Cameroun - Economie. La crise européenne inquiète le Cameroun

Parfait N. SIDIKI | Repères Jeudi le 16 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Si elle a bien résisté jusqu'ici aux effets de la crise financière, l'économie camerounaise ne dispose plus de suffisamment de réserves budgétaires pour amortir les effets du marasme qui perdure en Europe.

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La perte du triple A de la France par l'agence de notation Standard and Poor's et la dégradation de la note souveraine de nombreux pays européens par Moody's, couplées aux émeutes d'Athènes en Grèce cette semaine, indiquent clairement que l'Europe n'est pas au bout de sa crise. Certains craignent même que cette crise n'ait pas encore montré tout son visage. Pour le moment les effets de ce marasme sur les pays de la Zone franc ont les traits d'une «rumeur» sur la dévaluation du franc CFA. Une perspective que tous les officiels démentent, et que même les experts ne jugent pas inévitables. Dans ses «Cahiers économiques du Cameroun» de janvier 2012, la Banque mondiale s'est penché sur les conséquences d'un ralentissement des activités économiques dans la zone euro pour notre pays.

Jusqu'ici, le Cameroun a plus que résisté à la conjoncture internationale morose. La Banque mondiale confesse même avoir sous-estimé les forces du pays. «Il ressort des premières indications a été plus rapide en 2011 que nous ne le prévoyions (...). Après un ralentissement de deux ans imputable à la crise financière mondiale, la reprise observée en 2010 s'est affermie en 2011». En effet, la croissance du PIB passe de 3,2% en 2010 à 4,1% en 2011, et est programmé à 4,5 à 5,5 % en 2012. Une embellie d'autant plus remarquée que les moteurs de la reprise ont été les activités non pétrolières, observe la Banque mondiale. Les banques ont conforté la confiance avec leur suffisante liquidité et le caractère introverti des recettes budgétaires est un atout indéniable, note l'institution de Bretton Woods.

Le pays doit sa résistance économique actuelle au bouclier anticrise constitué de ses réserves budgétaires accumulées pendant la période des vaches grasses, notamment en 2007 et 2008 quand le cours du pétrole avait permis de dégager un surplus de recette. Ainsi a-t-il pu conjurer la détérioration des termes de l'échange, le ralentissement de la demande mondiale de pétrole, de caoutchouc, de coton, de bois et d'aluminium. Mais aussi le durcissement des conditions d'accès aux financements internationaux. Certains projets qui auraient pu en être ébranlés ou retardés ont reçu des financements de l'Etat sur ses emprunts ou grâce à des crédits relais. A titre de rappel, la zone euro c'est 45% des exportations du Cameroun et 55% des envois de fonds.

Seulement, si la crise européenne perdure, comme cela semble être le cas, le Cameroun s'expose aux mêmes risques qui, prolongés, pourraient finir par avoir un impact important. A titre d'exemple, à cause du chômage qui progresse et du durcissement des lois sur l'immigration qui se remarque par la montée des partis d'extrême droite, on peut redouter la baisse des transferts de la diaspora. Seulement pour le projet de construction d'un barrage de retenue d'eau à Lom Pangar, le gouvernement est suspendu aux décisions des conseils d'administration de l'Afd en mai et de la Banque européenne d'investissement en juin prochain. Le deuxième pont sur le Wouri dépend aussi d'un financement de plus de 65 milliards de l'Afd. La Banque mondiale pense que le niveau réduit des dépôts du gouvernement auprès de la BEAC n'offre cette fois qu'un bouclier limité.

L'institution de Bretton Woods esquisse des pistes de solution pour permettre au pays de tenir son cap de pays émergent en 2035. Elle recommande d'envisager les stratégies d'atténuation pour protéger l'économie au cas où la situation se dégraderait davantage. Le bas niveau d'endettement du Cameroun lui laisse de la marge pour des emprunts. Un satisfecit implicite adressé au gouvernement qui est engagé depuis 2010 dans un processus de mobilisation des fonds auprès des créanciers inhabituels, y compris le marché financier local. Deux bémols: acquérir une meilleure capacité de gestion de la dette et mettre fin aux subventions pour soutenir les prix à la pompe, dont la Banque mondiale pense qu'elles ne profitent qu'aux 20% les plus riches.

Basée sur une logique purement économique, la proposition de suppression du gel des prix du carburant à la pompe a peu de chance d'être suivi, notamment après les manifestations vécues au Nigeria à la suite de l'augmentation des prix décidés par le gouvernement. Ce débat entre le gouvernement et les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international) n'est pas nouveau.


 

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