Cameroun - Politique. Le boulet des véhicules administratifs

BADJANG ba NKEN | Cameroon Tribune Jeudi le 07 Mai 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans sa communication spéciale lors du conseil ministériel tenu le 9 décembre 2014 au palais de l’Unité, le président de la République, Paul Biya, a demandé au gouvernement « de réduire son train de vie en bloquant les dépenses des biens et services, et en réduisant drastiquement les frais de missions, les achats de véhicules et de carburant ».

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Cette directive découlait d’un constat fait par le chef de l’Etat lui-même. A savoir, « une accumulation de dépenses dont la nécessité n’est pas évidente ».

 

L’interpellation forte du président de la République visait à amener le gouvernement à des efforts de modération et de rationalisation en vue d’améliorer la qualité de la dépense publique, unique gage de réussite du plan d’urgence triennal qu’il avait validé ce même jour. Pour accélérer le rythme de la croissance économique nationale et améliorer les conditions de vie des populations. Près de cinq mois après l’instruction présidentielle, il apparaît clairement que les véhicules administratifs demeurent un boulet dans le train de vie de l’Etat. En témoignent des sources concordantes dans diverses administrations publiques et les nombreux appels d’offres pour achat de véhicules publiés régulièrement dans nos colonnes. En dépit du contexte national marqué par la mobilisation des ressources pour soutenir les forces de défense engagées depuis près d’un an dans la guerre contre Boko Haram et d’un contexte international caractérisé par la chute des cours du pétrole et la rareté des ressources financières.

 

Les fameux « CA » budgétivores dont les usages souvent fantaisistes font fi des conditions d’acquisition et d’utilisation édictées par une Kyrielle de textes réglementaires voulus restrictifs écument les routes et rues de nos villes et villages à des heures parfois indues. Alors que le décret du 10 juillet 1987, modifiant celui du 1er août 1974 portant réglementation des véhicules administratifs dispose en son article 1er que « les véhicules appartenant à l’Etat ne peuvent être utilisés que dans l’intérêt du service public » et qu’en conséquence « aucun fonctionnaire ou agent de l’Etat ne peut disposer à titre personnel ou permanent d’un véhicule administratif(…) », sauf dérogation spéciale, on observe au quotidien que de nombreux « CA » servent à des usages privés.

 

 

 C’est ainsi qu’on les retrouve dans le transport des élèves, les courses familiales, le ravitaillement des chantiers en ciment, carreaux, pots de peinture et autres matériaux de construction. Pour se rendre à un mariage, aux obsèques, voire à une réunion politique même hors de son périmètre de fonction, le véhicule administratif est généralement utilisé par des agents publics au mépris de la réglementation qui dispose que « l’utilisation du matériel roulant de l’Etat est subordonnée à l’obtention de certaines pièces dont : une autorisation de circuler, délivrée par les services compétents du ministère en charge des domaines et des affaires foncières ; un ordre de mission signé du supérieur hiérarchique du chauffeur pour la circulation en dehors de la zone de service normal ; un carnet de bord pour le suivi du mouvement du véhicule ». La grande fréquence de l’usage des véhicules administratifs à des fins privées a généralement une incidence sur leur durée de vie. Au point qu’il n’est pas rare de voir des véhicules neufs reformés moins de 24 mois après leur mise en circulation.

L’autre problème qui fait des véhicules « CA » un boulet pour le budget de l’Etat, c’est le non-respect de l’instruction rappelée dans la circulaire du ministre des Finances relative à l’exécution du budget 2015, selon laquelle « l’acquisition des nouveaux véhicules dans les administrations de l’Etat reste et demeure suspendue, sauf instruction du Premier ministre. Le même sort est réservé au décret du 18 octobre 2001, fixant les modalités d’acquisition des véhicules administratifs, de leur classification et de leur affectation. Nombreux sont les directeurs de l’administration centrale, à qui les textes en vigueur attribuent des véhicules de 10 CV au plus, qui roulent dans ceux de 12 CV et plus réservés aux ministres et secrétaires d’Etat.

 

Pourquoi la réglementation connue des principaux concernés est-elle foulée au pied ? A-t-on peur de sanctionner les fautifs ? A qui profite le flou entretenu dans l’acquisition, l’attribution et l’utilisation des véhicules administratifs ? N’existe-t-il pas localement de bons exemples à suivre ? Un sursaut patriotique n’est-il pas possible pour inverser la tendance actuelle ? Le regard de « Cameroon Tribune Analyses » sur ce phénomène dans les pages qui suivent.

 

 

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