Cameroun - Politique. Mathias Owona Nguini : “Dévaluation relative du Cameroun”

Le Jour Vendredi le 17 Avril 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le politologue explique pourquoi les grands dirigeants occidentaux ne viennent plus au Cameroun.

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Comment appréciez-vous le fait que très peu de dirigeants de grands pays occidentaux viennent en visite officielle au Cameroun ?

Depuis plus de 10 ans, il est difficile de voir à Yaoundé des dirigeants de premier plan des pays occidentaux. Cela semble traduire le fait que Yaoundé n’est plus une destination attractive pour ces personnalités.

 

En revanche, le président Biya a accueilli au Cameroun ses homologues chinois et turc. Cela traduit-il le changement de cap de la diplomatie camerounaise ?

Les autorités camerounaises en général et le président Biya en particulier souhaiteraient pouvoir recevoir des personnalités de premier plan venant de grands pays occidentaux. Seulement, l’occasion ne leur est pas donnée. Par contre, ils ont pu recevoir des dirigeants comme les présidents chinois et turc. Ce qui signifie qu’ils sont disposés à accueillir des personnalités de premier plan venant d’autres pays.

 

Les mauvaises langues diront que le président Paul Biya se contente désormais des dirigeants pour qui la gouvernance et la démocratie ne sont pas des préoccupations majeures…

On peut le dire effectivement pour la Chine, mais est-ce que cela est complètement valable pour la Turquie ? C’est un argument qui a sa pertinence, mais qu’il faut relativiser.

 

Qu’est-ce qui à votre avis peut justifier que des dirigeants occidentaux de premier plan survolent le ciel camerounais pour aller ailleurs et pas ici ?

Cela peut indiquer que Yaoundé n’est plus une destination attrayante, je l’ai dit. Cela dépend aussi de la manière dont ces dirigeants se représentent l’Afrique diplomatique. Autrefois, Yaoundé apparaissait comme une destination attrayante. Ce n’est plus le cas.

 

 

 Pendant ce temps, les pays comme le Sénégal, le Ghana, etc. voient défiler chez eux les grands de ce monde ; Barack Obama pour ne citer que celui-là…

Cela est dû au fait que du point de vue du marketing diplomatique international, le Sénégal et le Ghana apparaissent comme des fleurons en matière de démocratie dans les pays d’Afrique. C’est pour cela que ces dirigeants de premier plan des pays occidentaux et particulièrement des Etats-Unis peuvent y venir en visite officielle. Cela apparaissant comme une prime qui est attribuée à ces pays et à leurs dirigeants. En clair, il ne fait pas bon pour les dirigeants de pays occidentaux de s’afficher aux côtés d’un président comme Paul Biya, au pouvoir depuis plus de 30 ans… C’est ce que la réalité semble montrer.

Qu’est-ce que les Camerounais perdent que les grands de ce monde ne viennent pas en visite officielle chez eux ?

Sur le plan matériel, le Cameroun ne gagne pas grand chose et ne perd pas nécessairement grand-chose non plus. Par contre, sur le plan symbolique, cela démontre qu’il y a une forme de dévaluation relative du Cameroun sur la scène internationale et sur l’échiquier diplomatique mondial.

 

Pensez-vous que le président Biya soit outre mesure préoccupé par cette situation ?

Je n’en sais rien. Il faudrait l’interroger pour le savoir. Mais je pense que tout dirigeant serait toujours content de recevoir des homologues et surtout quand ces homologues viennent des Etats puissants sur la scène internationale.

 

Propos recueillis par Jean-Bruno Tagne

 

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