Cameroun - Sécurité. La tête du sous-préfet de Moloundou désormais mise à prix

Jean Claude Fogno | Emergence Samedi le 13 Juin 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des militaires ont promis en public d’abattre ou de décapiter le sous-préfet si à jamais ils étaient à nouveau inquiétés dans leurs sales manœuvres.

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Les jours de l’administrateur civil principal, Avom Dang seraient-ils comptés? Il faut sauver le soldat Avom qui paie ainsi le prix de ses exploits contre le pillage des ressources fauniques.

Le bras de fer qui l’oppose aux forces de sécurité, déterminées à rendre ingouvernable cette partie du territoire national, prend des proportions inquiétantes depuis quelques jours. Au cœur de ce drame, cet autre exploit du chef de terre de l’arrondissement de Moloundou, situé à 855 Km de Yaoundé.  En date du 26 mai dernier, une mission composée du sous-préfet de l’arrondissement de Moloundou, du commandant de la 132e Compagnie d’intervention motorisée (Cim), le conservateur du Parc national de Lobeke, le commandant de Brigade de gendarmerie de Moloundou, a réussi à récupérer 1 000 munitions de guerre, une arme à feu de type Kalachnikov Ak47 N°1449 et 53 pointes d’ivoire. Un acte de bravoure de trop selon ses détracteurs. Dans un énième cri de cœur «confidentiel », N° 03/R/B12.01/BADL du 27 mai dernier adressé au préfet du département de la Boumba et Ngoko, le chef de terre se dit convaincu qu’« avec cette grande opération, la haine, des manœuvres d’intoxication, le sabotage et la délation vont être relancés contre moi ».

D’après nos sources dans cette ville frontalière avec le Congo, c’est à la suite de plusieurs dénonciations sur une présence permanente de pointes d’ivoire dans la zone que la mission a été mise en branle. Quelques jours après la battue, le résultat de ce déploiement stratégique est satisfaisant. Les 53 pointes d’ivoire saisies représentent 27 têtes d’éléphants, un animal classé en catégorie A, c’est-à-dire totalement protégé puisqu’en voie de disparition. Quant aux 1000 minutions et à l’arme de guerre saisies au cours de cette opération, elles ont été confiées aux forces de maintien de l’ordre selon le procès-verbal établi en cette circonstance et dont nous avons reçu copie. De même, les pointes d’ivoire saisies ont été acheminées à la délégation départementale des Forêts et de la Faune de la Boumba-et-Ngoko. Cette mission repose sur les instructions de collaboration données par Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région de l’Est lors de sa tournée socio-économique et culturelle du 26 août 2014 à Moloundou.

Aux dernières nouvelles, 49 des 53 pointes d’ivoire ont disparu, sans trace. « Nous avons décidé de les conserver ici parce que chaque fois que nous les envoyons sous scellé au Tribunal militaire, elles disparaissent toujours. C’est dire que ce syndrome de gain à tout prix a infesté les agents des forêts et de la faune », regrette le sous-préfet qui continue de nourrir de sérieux soucis pour sa sécurité.

Avom Dang, un Écorché vif ?

Les faits d’armes de cet administrateur civil ne datent pas d’aujourd’hui et poussent les gens à se demander s’il veut se dresser en écorché vif ou en martyr au vu des rapports de force sur le terrain. Depuis son installation comme sous-préfet de Moloundou, le 08 mai 2013, cet ancien Premier Adjoint Préfectoral de Mbalmayo, au centre du pays, multiplie des prouesses. Pourtant, lors de son installation, le préfet de Yokadouma, Léonard Bello lui avait prescrit  ce 08 mai à la place des fêtes de Moloundou devant une foule impressionnante d’engager une lutte sans merci contre des armes de guerre et autres menaces à la paix au Cameroun. Ironie du sort, c’est  la même autorité qui l’avait pourtant bien sommé de face et ouvertement lors d’une réunion de sécurité au soir de son installation «d’abandonner la lutte contre le trafic des armes, de pointes d’ivoire et le grand braconnage car toutes les autorités y étaient impliquées ». De quoi penser que le chef de terre s’érige en défenseur des causes perdues.

Reste qu’en moins de deux ans, il a réussi à ébranler l’arsenal de guerre en  circulation dans les localités frontalières avec la RCA et le Congo Brazzaville, attribué à quelques  autorités camerounaises. En aout dernier, avec le concours de l’ancien commandant de la brigade territoriale de Moloundou, l’adjudant-chef Elah, le sous-préfet avait mis la main sur une série d’armes de guerre utilisées pour décimer les espèces animales en voie de disparition.
 
