Cameroun - Nigéria. Le camouflet de Buhari aux opposants camerounais

Marie R. Eloundou | Essingan Samedi le 11 Avril 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Mohamadou Buhari a donc gagné l’élection présidentielle au Nigéria, battant le président sortant Goodluck Jonathan. Une victoire étonnante en Afrique où il n’est jamais aisé de déboulonner le tenant du titre.

ADS

 

 

 

Les possibilités de procéder à des tripatouillages sont énormes pour permettre au sortant de se maintenir. Jonathan n’a pas voulu se livrer à ce petit jeu auquel sont familiers nombre de dirigeants africains. Il a tout de suite reconnu sa défaite et l’incontestable victoire de son adversaire qui caracolait en tête avec 8 % d’écart, presque 2 millions et demi de voix d’avance. Au moins autant que son rival, M. Buhari donne la leçon aux opposants africains. D’abord il a réussi à fédérer bon nombre de partis sur son nom.

 

Certes il y avait encore de nombreux autres candidats, mais la plupart des poids lourds de l’opposition se sont ralliés à sa candidature. Cela témoigne d’une habileté manoeuvrière qu’on ne suspectait pas chez l’ancien général. Il a même réussi des coups fumants comme le débauchage de l’ancien président Obasanjo, ex-poids lourd du camp Jonathan. Cela a déstabilisé le président sortant qui a vu commencer sa descente aux enfers. Voici donc une élection qui doit parler aux opposants camerounais. A trois ans de la présidentielle, personne ne semble s’intéresser à une éventuelle stratégie unitaire. Chacun ne rêve que d’être Calife à la place du Calife. Le moment venu, tous vont se ruer vers Etoudi, pour tenter de s’y installer.

 

Le multipartisme est de retour dans notre pays depuis 25 ans, pas un jour que l’opposition camerounaise ait présenté au Camerounais une stratégie unitaire, avec un programme pouvant servir d’alternative à celui du parti au pouvoir, le Rdpc. On se contente de crier à en perdre haleine « Biya doit partir !» Buhari lui a construit un programme axé sur deux points principaux : la lutte contre la corruption et la lutte contre Boko Haram. En le faisant, il savait qu’il mettait le doigt dans la plaie, indexant deux des plus grandes faiblesses de son adversaire. Durant toute sa présidence, il s’est montré pusillanime avec les terroristes de Boko Haram et la corruption a avancé à pas de géant. Il y avait donc un choix proposé aux Nigérians : changer de politique ou continuer. Ils ont clairement choisi de changer. Que propose en réalité l’opposition chez nous ?

 

 

 Changer simplement de président en place. La plupart des opposants ont d’ailleurs un jour ou l’autre flirté avec le pouvoir. Les Bello Bouba Maigari, Issa Tchiroma et tant d’autres font partie de la «majorité présidentielle» depuis si longtemps qu’on oublie qu’ils ont des partis politiques. Et ceux qui sont hors de ce cercle ne rêvent que d’y entrer. Ils sont à l’affût du moindre signe venant d’Etoudi et ils sont prêts à « tuer père et mère » pour quelques CFA. Voilà donc notre opposition qui veut tout, tout de suite. Elle est pressée de s’installer à Etoudi parce que «Biya et le Rdpc ont déjà trop bouffé ». Est-ce vraiment un programme de gouvernement ? Ces opposants veulent semer aujourd’hui et récolter le même jour là où Buhari a eu besoin de quatre tentatives avant de savourer enfin la victoire. Ce n’est pas un blanc bec sorti de nulle part. Il a déjà occupé le poste de président de la République, certes après un coup d’Etat.

La plupart de nos opposants apparaissent plutôt comme de simples chercheurs d’emplois, rêvant d’aller à Etoudi pour y être logés aux frais du peuple qu’ils disent vouloir servir. Pendant ce temps, le Rdpc laboure le terrain. A part accoucher des motions de soutien à la gloire de son président national, ou célébrer ses anniversaires, il en est au 30ème, ce parti se montre actif. Ses grosses pointures multiplient les actions sur le terrain comme des remises de dons, des constructions d’infrastructures sociales. On a beau moquer quelque peu l’opération de placement des cartes du parti entreprise récemment, elle permet tout au moins de faire parler le parti. Toutes ces actions peuvent payer dans l’urne un jour ou l’autre.

 

Le couplet « victoire volée » nous apparaît bien rayé. Une victoire se projette, se prépare, se construit. Elle ne s’obtient pas par un coup de baguette magique ni dans un paquet surprise. 2018 c’est déjà demain !

 

 

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS