, le crash de Kenya Airways et peut être les avocats de Yaoundé sur l’incident de Nsimalen. Nous savons exactement comment se fait la veille d’urgence et le suivi juridique. Et pour nous, nous allons assigner conservatoirement ici, pour conserver le délai d’un an. Parce qu’en matière ferroviaire, le délai des victimes, c’est un an. Nous allons saisir les juridictions pour le conserver. Mais nous misons beaucoup sur le parquet de Paris. C’est lui qui peut briser, les carapaces sous lesquelles, certains suspects et les principaux mis en cause veulent s’entourer pour essayer d’empêcher que justice soit rendue.

 

Entretien mené par David Nouwou

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