Cameroun - Economie. Louis Paul Motaze: « Le Port de Kribi a tout pour fonctionner »

Frégist Bertrand Tchouta | La Nouvelle Expression Lundi le 13 Juin 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le ministre de l’économie en tournée au port en eau profonde de Kribi a ténu à rassurer les acteurs par rapport à tout ce qui dit à propos de ce projet. Il s’est ouvert à notre reporter, démentant les critiques et les malentendus.

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La première phase de construction du Port de Kribi est achevée. Le constat qui est fait c’est que ce port est plus petit que ce qui était prévu. Pourquoi ?

 

Si j’ai souhaité que vous soyez là aujourd’hui, c’est pour tordre le cou à ces habitudes qui se sont incrustées. Nous avons été au Port de Kribi avec vous, nos partenaires belges étaient là, et vous avez vu l’appréciation qui a été faite. J’ai tenu à ce qu’ils voient ce qui se passe sur le terrain. J’ai surtout tenu à démentir très formellement la critique selon laquelle le Port est petit. Je vais vous prendre l’exemple d’une autoroute. Comment est-ce qu’on peut construire une autoroute ? On peut construire une autoroute de deux façons. Prenant  le cas de l’autoroute Yaoundé-Douala, on peut dire qu’on  a besoin de 1000 milliards, prenons un chiffre au hasard. Mais nous avons d’abord 250 milliards, je dis les choses comme ça. Deux choses peuvent se faire. On peut se dire qu’avec les 250 milliards, on va d’abord faire tous les dégagements, de Yaoundé à  Douala. Les 250 milliards sont consommés, mais on n’a toujours pas l’ombre d’une autoroute. C’est une façon de faire. Si on le fait, personne ne va dire qu’on est idiot, la preuve, c’est ce que nous faisons sur le chantier de construction de l’autoroute de Kribi. A savoir qu’on a déjà fait tous les dégagements jusqu’aux 38 km qui sont prévus.

Mais il y a une deuxième façon de procéder. C’est de dire qu’au lieu d’utiliser les ressources que j’ai à ma disposition pour faire uniquement les dégagements sans autoroute, je vais plutôt construire une autoroute entièrement, mais pas jusqu’à Douala. Peut-être jusqu’à Ngog-Mapubi, dans les  30 à 40 km. Ça veut dire que je fais à la fois les dégagements, le bitume et tout  ce que les travaux publics savent faire. Et  le  reste,  j’attends. L’avantage de cette deuxième  option c’est d’avoir déjà quand même une autoroute sur laquelle les gens peuvent circuler et si le cas échéant, il y a déjà des péages, vous pouvez même déjà percevoir quelques revenus sur cette portion de l’autoroute qui est terminée.

 

C’est cette option qui a été adoptée au Port de Kribi ?

 

C’est effectivement cette deuxième option qui a  été adoptée pour la construction du Port de Kribi. J’entends dire qu’il n’y a pas suffisamment de quais. On aurait pu se contenter de faire des quais. On aurait  eu des quais mais pas de port. L’option qui a été prise c’est de faire un port complet. Vous avez visité tout le reste : le système d’adduction d’eau, la caserne des Sapeurs-pompiers, les magasins où sont stockés les outils de remorquage et de transport. C’est pour dire que le Port a tout pour fonctionner. Il y a un système d’alimentation en électricité qui permet au port de se passer à la limite du réseau public. Tout est là, c’est l’option qui a été prise. Mais avec les ressources qui étaient mises à notre disposition, il n’était pas question d’avoir déjà tous les quais. La deuxième raison c’est que le modèle économique qui a été mis en place c’est un modèle qui permet, parce qu’il y a déjà un port, de générer des ressources susceptibles de rembourser les crédits contractés par l’Etat. Ça veut dire que l’Etat s’endette, mais l’exploitation du Port rembourse. On ne fait plus appel au Trésor public.

La troisième raison c’est qu’au lieu  de faire des choses surdimensionnées, nous avons tenu compte de l’économie. Nous avons des études qui montrent que pour la première phase, ces terminaux sont largement  suffisants. Mais les études nous ont montré qu’avec l’évolution de l’économie, c’est vers 2020 que ces deux terminaux vont commencer à être saturés. C’est pour ça que dès la fin de la première phase, nous avons immédiatement lancé les études,  la  recherche de financements, et le partenaire nous a déjà  donné son accord pour la deuxième  phase. Pour que ces travaux qui peuvent commencer maintenant finissent vers 2018, au plus tard en 2019. Ce qui fait que lorsque cette demande arrive en 2020, elle trouve que l’offre en terminaux est déjà là. Voilà les  raisons qui justifient notre approche.

