Cameroun - Musique. Les 83 ans de Paul Biya et la libido du rappeur One Love

Damien Glez | Jeune Afrique Jeudi le 25 Février 2016 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Alors qu’il vient de célébrer son 83e anniversaire, le président camerounais voit poindre des appels à une candidature anticipée, mais aussi des invitations à « dégager ». Le rappeur One Love met les pieds dans le plat présidentiel…

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Merci, Robert Mugabe. « Merci » de la part de Paul Biya. En célébrant son 92e anniversaire, dimanche dernier, le président du Zimbabwe faisait passer l’octogénaire camerounais pour un bambin. Le 13 février, en effet, ce n’est que la 83e célébration de sa naissance qu’organisait le président du Cameroun.

Cerise sur le gâteau d’anniversaire, et alors qu’il se voit reprocher sa longévité au pouvoir – 34 ans de présidence -, le Camerounais a beau jeu de dire que le Zimbabwéen était sur son trône depuis deux ans, lorsque lui succédait à Ahmadou Ahidjo…

Avant que le vieux « Bob » ne fasse diversion, l’anniversaire 2016 de Paul Biya restait en travers de la gorge de nombre de ses compatriotes, de Yaoundé à Douala. Et c’est curieusement moins un calcul calendaire qu’une photographie qui suscitait le buzz. Diffusé sur Internet par le service de la communication de la présidence de la République, le cliché représente le président en train d’attaquer un gigantesque gâteau rouge et or, surplombé d’un énorme « 83 » immaculé.

    J'ai fêté le 13 février 2016 mon 83ème Anniversaire. Voici quelques photos: https://t.co/jbJY3stBq0 pic.twitter.com/2Xjs1vbdcG

    — President Paul Biya (@PR_Paul_Biya) February 15, 2016


Si la tenue fuchsia et la sobre coloration capillaire de Chantal Biya n’attirent que peu l’œil, c’est cette fois l’allure de son mari qui éveille des commentaires ravagés ou satiriques. Si le cou « peau de poulet » est dissimulé par une écharpe sombre et si la calvitie est pudiquement cachée sous un chapeau de couleur crème, « Popaul », vêtu d’une gandoura, apparaît sans replâtrage cosmétique. Les Camerounais découvriraient-ils soudain que leur chef d’État a les rides d’un octogénaire ? C’est qu’ils ont rarement l’habitude de le voir, lui qui est tellement absent de la gestion politique au quotidien…

    En réalisant que l’homme est vieux, les ressortissants du Cameroun se rappellent que son séjour au pouvoir est long

En réalisant que l’homme est vieux, les ressortissants du Cameroun se rappellent que son séjour au pouvoir est long. Un internaute qui se dit étudiant livre le résultat de ses calculs arithmétiques : « 83 ans de vie dont 34 au pouvoir ! ». Une plus jeune épouse et un plus vieux homologue ne suffisent pas à éluder cette question de l’ancienneté sur le trône.



Et comme le débat se fera plus prégnant à l’approche des scrutins, certains responsables du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (RDPC), entendent devancer l’iguane dans l’eau en suggérant une élection présidentielle anticipée. Merci, cette fois, Denis Sassou Nguesso pour la pirouette stratégique…

Mais il faut davantage qu’une pirouette stratégique pour clouer le bec à un rappeur africain engagé, comme l’ont montré le Tunisien El General, l’Algérien Lotfi Double kanon ou encore le Burkinabè Smockey. Au Cameroun, c’est l’artiste Steve Roland Etogo Akpe, alias One Love, qui égratigne le sommet de l’État, dans le nouvel extrait de son album « David et Goliath ». Le refrain de « Président dégage ! » est sans ambiguïté : « Tu es vieux, tu as pris de l’âge / On veut déjà tourner ta page / Prends ta retraite rentre au village ».

    Merci qui ? Merci, papa Biya…



La stratégie virale de la promotion de ce « clash » politico-musical est bien huilée : sur YouTube, une première vidéo sobre présente le rappeur en tee-shirt aux couleurs nationales et promet un « vidéogramme officiel » à la 100 000e vues. Rien de tel qu’un buzz à score de clics pour donner à un titre engagé des allures de pétition.

Egotrip oblige, l’artiste inscrit son combat de martyr annoncé dans son quotidien sentimental. Dans les couplets, il évoque les désirs charnels de sa « petite amie » qui souhaite concevoir rapidement celui qui remplacera son amoureux, lequel pourrait ne pas être là à l’accouchement, menacé qu’il est par un « emprisonnement » ou un « enterrement ». Même si les caresses décrites n’empêchent pas l’artiste préoccupé de reconnaître qu’il récite inlassablement son refrain pendant les câlins, il n’empêche que sa libido est relancée. Merci qui ? Merci, papa Biya…
 

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