Cameroun - Réligion. Massi Gams pour une décolonisation de l’Evangile

Aboudi Ottou | Intégration Lundi le 15 Mai 2017 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Clé, le pasteur appelle les chrétiens africains à se réconcilier avec leurs traditions.

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Voici un regard intérieur de la rencontre entre l’Evangile et la culture des peuples de l’Est-Cameroun.

L’ouvrage « La rencontre entre l’Eévangile et la culture des peuples de l’Est-Cameroun (1916-1961) : Perspective d’une historiographie de la chrétienté africaine » qui décrit les premiers rapprochements entre les valeurs culturelles des peuples de l’Est-Cameroun et le christianisme venu de l’occident a pour auteur Dieudonné Massi Gams. Pasteur de l’Eglise presbytérienne du Cameroun (EPC) depuis 1979, l’actuel président de la Commission nationale anti-corruption (Conac) du Cameroun est en effet originaire de l’Est du pays.

C’est cette réalité qui aurait d’ailleurs motivé Clé à éditer cet ouvrage. « La plupart des ouvrages qui circulent sur l’histoire de la venue du christianisme en Afrique a été rédigée par des missionnaires blancs qui ont sillonné le continent noir.

Et comme nous le savons bien, ceux qui narrent les faits historiques ne le font jamais en leur défaveur. (…) Dans cet esprit-là, l’ouvrage que nous dédicaçons aujourd’hui (11 mai 2017) vient donc combler un besoin : celui de la diversification des sources en matière d’histoire. (…) Donner donc une lecture de l’histoire de l’évangile au contact des moeurs des peuples de l’Est à travers les regards de l’intérieur est une perspective nouvelle qui nous a séduits», indique Vincent- De-Paul Lélé, chef d’édition et de diffusion aux éditions Clé.

Réécriture de l’histoire

De l’auteur du livre, qui est en fait titulaire de sa thèse de doctorat soutenue en 1997 à l’université Protestante d’Afrique centrale où s’est également déroulée la dédicace, on apprend que l’objectif de sa démarche est double : « rendre justice à l’Afrique en lui restituant sa place de berceau de l’humanité » et «contribuer à la réécriture de l’histoire de l’Afrique et particulièrement de l’histoire de sa chrétienté». Une histoire que Massi Gams estime «oblitérée par l’esclavage, la colonisation et, particulièrement, par «l’évangélisation civilisation » conduite par les missionnaires tant catholiques romains que protestants ».

Dans l’ouvrage, le pasteur-historien s’emploie donc à gommer un ensemble de clichés laissés par ces évènements. Il démontre que «les missionnaires ne trouvent pas à l’Est des peuples sauvages sans aucune organisation sociale» mais des peuples qui ont même déjà «une profonde connaissance du Dieu unique et créateur». On apprend notamment que certains de ces peuples croyaient déjà à la mort et à la résurrection avec un Dieu protecteur et un clergé. Dans le même sillage, Massi Gams soutient en plus que «l’histoire biblique n’est pas exclusivement occidentale ; elle est également africaine, depuis Moïse l’Africain, en passant par Jésus, Marie et Joseph en Egypte, les premiers évangélistes, etc.».

Nouveau paradigme

L’ancien président de l’Assemblée générale de l’EPC pointe par ailleurs, l’héritage de l’évangélisation occidentale qui empoisonne la vie en Afrique. Il dénonce notamment le déplacement du centre familial vers le prêtre ou le pasteur, l’individualisation du péché et de sa réparation, la limitation du mariage et l’accès à celui-ci à partir d’un rite occidental à la propension mercantiliste, la conception et la pratique discriminatoire du sacrément, la copie servile des formes ecclésiologiques occidentales par l’Africain, l’exclusion de la femme des responsabilités ecclésiastiques, la sacralisation de la pauvreté érigée en condition d’accès au paradis. Aussi appelle- t-il à la décolonisation de l’évangile et sa contextualisation à partir du substrat culturel africain. Pour y parvenir, il recommande comme préalable la réconciliation des chrétiens africains entre eux et avec les membres des religions traditionnelles. «J’ai été très intéressé par l’écriture du Révérend Docteur. Car, il a dit beaucoup de choses utiles à la connaissance», affirme l’historien et préfacier de l’ouvrage Daniel Abwa. Jean Emmanuel Pondi, spécialiste des relations internationales, salue pour sa part, le courage, l’honnêteté et l’africanité de l’auteur. Le courage parce que malgré son statut de pasteur, «il continue d’exercer une approche critique». L’honnêteté, du fait qu’«il n’a pas dit que tout était mauvais dans l’église ou que tout est bon. Mais il fait ce que moi j’appelle le discernement». Et enfin, l’africanité «parce qu’en fait ce qu’il fait aujourd’hui c’est de dire qu’il ne peut y avoir de développement pour celui qui ne sait pas qui il est» .

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