Cameroun - Politique. La décomposition programmée du Sdf- Suzanne KALA-LOBE

Suzanne KALA-LOBE | La Nouvelle Expression Vendredi le 19 Aout 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Sdf est dans la tourmente. .... Ils sont devenus porte-paroles de leurs propres turpitudes et l'identité de leur formation a fini par s'apparenter à leurs querelles de clochers.

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Des noms reviennent. Des griefs aussi ! Des égos sont mis en scène. Le public assiste ainsi à la décomposition du dernier rempart de l’opposition camerounaise issue des années de braise!! Et la récurrence de ces disputes ouvertes et insolenteS fait penser à une mort  politique programmée, alimentée par des agents agitateurs, réquisitionnés pour cela et spécialistes de la division. Car au-delà de l’agitation de quelques trublions de ce  parti, ce qui  apparait aujourd'hui est le démantèlement programmé  du mouvement démocratique camerounais. Un démantèlement  mis en œuvre paradoxalement aux lendemains même de la promulgation officielle du multipartisme,  dont la première étape  fut la tripartite.

Les entrepreneurs politiques, n’ont rien vu venir. Au contraire! Ils sont entrés enthousiasteS et naïfs  dans la turbulence du changement  sans se soucier du rapport de forces,  ni  penser à assurer leur arrières. Et aujourd’hui, 26 ans après, sonne le glas - peut-être - du dernier rempart de l'opposition des années de braise. Une autre page est tournée. Des nouvelles conditions de lutte sont en train d'émerger.

Les querelles de leadership qui opposent divers cadres du Sdf, ressemblent à s’y méprendre aux disputes autrefois des diverses factions de l’Upc, alors premier parti politique nationaliste du Kamerun.  Chacun se donne  le droit de rendre publiques les divergences qui l’opposent à tel ou tel ennemi de l’orthodoxie,  dont le premier dénonciateur  assure avoir le monopole et la paternité.

La profusion des scuds lancés par Jean-Michel Nintcheu  contre  Célestin Djamen et vice-versa- les déclarations tonitruantes d’un Elimbi Lobé, n’honorent pas le Sdf. Ces déviances dans le comportement de ses militants doivent être analysées comme les métastases  d’un cancer  dans le corps d’un parti, sérieusement affaibli d’un point de vu électoral,  dont  le pouvoir rogne  les derniers vestiges de dignité. Il veut briser à jamais l'espoir   et le rêve   du  «  Suffer Don Finish ». Si l’on   s’intéresse aux digressions, aux dissidences portées par des hauts cadres de ce parti historique lui aussi,  c’est parce que le scénario que subit aujourd’hui le Sdf est exactement celui qui a été mis en scène pour  détruire l’Upc  de  1948 ! En tant qu’organisation structurelle  mais aussi en tant qu’incarnation d’un mythe, porteur d’idéaux  et de rêves. En  distillant  sa force  politique, sa cohérence, dans les  disputes entre des individualités  mus par des motivations  qui sont  loin d'être démocratique et équitables.  .

Le Nec  de Juillet dernier a décidé de  suspendre le Bureau régional du Littoral en s’appuyant sur l’article dix-huit du Sdf.

Mais en cédant -si on peut dire-  aux injonctions des militants qui se réclament d’une certaine orthodoxie par rapport aux textes, pour en  finir  avec une direction régionale, impétueuse, turbulente et souvent radicale, le Nec n'a en réalité rien résolu! Et les problèmes du Sdf vont aller en s'empirant.

Les symptômes de la déliquescence du Sdf sont  aussi  dans sa manière bureaucratique de régler des problèmes politiques de fond. Un parti qui passe son temps à réguler ses  dysfonctionnements internes à coups d'article 8-2, ou 18,  sans pouvoir exercer une autorité politique sur ses militants !!  Des militants prétendument ambitieux pour leur parti -  et aussi  pour le Cameroun -  mais qui le livre de manière systématique en pâture à une opinion, peu  au fait de son fonctionnement interne!!

La crise d’autorité du Sdf, est une pandémie   qui ronge le champ politique. Les méthodes pour faire éclater les formations adverses ne varient pas. Un beau jour sous le ciel toujours  gris et bien difficile du combat militant, surgissent des activistes zélés,  actifs  du verbe, polémistes, qui  vont  faire la morale aux  autres,  de préférence en public et à la télé!!!Ils choisiront toujours d'être hors du champ de leurs compétences politiques, pour porter l’estocade à ceux qu’ils jugent autoritaires, calculateurs et incapables de conduire leur parti au pouvoir. Cette façon  de toujours sortir les débats internes en public, n’est pas à proprement parler l’expression de la démocratie et encore moins de la liberté de penser. Elle  apparaît plutôt, comme le choix tactique d’un groupe de personnes qui ont décidé d’en finir  avec le pluralisme politique  et de réduire totalement l’influence des formations qui incarnaient alors, les rêves et espoir d’un Kamerun Nouveau !

Le Sdf n’échappe pas à ce machiavélisme. Après la démission de certains de ses cadres, qui ont choisi de former leur  propre organisation, la lutte  fratricide  qui se mène dans le littoral n’est  donc pas  une simple coïncidence.

Le Sdf, serait-il alors le dernier bastion des partis d'une opposition politique à laquelle  s'attaquerait le pouvoir ? Et Célestin Djamen, Elimbi Lobe, Jean-Michel Nintcheu,  ainsi  que certains médias,  seraient-ils, sans le savoir, les instruments de cette émasculation des forces démocratiques entamée  depuis  la légalisation de l’Upc?

En réalité, le paysage politique camerounais est exsangue. Les formations politiques qui avaient hier pignon sur rue, ne sont plus qu’une partie incongrue de l’iceberg. La glaciation a commencé sans que l’on ne s’en rende compte.  Du fait  d’une interprétation de  ce qu'est la liberté d'opinion et de penser au sein d'un parti politique. Des libertés que prennent les militants sans se soucier que la discipline au sein d'un parti est aussi une contrainte ... démocratique!!

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