L’opuscule qui ne figure toujours pas dans les rayons des librairies locales jouit pourtant d’une très grande et surprenante notoriété. Même l’arrière-pays sollicite une traduction en langue locale…

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Charles Ateba Eyene n’a pas seulement frappé là où ça fait mal. L’auteur de « Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux – De véritables freins contre l’émergence en 2035 (la logique au cœur de la performance) » est aussi au centre de toutes les sollicitations dans la partie septentrionale. A Ngaoundéré où seuls quelques hommes de médias et autorités administratives ont pu s’offrir l’opuscule à l’occasion d’un voyage à Yaoundé, la demande se montre de plus en plus débordante. « Ça fait un mois jour pour jour qu’au moins 15 lecteurs viennent me demander si le livre d’Ateba Eyéné est déjà disponible. J’en ai parlé à mon patron il a promis de faire tout pour entamer les ventes », déclare le gérant d’une librairie populaire à Ngaoundéré. Un autre au centre commercial affirme, « j’ai déjà pris les commandes de 56 clients, nous allons prendre attache avec l’auteur pour qu’il nous envoie ces livres. Autrement je ferai moi-même le déplacement de Yaoundé pour m’en procurer. Là-bas au moins on me dit que c’est facile d’en trouver ».

A l’Université de Ngaoundéré où le dernier « tabac » d’Ateba Eyene a reçu un écho favorable de la part des étudiants, il s’est déjà tenu une première réunion du « club des amis de Charles Ateba Eyene ». Le leader d’opinion de ce mouvement récemment sorti des fonds baptismaux a confié qu’ « une motion de soutien à l’auteur (Ateba Eyene, Ndlr) est en cours de rédaction. Nous comptons l’adresser aux autorités compétentes et aux hommes de la presse pour une large publication ».

Pour sa part, un homme en tenue en service dans une brigade de gendarmerie de l’Adamaoua confesse, « ce livre vient afin nous ouvrir les yeux. Nous avons tous été à un moment donné mis à l’écart parce que nous avons décidé de tourner le dos à ses pratiques sectaires. Je souhaite que ce vaillant Camerounais vienne au Nord pour parler à ces gens en face ». A Meiganga, Tignère, Banyo, Belel, Ngaoundal, Tibati, Mbé, Gamba, Tcholliré, Ngaounyanga, Ngan-ha, Kousséri, Mogode, Fotokal, Boula Ibi…des jeunes ont déjà fait part de leur sollicitation à l’auteur.


Version peuhle

Ainsi que l’a réitéré un chef traditionnel dans l’Adamaoua joint au téléphone par Le Messager, « Nous allons exiger par tous les moyens à Ateba Eyene une traduction de ce livre très important en langue fulfulde. Même les chefferies traditionnelles aujourd’hui dans l’Adamaoua ne sont pas épargnées par les sectes et les pratiques magico-anales. Nous allons avec la grâce de Dieu combattre cette abomination », a-t-il promis. Contacté, l’auteur de « Le Cameroun sous la dictature des loges… », dit être sensible à toutes ces sollicitations à n’en plus finir. « Je vais venir à Ngaoundéré pour dédicacer mon livre. J’irai également le dédicacer ailleurs dans le Grand Nord. C’est une Région qui vit également la dictature des loges et des sectes. Vous n’avez qu’à compter le nombre des églises qui se créent de ce côté(…) Or j’ai un décret qui mentionne que seulement une quarantaine d’églises sont reconnues au Cameroun », dénonce Ateba Eyene. L’on estime à des centaines d’exemplaires le nombre de livres vendus par l’écrivain depuis septembre 2012 à Yaoundé. Autodidacte et universitaire (il vient d’être recruté à l’Université de Yaoundé II pour enseigner à l’Iric), Ateba Eyene est titulaire d’un Doctorat /Ph D en communication politique. Il a par ailleurs déjà publié une vingtaine d’autres ouvrages aussi « teigneux » que l’actuel best-seller. Il est membre suppléant désigné du comité central du Rdpc, coordonateur national du club éthique du Cameroun et citoyen d’honneur de Louisville dans l’Etat du Kentucky aux Etats-Unis.

Salomon KANKILI


Bonnes feuilles


«Les communes du septentrion et l’opération Sahel Vert: des mafias en puissance»

« Au plan géographique et climatique, la partie septentrionale du pays a des problèmes spécifiques comparativement aux autres. Les populations ici sont plus exposées aux problèmes de sécheresse et de famine du fait de la rareté des pluies. Malheureusement, ce qui se fait dans le cadre de la coopération décentralisée et dans l’opération Sahel Vert ne profite qu’aux mafias».


-Le cas des communes

Le 24 septembre 2011, la Dynamique Citoyenne, une association de la société civile qui regroupe plusieurs autres associations a effectué une enquête en marge du séminaire organisé sur la coopération décentralisée. Le séminaire et l’enquête se sont déroulés dans la région de l’Extrême-Nord. Au niveau des résultats, la présidente du mouvement, Mme Andela nous a confié que personne ne contrôle rien de la gestion des communes dans cette partie du territoire. La difficulté provient du fait que presque toutes les communes dans la région ont des conventions avec l’Arabie Saoudite. Les termes desdites conventions échappent à tout contrôle et par le fait engraissent les élus au détriment des pauvres populations. Elle nous a avoué avoir été incompétente à cerner les contours de la mafia établie à ce niveau.


-Le cas de l’opération Sahel Vert

Il s’agit d’un véritable gouffre à sous qui ne profite qu’aux mafias et non à la lutte contre la désertification de la région. Notre source, Mme Andela de la Dynamique Citoyenne, nous a confié avoir, une fois obtenu du gouvernement l’autorisation de faires des enquêtes sur la question. Par la suite, le délégué s’est montré hostile à la démarche. Mme Andela que l’on sait très tenace a rencontré le ministre des Forêts qui, à son tour l’a orientée chez le directeur qui l’a reçue. Ce dernier lui a fait savoir que dans ce domaine, tout se fait dans du fictif. Or chaque année, un budget est voté pour l’opération Sahel Vert. Le projet est très vital pour cette partie du pays où se pratique l’essentielle de l’élevage. Malheureusement, chaque année, le désert avance et les populations vivent dans le drame de ses effets. Entre temps, l’argent de l’Etat débloqué pour faire face à l’avancée du désert dans la région septentrionale enrichit les privés. Tout le monde sait que c’est comme cela que ça se passe, mais rien n’est fait pour briser la spirale. Des autorités administratives aux chefs traditionnels en passant par les autorités judiciaires, chacun y trouve son compte. Un tel conflit d’intérêts obscurs ne permet pas de rendre justice.


-Abakar Ahamat et les fonctionnaires fictifs de Bamenda

Bamenda est le chef-lieu de la région du Nord-Ouest et il s’y passe des choses dans l’administration publique. La révélation fut faite par le gouverneur de la région d’alors, Abakar Ahamat, administrateur civil principal de classe hors échelle, aujourd’hui en poste dans la région de l’Adamaoua. Dans son unité de commandement, le gouverneur après enquêtes, s’est rendu compte que pas moins de 137 enseignants ont abandonné leurs postes depuis 2010, 2011 et sont à l’étranger (Usa, Canada…), mais touchent l’intégralité de leur salaire. Le ministre compétent a été saisi et les mis en cause ont été sanctionnés. Comme il fallait s’y attendre, le gouverneur a bien été vilipendé, car on ne s’attaque pas à la mafia sans laisser quelques plumes. Si et seulement si d’autres gouverneurs, préfets et sous-préfets pouvaient suivre ce bel exemple ».

Pp. 292-294 

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