Cameroun - Santé. Le directeur du Circb dans cette interviews informe que dans la prise en charge du Vih/Sida, seront désormais observés des cas des résistances aux Arv.

Mutations Vendredi le 18 Aout 2017 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le directeur du Circb dans cette interviews informe que dans la prise en charge du Vih/Sida, seront désormais observés des cas des résistances aux Arv.

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Quel est le but de l’atelier sur la stratégie de lutte contre le Vih/Sida qui s’est tenu au mois de juillet dernier au Centre international de référence Chantal Biya (Circb) ?

L’atelier que nous avons tenu au mois de juillet traitait des résistances aux Arv(antirétroviraux), mais aussi du thème «tester et traiter systématiquement tous ceux qui sont dépistés positifs au Vih». Cette approche est une grande évolution dans notre pays. Elle est ouverte à l’ensemble des malades infectés par la pandémie. Notre atelier de renforcement des capacités et d’appropriation de cette approche avait donc pour but de discuter de la mise en œuvre efficace de cette stratégie nouvelle dans notre milieu.

Malgré votre sensibilisation en milieu scolaire, la prévalence du Vih reste élevée. N’avez-vous pas l’impression que vos efforts sont vains ?

Non. On ne saurait affirmer que les efforts menés jusqu’ici sont restés vains. La conjugaison des efforts des pouvoirs publics, des associations, des communautés et des scientifiques ont fait que la prévalence du Vih se situe aujourd’hui à 3,9% dans la population générale. Rappelez-vous qu’elle était de 4,3 % il y a six ans, et un peu plus forte il y a une dizaine d’années. De même, chez les enfants, les chiffres de prévalence ont évolué favorablement depuis quelques temps. A titre d’exemple, nous avons relevé des régions couvertes par nos unités, que le taux moyen de transmission du Vih de la mère à l’enfant était passé de 14% en 2008 à 7% aujourd’hui.

En 2016, dans certains médias, vous avez invoqué vos travaux sur le vaccin biologique. A quel stade se trouvent-ils ?

Nous nous y attelons encore. Le processus de développement d’un vaccin biologique est très délicat et complexe. Nous avons dit l’année dernière que les recherches y relatives continuent d’être menées avec l’appui de nos partenaires internationaux. Il faut passer par plusieurs phases avant d’envisager les essais cliniques dont la mise en œuvre est encadrée aux plans éthique, scientifique et technique, et même règlementaire.

Lors de l’atelier de juillet dernier, vous avez parlé des résistances aux Arv. Pourquoi en parle-t-on de plus en plus ?
L’amélioration de la longévité et de la survie des malades sous Arv s’accompagne malheureusement de l’accroissement des résistances. Les raisons sont multiples et diverses : la faible observance développée par les malades chroniques, les mutations génétiques, etc. De tout cela, nous devons retenir qu’un système de veille et d’alerte est indispensable, car nous allons observer dorénavant ces cas de résistances.

Il faut également relever qu’il existe des résistances primaires dites génétiques. Ce sont celles qui sont d’emblée observées sur le potentiel génétique des individus naïfs de tout traitement et qui sont différentes des résistances dites acquises. Des travaux récemment menés par le Circb dans quatre régions du Cameroun, la cartographie de ces résistances est variable d’une région à une autre ; mais, la moyenne observée de ces pharmaco-résistances se situe autour de 7%.

La structure dont j’ai la charge s’est donc inscrite dans la recherche visant à maîtriser les résistances dans notre milieu et son rôle est de donner la bonne information aux prescripteurs et aux malades. Enfin, pour améliorer l’accessibilité des patients à ces tests de résistance autrefois réalisés entièrement à l’étranger, les malades peuvent désormais les faire sur place grâce au plateau technique de qualité dont nous disposons et qui nous a permis de réduire depuis un an, le coût unitaire de cet important examen de suivi des personnes vivant avec le Vih. En effet, ce test est passé de 100.000 Fcfa à 10.000 Fcfa dans nos laboratoires.

Dans l’évolution de la maladie, on parle de lignes. A quoi renvoie cette notion ?

Il faut savoir qu’en tout début de traitement et chez les malades récemment diagnostiqués positifs, les médicaments préconisés par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) sont des médicaments dits de première ligne. Ils ont ceci de particulier qu’ils sont moins chers que les médicaments de deuxième ligne, ceux-là qui sont prescrits dans des cas de résistance aux premiers sus évoqués. La troisième ligne est celle qui est constituée de médicaments proposés aux malades qui ont développé des résistances pour tous les autres Arv de première et deuxième lignes. Malheureusement, ces médicaments de troisième ligne sont souvent indisponibles et coûtent généralement bien plus chers que les premiers.

A quel moment le malade entre-t-il en phase terminale ?

Il convient de distinguer la phase de l’infection asymptomatique par le Vih, qui est la phase sans signes cliniques et la phase maladie, c’est-à-dire le Sida. L’Oms avait classé l’infection au Vih en quatre stades : le premier stade étant celui où on est contaminé et contaminant, sans présenter des signes cliniques ; le deuxième stade étant celui où on a quelques symptômes, mais avec tout de même la possibilité de vaquer à ses occupations ; le troisième stade est celui où on est obligé d’être alité au moins une demi-journée par 24h. Et enfin, le stade quatre, où le malade est alité plus d’une demi-journée par 24h. C’est la phase terminale. Ici, la maladie est réelle, invalidante et tout peut arriver si rien n’est fait.

Qu’est-ce qui peut justifier les ruptures des Arv ?
L’idéal, c’est de ne jamais connaître de rupture de stocks de médicaments, surtout des Arv. Pour les éviter, des techniques de gestion des stocks ont été mises en place et ont fait leurs preuves d’efficacité. Mais, ces techniques peuvent être débordées et des ruptures de stocks s’observer pour des raisons diverses souvent indépendantes du système de santé. Il nous appartient de garder l’éveil et de prendre leçon des insuffisances observées et vécues pour les améliorer au fil du temps. Je rappelle que les Arv ne sont pas fabriqués dans notre pays et à ce titre, nous restons entièrement dépendants des prestataires étrangers et des aléas de production et de transport desdits médicaments.

Certains ne restent pas stockés et doivent être produits à la demande. D’autres par contre sont produits en quantités insuffisantes pour des marchés très énormes. C’est tout ceci qui peut expliquer les ruptures de stocks qui arrivent parfois et qui sont insupportables.

Par Paulette Ndong et Guy Martial Tchinda (Stagiaire)

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