Elecam. Listes électorales au Cameroun: "la campagne médiatique suscite un engouement populaire" (REPORTAGE)

Xinhua Vendredi le 08 Février 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
YAOUNDE -- Elections Cameroon (Elecam), organe chargé de l'organisation des élections dans ce pays de l'Afrique centrale, et de nombreux autres acteurs multiplient des initiatives pour inscrire le plus grand nombre d'électeurs, en vue de la tenue des élections législatives et municipales.

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Yaoundé, samedi 2 février. Il est 14 h 40 mn. Au quartier Ngousso, sous une tente au bord de la route la plus passante, deux jeunes femmes faisant partie du poste itinérant d'inscription de l'antenne communale d'Elecam de Yaoundé V sont assises chacune devant un kit électoral.

Elles photographient, puis prennent les empreintes et enfin enregistrent la filiation d'un garçon et d'une policière qui leur font face. A peine trois minutes plus tard, ils récupèrent leurs récépissés et cèdent la place à deux hommes arrivés avant tous les nombreux autres qui attendent.

Mathieu Ndjomo, entrepreneur, après rectification d'une erreur constatée sur son récépissé, lance en toute convivialité à l'une des opératrices: "Quand est-ce que nous aurons les cartes d' électeur ?".

Celle-ci, sur le même ton, lui rétorque, tout en continuant les enregistrements: "Le moment venu, nous effectuerons des descentes sur le terrain pour la distribution. Les cartes non retirées seront déposées dans les chefferies ou dans le bureau de vote le jour du scrutin".

Contrairement à beaucoup d'autres, Mathieu Ndjomo est conscient de l'acte qu'il vient d'accomplir : "L'inscription est une marque de citoyenneté, comme posséder sa carte nationale d'identité. Le citoyen que je suis doit choisir les hommes qui vont nous gouverner".

La motivation de Emmanuel Daouda, conducteur de mototaxi, est tout autre : "Comme je transporte les gens à longueur de journée, un jour je passais et j'ai vu un attroupement. On m'a expliqué que les gens s'inscrivaient sur les listes électorales et je l'ai aussi fait".

Aujourd'hui, il ne fait donc qu'accompagner son frère Joseph Giniki qui, du fait de son travail, n'est pas parvenu jusqu'ici à trouver du temps en semaine pour s'inscrire. Et beaucoup, malgré leur bonne volonté, éprouvent la même difficulté à s'inscrire.

LES GENS EPROUVES DU MAL A S'INSCRIRE

Le cas de Gadji : "C'est depuis un mois que j'essaie de m'inscrire dans mon quartier à Mimboman, mais chaque fois après mon travail je trouve que Elecam a déjà fermé". Aujourd'hui encore, il n'a pas plus de chance. "Si vous vous inscrivez ici, vous serez obligé de ne pas voter dans votre quartier. Or, le souci d'Elecam est de rapprocher l'électeur de son bureau de vote", lui explique-t-on.

Pendant que certains tiennent à leur carte de vote, Hilaire Chatué, malgré l'insistance de son ami, ne trouve aucun intérêt à s'inscrire : "Mon père n'a jamais voté, alors pourquoi moi je le ferais". Un passant, qui pense que "s'inscrire, c'est déjà voter. Car les jeux sont fait à l'avance", contribue à conforter sa conviction.

La réticence de quelques-uns n'occulte pas pour autant l'engouement populaire. En témoigne l'affluence observée dans ce poste itinérant depuis bientôt trois heures. D'ailleurs, avertit l'une des deux agents d'Elecam : "La fatigue se fait déjà sentir. Dans 30 mn, je ne serai plus à même de bien lire".

Si bien qu'à la fermeture du poste à 17h 44 mn, soit 45 mn après l'heure réglementaire, quelques potentiels électeurs qui continuent de faire le pied de grue sont invités à se faire inscrire non loin de là le lendemain.

Même si le bureau n'a ouvert qu'à midi à cause d'un incident survenu dans la matinée avec une tenancière d'un secrétariat bureautique situé tout juste derrière, au moment du décompte les deux kits ont enregistré 130 personnes, dépassant ainsi le quota journalier par kit fixé à 50.

"Aujourd'hui il y a eu moins d'affluence par rapport aux autres jours. Mais si l'on compare avec les performances réalisées au début de l'opération en octobre 2012, c'est clair qu'on note un regain d'engouement des populations", relève l'une des deux opératrices.

LA CAMPAGNE PUBLICITAIRE BOOSTE LES INSCRIPTIONS

"Cet engouement est récent, parce que les préoccupations des gens résident ailleurs. Il peut se justifier davantage par le matraquage médiatique fait depuis quelques semaines autour de l'opération d'inscription sur les listes électorales", croit savoir Ateba Ambassa, professeur des lycées d'enseignement technique venu aussi s'inscrire.

En effet, ces derniers temps, affiches, spots télé et radio, émissions dans les radios et les télés, courts métrages, banderoles barrant les rues et autres bandeaux dans les journaux inondent les Camerounais, qui leur rappellent les vertus de l'inscription sur les listes électorales.

"Cette campagne n'est pas seulement l'œuvre d'Elecam, mais aussi des partis politiques qui ont besoin des voix des électeurs, de l'administration publique à travers le ministère de l'Administration territoriale et de la décentralisation et des organisations de la société civile qui bénéficient de l'appui de l'Union européenne", explique la cellule de communication d'Elecam à Xinhua.

Et cette mobilisation produit déjà des résultats. Lors du lancement en octobre 2012 de la refonte biométrique des listes électorales, seuls 279 159 électeurs ont été inscrits contre 1 204 052 en janvier 2013. D'après les chiffres fournis à Xinhua par Elecam, sur 7 008 704 électeurs potentiels à inscrire, au 2 février 3 622 760 ont déjà été enregistrés.

Seulement, le regain d'intérêt des Camerounais pour les inscriptions varie d'une antenne communale parmi les 360 répertoriées à travers le Cameroun à une autre. Par exemple, mercredi 28 janvier pendant presque toute la journée, les agents du poste mobile de l'antenne communale de Yaoundé 1er ou de Yaoundé VI se tournent les pouces, faute de personnes à inscrire.

"Le plus important réside dans le fait que le système biométrique garantit la transparence et la fiabilité du fichier électoral", a confié Fonkam Samuel Azu'u, président du Conseil électoral d'Elecam à Cameroon tribune, le quotidien gouvernemental.



Dominique MBASSI 

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Lire aussi : Maurice Kamto accuse ELECAM d'entretenir la fraude pré-electorale au Cameroun

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