CC Russie 2018. Hugo Broos : Certains joueurs croient que gagner la CAN c’est ``être arrivé`` !

cameroun24.net avec Kamerfoot Jeudi le 29 Juin 2017 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Après l’élimination du Cameroun à la Coupe des Confédérations Russie 2017, le sélectionneur du Cameroun nous a accordé une interview dans laquelle il est très remonté contre certains des joueurs de la sélection. Même s’il ne cite des noms, il annonce des mesures strictes pour le prochain regroupement.

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Bonjour Monsieur Hugo Broos, la compétition vient de s’achever pour le Cameroun, quel est votre sentiment ?

Premièrement un sentiment de satisfaction, parce que nous avons fait des bonnes performances, les matches du Cameroun n’étaient pas du tout mauvais, deuxièmement déception au niveau des résultats, on ne rentre qu’avec un point, et ça c’est naturellement pas bien. Mais on a senti aussi qu’on a joué dans un tournoi d’un niveau plus haut que la CAN, et passé tout ça, je pense que ça été une bonne expérience pour l’équipe.

Vous avez engagé les trois matches avec une certaine différence dans la pensée. Un peu timidement face au Chili où vos joueurs ont reculé d’emblée. Avez-vous des regrets par rapport à e match là ?

Pas du tout ! On a fait un bon match contre le Chili, et quand tu vois qu’on nous refuse un but régulier (coup de tête de Ngadeu 13ème minute, ndlr), et après on valide un but qui était hors jeu, le deuxième but du Chili, parce que ça c’était la grande différentielle, parce que si on perdait le match contre le Chili avec un score de (1-0), on ne devait avoir qu’à gagner l’Allemagne pour passer. Mais le handicap de deux buts avec un pas juste nous rendait la tâche énorme contre l’Allemagne : gagner le champion du monde avec au moins deux buts d’écart. Naturellement ce n’est pas facile contre une équipe comme l’Allemagne.  Et quand je revois notre match de dimanche, jusqu’au moment où l’Allemagne marque son but, nous étions la meilleure équipe. On a eu des occasions, mais la différence est là. L’Allemagne obtient une occasion, et marque le but. Nous autres, notre occasion, on n’a pas marqué. Et ça été la même chose contre l’Australie où on a eu plusieurs occasions. Je pense que dans ce sens là, les trois matches ont été bien, mais que nous devons être réalistes. Et on sait qu’il y a encore des choses à travailler.

Revenons un peu sur ce match contre le Chili, parce que vous avez reconnu vous-même en conférence de presse qu’on l’a commencé avec un peu de peur.  Je parle du début du match. Si on l’avait engagé comme celui contre l’Allemagne, on serait là aujourd’hui, éliminés ?

On ne saurait jamais le dire. C’est pour cela que ce tournoi est une bonne expérience pour l’équipe, dans le sens que pour les joueurs c’était nouveau, ils n’ont jamais joué à un tel grand tournoi avec des équipes comme le Chili et comme l’Allemagne. Et si on devrait aller plus loin dans l’autre groupe il y a le Portugal et le Mexique. Dans ce sens là ça été une bonne expérience, surtout une grande différence avec les équipes africaines où c’est un style tout à fait différent. Encore une fois, une très bonne expérience, et c’est peut-être à cause de ça qu’on a débuté contre le Chili un peu hésitant, parce que on était un inconnu.

En Coupe d’Afrique des Nations (CAN) vous avez habitué les camerounais à ne pas connaitre votre équipe avant  l’annonce de votre classement. Ici, vous avez commencé avec la même équipe pendant les trois matches. Même s’il faut noter que Mandjeck est remplacé au pied levé avant le troisième match par Djoum. Est-ce qu’on peut considérer que Monsieur Broos a finalement trouvé l’équipe qu’il cherchait ?

Non, il faut voir ça aussi un peu différemment hein. A la CAN on a été jusqu’au bout, nos premiers matches n’étaient pas bons. Ni contre le Burkina-Faso, ni contre Guinée Bissau. Ici c’était différent. Notre premier match contre le Chili sauf le début était bon, le deuxième match contre l’Australie était bon, et je pense qu’à ce moment là il ne faut pas beaucoup changer, et alors au moment où on  va changer, il y a un joueur qui se blesse pendant… en fait qui ne se blesse pas, mais qui dit qu’il ne va pas jouer, et c’est pendant l’échauffement. Pour moi, c’était une grande surprise. Et une surprise négative, je peux le dire, parce que là, je pense que le joueur devait nous avertir beaucoup plus tôt. Ce n’était pas évident pour Arnaud (Djoum, ndlr) de commencer le match parce que lui n’avait pas du tout préparé à commencer ce match là.

