Cameroun - Politique. La danse du ventre

Georges Alain Boyomo | Mutations Vendredi le 05 Février 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le 15 octobre 2015 s’est tenu au palais de l’Unité l’un des rares conseils ministériels depuis le 6 novembre 1982.

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A l’écoute de la communication spéciale de circonstance du président de la République, beaucoup de Camerounais se sont laissés bercer par l’idée qu’un nouveau cap est fixé dans l’action gouvernementale et que leurs conditions de vie allaient changer, tout au moins connaître un léger mieux.

Que prescrivait Paul Biya à l’équipe Yang III ? Assumer pleinement sa lourde responsabilité et donner à l’action gouvernementale davantage de force et d’efficacité. « Nous avons une vision à long terme qui doit nous conduire à l’émergence à l’horizon 2035. Nous avons une stratégie pour la croissance et l’emploi qui vise à moderniser notre pays et à améliorer les conditions de vie du peuple camerounais. Nous avons enfin un plan d’urgence pour répondre aux besoins qui ne peuvent attendre. Comme vous le voyez, le cadre est donc tracé, les objectifs fixés et connus. L’action doit se poursuivre résolument. Je le dis clairement. Nous devons faire plus. Nous devons faire mieux », martelait le chef de l’Etat.

Plus de trois mois après la tenue du dernier conseil ministériel, le citoyen lambda s’attend logiquement à un premier bilan de l’action du gouvernement, après le recadrage d’octobre 2015. Silence radio sur le sujet. Pire, le dernier conseil de cabinet du mois de janvier s’est appliqué à rallonger la liste des incantations (notamment dans le domaine de l’énergie et de l’eau) du pouvoir vis-à-vis d’un peuple déprimé, désabusé et déboussolé. De plus, les chantiers des Can 2016 et 2019 piétinent, le plan d’urgence est fantomatique. Le président Biya avait pourtant donné l’impression que ces dossiers lui tiennent particulièrement à cœur.

En revanche, l’espace public est envahi depuis l’aube de 2016 par des appels d’une certaine élite qui, dans une procession moutonnière, invite Paul Biya à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Les artificiers les plus zélés du parti au pouvoir vont jusqu’à lui demander d’anticiper ce scrutin prévu en 2018.

Ces supplications résonnent tant et si mal que les douleurs infligées par la secte Boko Haram aux populations de la région de l’Extrême-Nord sont de plus en plus muettes. La banalisation de l’horreur s’installe. Pas de minute de silence pour les compatriotes civils et militaires tombés sur le champ d’honneur en conseil de cabinet, pas de communication gouvernementale mobilisatrice de l’ensemble des citoyens sur le drame de l’Extrême-Nord.

Interpellé sur la concomitance entre la montée en puissance de Boko Haram et la litanie d’appels à candidature,  un membre du gouvernement a même lâché sur les antennes de télévision nationale : « la vie continue ». Trois mots qui sonnent faux dans un contexte où une partie du Cameroun est en proie à la barbarie d’une horde d’illuminés. Même l’élite du grand Nord, théâtre des atrocités de la nébuleuse djihadiste, aurait pu sonner le tocsin sur cette indifférence nationale, qui gagne du terrain. Mais, à Yaoundé, sous la conduite du président de l’Assemblée nationale Cavaye Yéguié Djibril, cette élite a plutôt opté pour la danse du ventre.

La bourgeoisie régnante au Cameroun est donc incorrigible et insatiable. Mais entre un mandat de plus et l’avenir d’une nation, le destinataire des « appels du peuple » doit intégrer cette maxime de James Freeman Clarke : « la différence entre le politicien et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération».


 

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