Cameroun - Education. Le « Camfranglais » dans la cour de récréation

Le Messager Mercredi le 29 Février 2012 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’est la « langue » dans laquelle les élèves s’expriment le plus dans les établissements, à côté bien sûr du français et de l’anglais.

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Mais alors très très loin de leurs langues maternelles.Nous sommes dans la cour de récréation d’un établissement scolaire de Douala lundi, 20 février 2012, veille de la célébration de la journée mondiale de la langue maternelle. 12 h 30 minutes ! Les enfants ont pris leur pause. Un groupuscule formé de jeunes garçons échange. « Gars, tu as fais comment du way-là ? », « ask à Yannick », répond l’un d’eux. Appelant le camarade en question, il dit « Yannick, kem un peu, on veut clarifier un way-là ». Chez les filles, c’est le même scénario, « ma co’o, je vais go à la messe des cendres mercredi, donc il faut me send les docs là demain ». « Pas de blem », rassure son interlocutrice.

Interrogés, ces éléves affirment pour la plupart ne pas connaître leurs langues maternelles. C’est le cas de Tchienebou, élève en classe de 2nde : « je ne vis qu’avec ma mère et elle ne me parle que le français. Je sais quand même que je suis Fotouni ». Son camarade Embolo a la chance de vivre avec ses deux parents mais ne fait pas mieux. Sa situation est plutôt compliquée « ma mère est bassa’a et papa béti. Aucun des deux ne me parle sa langue alors que je pense que c’est important pour moi ». Kuiya Lajoie Serges, élève en classe de 1ère est aussi issu d’un mariage mixte. Mais grâce aux astuces de sa maman, il s’exprime en une des langues ; « Mon père est originaire du Nde et ma mère de Bandjoun. Je comprends bien la langue de maman parce qu’à la maison, il faut parler en langue pour espérer ce qu’on sollicite d’elle. Papa n’est pas très souvent avec nous, c’est pourquoi, je ne comprends pas sa langue ».

Pour des défenseurs de la langue maternelle, les parents sont les premiers responsables de cette acculturation. Marc Désiré Ndzougu en fait partie, « j’ai appris à parler l’ewondo parce que mes parents me le parlaient. Je ne comprends pas comment un parent peut avoir honte de parler sa langue à son enfant ! ». Ceux-ci estiment que les parents du 21ème siècle sont snobes, vantards, complexés et plus victimes de la mondialisation que leurs enfants. Ils en veulent pour preuve, leurs habitudes vestimentaires « quand une maman copie Beyoncé, c’est pour que son enfant s’habille comme Myriam Makéba ? Non ! ». Ils pointent également du doigt les plaisirs qu’ils offrent à leurs enfants. Les parents de leur côté, s’en défendent. Les enfants de Mme Fapong Blaise Nicole, originaire de la Menoua, comprennent difficilement sa langue. La cause, pour elle, c’est la mondialisation, « à la maison quand tu fais même un effort de leur parler le patois, dès qu’ils sortent, ils parlent français avec les voisins, leurs camarades, sur Internet, à la télévision. Nous par contre qui avons grandi au village, on pouvait parler notre langue et le français en classe, au quartier et à l’église ». Un avis que ne partage pas Mme Bella. L’éducation pour elle, commence par la famille. Il est donc important pour les parents d’emmener leurs enfants auprès des grands parents pour qu’ils se familiarisent avec leurs cultures. Chantal Eyamo le pense aussi d’autant plus que la langue maternelle facilite la compréhension à tous les niveaux et favorise la complicité entre frères et sœurs.


A.T. 

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