On vous a justement observé pendant la traditionnelle marche  des matins de matches des Lions Indomptables, faire tout le trajet aux côtés de Djoum. Vous le prépariez à être sur le banc ?

Oui, je pense que c’est tout à fait normal  qu’un joueur qui soit sur le banc ait une explication du pourquoi de ce choix. Et c’était surtout un choix tactique. C’est pour ça que j’ai eu un entretien avec Arnaud pas pour lui dire qu’il n’allait pas jouer, mais pour le préparer sur le fait qu’il allait commencer sur le banc.

Avez-vous fait des études en communication ?

Des études en communication ? Non !

Vous avez une façon de communiquer. On a l’impression que vous vous embrouillez un peu et pourtant vous savez exactement ce que vous dites, et ou vous voulez arriver avec votre communication que certains peuvent trouver bancale. C’est le pourquoi de ma question.

Pas du tout, mais, je suis d’avis qu’il faut le dire comme ça. Il ne faut pas faire des petits tours pour dire parfois ou ne pas dire quelque chose. Dans ce sens là, moi je suis correct et honnête. Et parfois c’est un peu cassant pour certaines personnes, mais je préfère le dire comme ça que de faire des tours à gauche et à droite et à la fin, être dans les problèmes. Avec moi, on sait à quoi s'en tenir, on sait à quoi s’attendre, et ça c’est le plus clair je pense.

La presse sportive camerounaise vous a-t-elle aidé depuis que vous êtes là ?

La presse camerounaise ne m’a pas aidé la première année, pas du tout ! Elle a plutôt été contre moi. Jusqu’au moment où on a gagné la CAN, ils sont venus me demander de pardonner. C’est possible de pardonner ce qu’ils m’ont fait, mais impossible d’oublier. Et c’est ce que j’ai fait. Donc tout ce qui est passé c’est passé. On ne peut pas vivre avec le passé, on doit vivre avec l’avenir. Et c’est ça qui est le plus important.

Les camerounais ne comprennent pas souvent quand vous voulez insinuer qu’ils n’avaient pas d’équipe avant vous et que maintenant on devrait se contenter de ce que vous faites. Alors qu’avant votre arrivée, le Cameroun avait déjà gagné quatre CAN. Vous avez envie que les camerounais disent merci à Broos le sauveur ?

Ils ne doivent pas me dire merci, mais ils doivent me traiter correctement.  Je ne demande à personne de dire merci, moi je fais mon boulot et, on ne doit pas me dire merci pour ça. Mais on doit rester correct. On ne doit pas inventer des choses. Quand je vois encore maintenant qu’une fois qu’on est en discussions pour les primes, il y a certains gens qui écrivent dans leurs journaux qu’on est en grève, ça c’est vraiment chercher la magouille, et ça ce n’est pas correct. Parfois j’ai le sentiment qu’au Cameroun quand tout va bien, les gens ne sont pas contents. Quand tout va bien les gens commencent à chercher des problèmes, et c’est difficile de travailler pour tout le monde.

Maintenant dans votre effectif, vous avez dit que vous avez gagné la CAN avec 23 copains, 23 frères. Ici à la Coupe des Confédérations, au moins il y en avait deux qui n’étaient pas frères dans votre sens malgré que dans la nature, ils sont cousins. Comment gérer la tanière avec un gardien qui malgré ses performances, sait qu’il ne jouera pas ?

Ecoutez ! J’ai été clair dès le début. Aux joueurs, et je l’ai répété plusieurs fois pendant cette CDC, celui qui ne peut pas accepter de ne pas jouer, il doit rester à la maison. Cela ne sert à rien. Si lui il ne sait pas accepter de rester sur le banc et que c’est l’autre qui joue, alors il reste à la maison. Parce qu’il trouble l’ambiance dans le groupe, il fait des problèmes et ça, je ne dois pas avoir dans mon groupe. Et ça c’était le cas à la CAN. Personne, je dis bien personne ne se plaignait parce qu’il est assis sur le banc. Maintenant je sais qu’il y a certains joueurs qui ont commencé à se plaindre. Et alors là, on va voir la prochaine fois quand nous serons ensemble, ce que je ferai, parce que je n’accepte pas ce genre de comportement. On est 23, il n’y a que 11 qui peuvent jouer, tout le monde doit faire son possible pour être prêt quand on a besoin de lui. Et si on n’a pas cette mentalité là, c’est mieux de rester à la maison.