 

Une visite sur le site du Port montre que l’architecture initiale a  changé. Elle n’est plus en L, comme présenté au début, mais en I. Qu’est-ce qui justifie ce changement ?

 

Nous avons pris la décision de la faire en I, c’est-à-dire tout droit, parce que nous avons un terminal polyvalent qui est doté d’outils permettant de traiter un navire porte-conteneurs. Ça veut dire que si même par extraordinaire, le quai conteneurs est saturé, un navire porte-conteneurs peut également être traité au niveau du terminal polyvalent. Il y a une logique interne dans la conception et la réalisation de ces travaux. Vous avez suivi les belges, qui ont le Port d’envers. Si ce n’est le premier, il doit être l’un des trois plus grands d’Europe. Ce sont des gens qui s’y connaissent. Vous les avez entendus parler de ce port. Je préfère que ceux  qui sont moins informés s’informent d’abord.

Autre grief soulevé par des observateurs, c’est les infrastructures routières. Pour desservir un Port comme Kribi, il faut des routes adéquates. Mais ce n’est pas encore le  cas. Pensez-vous que ce soit un facteur important pour l’opérationnalité du Port ?

On ne peut pas nous faire le reproche de n’avoir pas prévu une route. Au contraire, nous sommes allés plus loin. Nous avons déjà prévu l’autoroute. Bien sûr, j’aurai préféré qu’il y ait l’autoroute dès le départ. Mais peut-on me montrer l’autoroute qui va au Port de Douala ? Peut-on me montrer l’autoroute qui va à l’Aéroport international de Douala ou à l’Aéroport international de Nsimalen ? Pourquoi c’est seulement pour le Port de Kribi que ça devient un facteur rédhibitoire ? C’est-à-dire qu’on ne peut pas parler de Port parce qu’il n’y a pas d’autoroute. Le travail va se faire d’autant plus vite que le financement a été conclu ici. Sur ce plan-là il n’y a pas  de problème.

 

Ça fait quand même deux ans que les travaux sont achevés. Mais le site reste encore désert.  A quand l’accostage du premier navire ?

 

Le Comité de pilotage que j’ai l’honneur de présider a pour rôle de construire le Complexe  industrialo-portuaire, c’est-à-dire pas seulement le Port, mais également autre chose. Le port est fait, enfin, la première phase. Vous  savez, pour qu’un port soit opérationnel, il y a la Douane qui doit s’installer. Ce n’est pas de la compétence du Comité de pilotage. Il y a les transitaires, bref, il y a un certain nombre d’administrations qui doivent s’installer, et je  sais que l’autorité portuaire nationale s’en occupe. C’est tout ce que je peux vous dire.

 

D’après nos informations, des locaux conditionnent l’ouverture du Port à la liquidation de la question des indemnisations ? Bien plus, certains vous citent comme impliqué dans les malversations qui ont été observées, et qui conduisent des administrateurs  civils tout droit vers Nkondengui. Que répondez-vous à cela ?

 

Pour les indemnisations, ceux qui ont fait courir le bruit connaissent la réponse. Dans notre  pays, dans notre gouvernement, les indemnisations sont de la compétence de l’administration chargée des domaines. Elle lance ce qu’on appelle la Déclaration d’utilité publique pour dire : ce domaine est maintenant le domaine de l’Etat, elle identifie les ayant-droit, elle évalue les biens mis en cause, et prépare pour le compte du Chef de l’Etat le décret d’expropriation. Voilà comment les choses se passent. Il se trouve cependant que ce n’est pas le ministre lui-même. Généralement, le ministre crée un comité local, dirigé par les autorités administratives (Préfet, sous-préfet, Maires, chefs traditionnels, etc.). C’est ce qui se passe pour tous les projets.

Le comité de pilotage n’a  aucune compétence. Nous avons appris que certaines personnes ont été incarcérées. Et vous voyez que ce sont des gens qui sont surtout au niveau du terrain. Certains pour des raisons qu’on peut deviner. Mais ne nous attardons pas là-dessus, puisque ce sont des raisons vaines, parce qu’obscures. Certains ont cru devoir dire que comme c’est le Port de Kribi, il faut aller voir le Président du Comité.

J’ai appris qu’au barrage de la Mappé, il y a le même problème qui se pose. Je n’ai pas encore entendu dire que comme c’est l’électricité, est-ce que le ministre de l’Energie et de l’eau n’est pas également concerné ? Il n’a pas à être concerné. Qui a fait l’évaluation, quels sont les bénéficiaires que vous avez identifié, sont-ils de vrais ou de faux bénéficiaires, avez-vous surévalué ou non les biens, etc. Donc je suis heureux que vous soyez venus pour nous aider à expliquer tout cela.

Propos recueillis par Frégist Bertrand Tchouta

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