Afghanistan. Les talibans, rois d'Afghanistan

Armin Arefi | Le Point Mardi le 17 Avril 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La plus grosse attaque perpétrée par les islamistes depuis l'invasion américaine ne fait que confirmer leur emprise sur le pays. En menant plusieurs attaques simultanées à Kaboul, les talibans montrent qu'ils sont les maîtres de la capitale afghane.

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Plus de 10 ans après leur invasion de l'Afghanistan, les États-Unis n'y sont toujours pas maîtres. Alors qu'elles se préparent à quitter le pays en 2014, les forces armées de l'Otan ont subi dimanche un cuisant échec. Le centre de Kaboul a été le théâtre de trois attaques suicides simultanées, les plus importantes depuis 2001, visant le Parlement, un vice-président, la force internationale de l'Otan (Isaf) et des ambassades occidentales. Au même moment, trois autres attaques ont été perpétrées contre des symboles de l'État dans trois autres villes afghanes. Au total, les forces afghanes ont essuyé un lourd tribut, avec onze victimes.

Après 17 heures de combats acharnés, elles sont parvenues à venir à bout des 36 assaillants, notamment grâce à l'appui d'hélicoptères américains. Mais le constat est là, et il a été rappelé sans équivoque par le président afghan Hamid Karzaï, qui a souligné lundi l'"échec" des services de renseignements et en particulier de l'Otan, qui n'ont pas réussi à prévenir les attaques. "Loin d'être affaiblis, les talibans prouvent qu'ils sont capables de mener des attaques où ils l'entendent", note le spécialiste de l'Afghanistan Karim Pakzad*. Et le chercheur de rappeler qu'"avec de multiples barrages militaires à franchir, Kaboul demeure l'une des villes les plus protégées au monde".


Dernière offensive US

Estimés à 25 000, les talibans s'étaient faits relativement calmes ces derniers mois, notamment en raison de la rudesse de l'hiver. Cette accalmie de façade avait d'ailleurs amené le 20 mars dernier le général américain John Allen, commandant en chef de l'Otan en Afghanistan, à se targuer d'avoir "sérieusement affaibli la capacité des talibans de lancer une offensive de printemps majeure par eux-mêmes". Le réveil n'aura pas tardé. Conscient du dégât subi au niveau de l'image, les États-Unis ont laissé entendre qu'ils pourraient lancer au cours des premières semaines une offensive de masse, sans doute la dernière avant le départ fin 2014 de ses 100 000 soldats, dont 33 000 doivent déjà quitter le pays à la fin septembre. Selon Associated Press, l'accent sera mis sur les principales voies d'accès, routes et autoroutes menant à Kaboul depuis le sud du désert jusqu'à la montagne, à l'est.

"On assiste à ce genre de déclarations depuis 2007", rappelle Karim Pakzad. "La vérité est que les talibans peuvent tranquillement pénétrer à l'intérieur de Kaboul. Ils ont infiltré les forces de l'ordre et même l'administration afghane." Dans les chancelleries occidentales, la défaite ne fait aucun doute. Dès lors, la seule solution pour sortir avec les honneurs reste de négocier avec les islamistes. Symbole de leur irrésistible montée en puissance, des émissaires talibans ont rencontré le 29 janvier des responsables américains, officiellement pour des "discussions préalables à des négociations de paix".


Volte-face talibane


Mais le dialogue a été suspendu, après que le Congrès américain a refusé de céder à la principale exigence des talibans, à savoir la libération de leurs chefs détenus sur la base de Guantánamo. Pourtant, conscient des enjeux, Barack Obama ne s'y opposait plus. "Les attaques coordonnées de dimanche ont permis aux talibans de marquer un coup politique", estime Karim Pakzad. "En marquant leur pouvoir sur le terrain, ils souhaitent montrer que ce sont eux les vrais acteurs à Kaboul, pas le régime afghan, et ainsi mieux négocier avec les Américains." De fins politiciens, ces talibans ? Déjà, en février dernier, les islamistes avaient su profiter de l'énorme vague de colère qui avait traversé la population afghane lors de l'incinération d'exemplaires du Coran dans la plus grande base américaine du pays.

Les talibans n'avaient alors pas hésité à appeler le peuple à "capturer, battre et tuer les soldats étrangers en Afghanistan". Lundi, le Pentagone a attribué la série d'attentats au réseau Haqqani, l'aile radicale des talibans. Ironie du sort, cette organisation proche d'al-Qaida tient son nom de Jalaluddin Haqqani, ancien héros de la guerre contre l'Union soviétique, qui a combattu dans les années 1980 en Afghanistan avec le soutien actif des États-Unis et de l'Arabie saoudite.




* Karim Pakzad, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste de l'Afghanistan, de l'Iran et de l'Irak.

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