Cameroun - Politique. Haute Sanaga. Antoine Samba succombe aux guerres de positionnement des élites

Gérard ABÉGA | Sans Détour Lundi le 20 Mars 2017 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Sa pernicieuse promotion au poste d’Inspecteur général des Services administratifs et budgétaires du ministère des Finances, et sa déchéance du très prestigieux fauteuil de Directeur général du Budget, masque maladroitement la victoire insidieuse de certaines élites de son département d’origine en mal de positionnement, qui redoutaient sa promotion dans le futur gouvernement que tout le Cameroun attend.

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L’atmosphère était ankylosée jeudi dernier au Palais des congrès de Yaoundé, à l’occasion de la cérémonie d’installation des nouveaux responsables nommés par le décret présidentiel du 10 mars 2017, notamment au poste de Directeur général du Budget et d’inspecteur général des Services administratifs et budgétaires du Minfi- le ministère des Finances. Mieux que l’arrivée de Cyrille Alo’o Edou au poste de Dgb-le Directeur général du Budget, c’est surtout le départ du même poste de Félix Antoine Samba qui aura alourdi l’ambiance autour de cette cérémonie, et particulièrement parmi les responsables, cadres et agents de cette direction stratégique du ministère.

Et pour cause, personne n’a vu venir ces mutations qui pour beaucoup, constitue un véritable coup de massue pour l’ancien maître des lieux, dont on ne lui reconnaissait aucune casserole durant son magistère. Au milieu des bruits des chaises de la salle de la cérémonie, on pouvait suivre les murmures de quelques uns de ses anciens collaborateurs, qui s’interloquaient de la survenance de ce changement impromptu. « il n’a même pas fait 3 ans à ce poste, et on le remplace alors qu’il travaillait bien. vraiment ce pays, on ne le comprendra jamais… », vociférait une dame dans le vacarme né des commentaires dithyrambiques à l’égard de l’ancien patron, auxquels se laissaient aller quelques cadres du ministère dans l’attente du début de la cérémonie. Au ministère des Finances, beaucoup reconnaissent son apport et son concours précieux dans la mise en route du budget-programme qui régente les finances publiques depuis 3 exercices budgétaires. Sa rigueur, sa compétence et son sens de responsabilité étaient appréciés de ses collègues au point où, de sources dignes de foi, il était adoubé par les membres de la délégation du Fmi-le Fonds monétaire international, durant leurs dernières visites en terre camerounaise. Selon des sources crédibles au sein du ministère des Finances, ses prises de parole, rassurantes et convaincantes, au cours des rencontres avec les délégués de l’institution internationale, avaient amené les responsables du Fonds à exiger sa présence lors des missions des délégations camerounaises à Brettons Wood, pour la défense du dossier du pays. une reconnaissance qui n’ avait de cesse de faire grandir sa cote auprès des institutions internationales, au point d’en faire un probable candidat à un poste ministériel.

Et même si sa nomination comme inspecteur général des Services administratifs et budgétaires apparait comme une promotion interne au sein du ministère, il est clair que son enjeu réel était de l’écarter des cercles restreints où se prennent les grandes décisions sur l’avenir des finances publiques, semblent convaincus de nombreux cadres du Minfi.

Comme Messengue Avom

Selon les mêmes cadres, sa rigueur dans la mise en route du budget-programme de l’Etat, qui contrastait avec les pratiques mafieuses et prévaricatrices qui avaient fait leurs nids au sein du Minfi, l’avait mis en porte-à-faux avec de nombreux responsables bénéficiaires des lignes budgétaires de l’Etat. il était devenu l’homme à abattre dans un ministère des Finances où son patron met un point d’honneur sur la qualité des dépenses publiques, et dont il appliquait scrupuleusement les grandes lignes, en refusant de concéder des titres non justifiés à certains pontes du régime, font remarquer certains de ses désormais ex-collaborateurs de la Dgb. Suffisant pour les adeptes des décaissements fantaisistes qui avaient pris l’habitude de se bâtir des fortunes injustifiées sur le dos du Minfi, pour le monter contre Alamine ousmane Mey, en enfumant l’opinion de conflits larvés ou ouverts entre les deux hommes. Pourtant, au fond, rien de fondamental ne distançait les deux hauts responsables du ministère dans leurs approches de la gestion des finances publiques.

