Lutte contre Boko Haram. Le chef de Boko Haram défie la sous-région

Jean-Louis LE TOUZET | Libération Jeudi le 22 Janvier 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans une vidéo revendiquant l’attaque sanglante contre la ville nigériane de Baga, début janvier, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a menacé de représailles les présidents du Tchad, du Cameroun et du Niger.

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A l’adresse du Tchadien Idriss Déby, qui a engagé la semaine dernière ses troupes au Cameroun voisin contre les islamistes, il lance : «Idriss Déby et les rois d’Afrique, je vous défie de m’attaquer maintenant. Je suis prêt.» Il accuse aussi le président camerounais, Paul Biya - qui a félicité mercredi ses forces spéciales d’avoir libéré l’otage allemand Nitsch Eberhard Robert, détenu depuis juillet par la secte - d’avoir «peur» et de «demander de l’aide» face à la multiplication des raids meurtriers de Boko Haram dans l’extrême nord du Cameroun, frontalier des bastions islamistes. «Président du Niger, tu vas voir ! dit-il aussi à l’adresse de Mahamadou Issoufou. Tu fais partie de ceux qui sont allés voir Hollande, le petit-fils de Charlie Hebdo.»

Le Niger a connu le week-end dernier de violentes émeutes contre la publication à la une de Charlie Hebdo d’une caricature de Mahomet. Ces manifestations ont fait dix morts et provoqué la destruction d’une vingtaine de lieux cultes chrétiens, à Zinder et à Niamey notamment. Pour le moment, Boko Haram n’a pas encore attaqué le Niger mais, selon des sources sécuritaires, la secte contrôlerait des poches le long de la frontière. Ce qui inquiète fortement Niamey, ce sont les 100 000 réfugiés nigérians dans la zone frontalière de Diffa. Selon des analystes, Boko Haram se servirait en effet déjà de ces territoires pour recruter des combattants et surtout se fournir en armes et ravitaillement.

YouTube. Cette diatribe de Shekau est tombée au moment où treize pays africains discutaient dans la capitale du Niger des moyens d’unir leurs forces contre le groupe islamiste. «Nous avons tué le peuple de Baga. Nous les avons tués comme notre Dieu nous a demandé de le faire dans Son Livre», déclare par ailleurs le leader de Boko Haram dans une vidéo de trente-cinq minutes publiée sur YouTube.

Dans un entretien donné à Libération la semaine dernière, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria, éclairait la situation de mise au défi des pays de la sous-région : «Plus on internationalise la réponse, plus on internationalise Boko Haram qui, contrairement aux shebab somaliens par exemple, n’a pas de liens opérationnels avérés avec Al-Qaeda. Mais à force d’internationaliser la réponse, comme on le voit aujourd’hui, on va peut-être voir apparaître ces fameux liens qui n’existaient pas.»

Lac Tchad. Une coopération militaire avait été actée fin 2014 entre les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad). Mais la force régionale, composée de 700 militaires issus des quatre pays ainsi que du Bénin, voisin du Nigeria, peine à se matérialiser alors qu’une énième tentative d’action coordonnée pour bloquer la fulgurante avancée du groupe Boko Haram se déroulait ces jours-ci à Niamey.
 

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