Votre capitaine à cette Coupe des Confédérations était-il à son meilleur niveau ?

Non, je pense, et Ben (Benjamin Moukandjo, ndlr) le sait très bien, il n’est pas à son niveau de la CAN. Et il y en a encore là dont le niveau n’est pas celui de la CAN. Donc notre niveau n’a pas été ici égal à celui pendant la CAN. Le groupe n’était pas comme il était à la CAN. Et c’est ça que je dis toujours aux joueurs que la gloire c’est difficile à porter. Une fois qu’on a gagné quelque chose, il y a des joueurs qui commencent à se comporter différemment. Ils commencent à avoir une autre attitude. Et là, c’est quelque chose que j’ai remarquée pendant cette Coupe des Confédérations. Et on va voir la suite. Et encore une fois, ce n’est pas parce qu’on a gagné la CAN qu’on est arrivé. Non ! Le voyage ne fait que commencer, on n’est pas encore à destination. Et ça, tout le monde doit être conscient de ça.

Moukandjo a été gardé sur le terrain par stratégie, ou parce qu’il était le capitaine ?

Non, non et non ! Il faut toujours mettre sa meilleure équipe. Et quand tu fais des choix, c’est toujours en faveur de l’équipe. Aucun entraineur ne va faire un choix parce qu’il aime un joueur.  Même s’il n’était pas à son niveau normal, il a quand même apporté des services à cette équipe, seulement déjà avec l’expérience qu’il a.

On sort de la CDC, et on entre directement dans les éliminatoires de la CDM. Quelle équipe du Cameroun ? Ceux-ci peuvent tranquillement se croiser les bras et revenir ?

Il est encore beaucoup trop tôt pour commencer à parler de la sélection de la fin du mois d’Août, mais tout le monde est conscient  que là, on a quatre points de retard, et on a une double confrontation avec le premier le Nigeria. C’est pour cela que je veux qu’à la fin du mois d’Août, que j’ai un groupe comme celui de la CAN.

Oyongo Bitolo vous a-t-il manqué ?

Oui, c’est évident. Et quand j’ai dit il y a quelques jours que le Cameroun n’est pas riche, la preuve est là. On a une blessure avec Oyongo, et on est dans la merde. On n’est pas par exemple comme l’Allemagne qui peut mettre une soi-disant équipe B. Mais quand tu vois la qualité de cette équipe B, ce n’est pas l’équipe B. Le Cameroun n’est pas si riche. Pour remplacer Oyongo, on a cherché les solutions, et on  a trouvé, mais celles qui n’étaient pas les meilleures. C’est pour cela qu’on doit être conscient qu’on a une bonne équipe mais on n’a pas une bonne équipe de niveau mondial. Il ya encore beaucoup de travail à faire.

Oyongo et Zoua étaient blessés, pourtant ils font partie de votre effectif que vous emmenez ici…

Jacques (Zoua, ndlr) a été un élément important pendant la CAN, et une fois blessé, on n’a pas des moyens de le remplacer. Cela a été aussi trop dur mentalement pour certains joueurs de remettre les pendules à l’heure pour être à leur meilleur niveau après une année assez chargée.

Pourquoi avoir emmené Zoua blessé ici et ne pas avoir remplacé Oyongo ?

Vous n’avez pas entendu ce que j’ai dit hein, j’ai dit que le Cameroun n’est pas si riche. Vous pensez que pendant des mois, je n’ai pas cherché des défenseurs latéraux ?  Vous pensez que quand je suis en Belgique je suis dans mon fauteuil ? Vous pensez que mes assistants sont dans leurs fauteuils ? Qu’on ne va pas voir les matches ? Qu’on ne cherche pas les joueurs ? Et quand tu essayes un joueur, tu vois qu’il n’a pas le niveau. Pourquoi tu vas le prendre ? On doit être sévère dans nos choix, et surtout pas faire de plaisir à certains joueurs.

Merci Monsieur Hugo Broos.

Entretien réalisé par David Eyengue, envoyé spécial à Sochi.

 

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