Mais des spéculations, justifiées ou non, sur le départ d’Alamine Mey du ministère des Finances, avaient laissé croire à quelques thuriféraires que ce départ annoncé de l’actuel Minfi ouvrait la voie à une promotion ministérielle de Félix Antoine Samba, fort de sa cote auprès des institutions internationales. Des allusions qui ne pouvaient qu’entrainer des frémissements au sein du sérail, et particulièrement dans son département d’origine, la Haute Sanaga. Dans certains cercles restreints du pouvoir, des langues commencent à se délier au sujet des manoeuvres pernicieuses qui ont engendré ce qui est perçu comme la chute de ce haut commis de l’Etat, dans un landerneau politique où la psychose d’un remaniement hante particulièrement ceux qui dans le gouvernement tiennent à leurs strapontins.

une psychose qui mieux qu’ailleurs, est plus accentuée dans la Haute Sanaga, qui au décompte, bénéficie de la part du lion dans la répartition des postes au sein du sérail. il fallait donc tout faire pour empêcher un autre fils du coin d’émerger, par peur de le voir pendre le siège de ceux actuellement en poste, à l’heure du nouveau partage. Le ballet des audiences de certaines élites du département au Palais de l’unité ces deniers mois, à la faveur des victoires sportives du Cameroun, qui leur a offert l’opportunité de nombreux « kongossa » auprès du prince, aurait-il eu raison de l’ascension remarquée de Félix Antoine Samba ? Certains exégètes de la pratique politique au Cameroun n’hésitent plus de le penser, laissant remarquer au passage qu’à l’occasion de la coupe d’Afrique des Nations de football au Gabon, le chef de l’Etat avait dû déplacer un émissaire spécial auprès de l’équipe nationale pour « étouffer » une manifestation d’humeur des joueurs, devant la difficulté de paiement de leurs primes.

Comme si c’est le ministère des Finances, et plus particulièrement la direction du Budget, qui était à l’origine du blocage.

Antoine Samba récolterait-il les foudres d’un cancan autour de ce scandale manqué ? A quelques variantes près, le scénario de sa « déchéance » ressemble à s’y méprendre, à celui qui avait précédé celle de Messengue Avom, l’ancien ministre des Travaux publics, l’autre élite de la Haute Sanaga, il y’a quelques années. A la suite de la nomination de Jean Lambert Nang à la cellule de la Communication de ce département ministériel, Messengue Avom était rattrapé, dit-on, par ses frasques, et dans la foulée de son éviction, Pierre ismaël Bidoung Kpwatt revenait au gouvernement. Les élites de la Haute Sanaga ont-elles entrepris une autre épuration fratricide dans la perspective du remaniement ministériel que tout le Cameroun attend ? Quoiqu’il en soit, les vérités sur les dessous de la promotion en trompe l’oeil d’Antoine Samba, irritent de nombreux ressortissants de la Haute Sanaga, qui y voient un affront masqué à l’encontre de Ferdinand Ngo Ngo le Sgpr, et même de Chantal Biya, présentés à juste titre comme les parrains de la promotion des élites du département au sein du sérail. Surtout qu’au milieu de la foultitude de ces élites, Félix Antoine Samba bénéficie d’une sympathie toute particulière auprès des populations, pour l’ensemble de ses actions humanitaire et ses initiatives en faveur du développement.

La construction de la mairie, de la souspréfecture et du centre de santé de Minta, couplée au recrutement et au placement de nombreux jeunes du département dans l’administration publique, de même que bien d’autres bienfaits, avaient fini par en faire la personnalité ressource la plus consultée et la plus aimée du département. une posture qui finalement a révélé l’ancien Dgb comme un épouvantail pour ceux qui dans le sérail, redoutent de perdre leurs postes, lors du futur remaniement ministériel.

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