Dans une correspondance N°08/L/B12.01/SP du 11 novembre 2014 adressée au Secrétaire général de la Présidence de la République et au ministre délégué à la présidence chargé de la défense (Mindef) et dont nous avons pu avoir une copie à partir de nos sources au Mindef, Avom Dang, se disait  « déterminé, et au prix de ma vie, à dénoncer tous les dignitaires civils et militaires au centre de cet univers d’insécurité permanent en voie d’échapper au contrôle des autorités ». Sollicités aux fins de lutter contre la grande criminalité, la circulation des armes de guerre, le grand braconnage, le trafic des pointes d’ivoire et de peaux de panthères, ainsi que des espèces en voie de disparition au Cameroun, les militaires avec le concours des autorités administratives excellent plutôt à merveille dans la perversion et dans les couloirs de la criminalité rampante. «J’ai reçu de multiples plaintes et dénonciations des populations et de certains responsables des FMO  (Forces de maintien de l’ordre, Ndlr) qui appelaient à l’aide et à une action du Père de l’arrondissement que je suis face aux tortures, extorsions d’importantes sommes d’argent, arrestations sélectionnées et discriminatoires opérées par les hommes en tenue», mentionne la note qui résonne comme un cri de désespoir pour l’administrateur civil principal.

D’ailleurs, le 06 novembre 2014, le sous-préfet avait encore conduit une mission périlleuse avec comme résultat, la saisie de plusieurs armes de guerre et de munitions dont des kalachnikovs AK 47 Escamotable N°386 56 18 346 avec des minutions de guerre. Selon nos sources, une centaine de plaintes et dénonciations des populations et de certains responsables des forces de maintien de l’ordre a été répertoriée, appelant au secours et à une action salvatrice du sous-préfet face aux tortures, extorsions d’importantes sommes d‘argent évaluées à des dizaines millions de Fcfa. Les cas de 300 000 Fcfa arrachés à Badjeke Florian Zoe, et cet agriculteur qui a vendu son domaine à 1 million 500 mille  Fcfa dans la localité de Kika pour remettre à l’adjudant Mvemana du 132e CIM, avec la complicité de sa hiérarchie pour avoir la vie sauve,  sont bouleversants.

Culte d’impunité

Déjà le 09 août 2013,  ce brave diplômé de l’Ecole nationale d’Administration et de la Magistrature de Yaoundé, qui s’est particulièrement distingué par son ardeur au travail à l’Est, a fait tenir au Président de la République le rapport N°01/R/B12.01/SP relatif à la cession des armes de guerre avec 80 cartouches de guerre aux bandits de grands chemins par des éléments du Bataillon d’intervention Rapide (BIR) de Moloundou notamment le caporal Samuel Célestin Oulede, Mle T2009/10763 en service au 24e ULI/BIR/Yokadouma qui de concert avec certains de ses camarades prêtait son arme de service de genre GALIL ACE 23 N°040160022 avec 04 boîtes de chargeurs d’au moins 80 cartouches de guerre chacune de 5.56 mm à certains détenus dangereux de la prison de Moloundou pour «des braquages, braconnages à hautes intensités avec à la clé des centaines d’éléphants abattus ».


 Après son exploitation, il s’est avéré que ces militaires du Bir opéraient avec le concours des dizaines de personnes de moralité douteuse qui bénéficiaient du soutien de certaines autorités de la place.
Le cas de l’adjudant Paulin Mvemana  en service du 132e CIM et sa bande qui ont pendant longtemps semé la terreur avec la constitution d’une impressionnante équipe de terreur permanente avec entre autres des dangereux gangs de braconniers et de bandits de grands chemins ayant à la tête son propre fils, Angoula ainsi que son beau-fils, IYE Bienvenu, son bras séculier dans la distribution des armes de guerre pour la grande criminalité reste un cas d’école de l’incurie gouvernementale. Tout comme l’une de ses nombreuses concubines, Julienne Kebeke qui assurait la garde d’un impressionnant arsenal de guerre et qui n’a pas jusqu’ici été inquiétée. Aussi bouleversant que cela puisse paraitre,  son beau-fils,  IYE Bienvenu, le seul bouc émissaire dans cette scabreuse affaire à être déféré au tribunal militaire de Bertoua a été remis en liberté contre le paiement d’une rançon de près de 5 millions Fcfa selon nos sources au sein de cette juridiction militaire.

Il est rentré à Moloundou pour régler le compte de tous ses détracteurs dont le sous-préfet. Plus choquant, la hiérarchie militaire, dont un groupe de colonels est venue de Bertoua pour arracher  leur protégé, l’adjudant Paulin Mvemana aux griffes du sous-préfet. Ce dangereux élément de l’armée a juste été détaché en lieu sûr pour continuer son sale besogne.  Le fugitif a d’ailleurs promis en public d’abattre ou de décapiter le sous-préfet si jamais il était à nouveau inquiété dans ses manœuvres. Des menaces ouvertes qui donnent froid au dos. Surtout que des hauts gradés de l’armée, sollicités par le sous-préfet, se sont complètement rangés en ordre de bataille contre l’administration territoriale. Et pour agiter l’épouvantail de la répression, ces personnes ont averti le chef de terre qu’elles feront tout pour convaincre Yaoundé qu’il est lui-même au cœur du trafic des armes de guerre et de pointes d’ivoire. A défaut de ranger son crane dans une caisse.

 

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