Cameroun - Politique. Gouvernance: Paul Biya a démissionné

Agnès Taïlé | Le Septentrion Mercredi le 16 Janvier 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Cameroun est à l’abandon et il y a bien longtemps que son président a abandonné son pays. « L’homme mystérieux », comme le qualifie Marafa Hamidou Yaya dans sa dernière sortie médiatique, a quitté le pouvoir. Sinon comment expliquer l’absentéisme d’un chef d’Etat à tous les niveaux de la vie du pays dont il a la charge? Le pays est à genoux et le peuple sans chef. Qu’il soit téléguidé par de mauvais conseillers ou qu’il soit inconscient de son incapacité à diriger le Cameroun, la population en bave.

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Entre l’économie malade de la fraude et de la corruption, les projets de développement aussi statiques les uns après les autres et le pouvoir d’un peuple noyé dans la peur de l’action, la tombe du Cameroun se referme tristement sous le regard impuissant des citoyens. Alors que sous d’autres cieux la veille est permanente, ici les luttes sont isolées. Le ralliement à la cause unique n’existe pas. La solidarité est dominée au quotidien par la peur et la traitrise entretenus par le régime en place.

« Paul Biya est dangereux », l’a si bien dit Jean Bosco Talla dans le titre barrant la Une de son hebdomadaire Germinal. Oui, il est même très dangereux et il y a belle lurette qu’il a égaré la « clé de voûte du système politique ». Il a perdu le contrôle des pouvoirs publics. Paul Biya n’incarne plus l’unité nationale. Il n’est plus le garant de « l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la permanence et de la continuité de l’Etat » comme le dit la constitution. Et il n’ y a rien d’étrange à dire en de termes vrais tout haut ce que le commun des Camerounais pense tout bas. Un président qui ne dirige pas son pays est un homme dangereux pour le peuple.

A mesure que les Camerounais égrènent leur chapelet de misère, ni les cris désespérés de la population, ni les excitations machinées des politiques, ni les dénonciations infertiles de la presse, encore moins les gesticulations facétieuses d’une certaine diaspora en mal de repère ne semblent convertir la remarquable désaffection vis-à-vis de son peuple. Le chien aboie la caravane passe. Paul Biya, le chef de l’Etat est toujours à la tête de la République du Cameroun qui a pour deuxième capitale Genève en Suisse. Il y passera – comme d’habitude – un séjour privé en dépit de la valse inaudible et isolée des protestataires postés devant l’hôtel Intercontinental. L’heure n’est pas à l’écoute des plaintes. Le président se repose. L’heure n’est pas non plus à confabuler avec ses homologues sous le prétexte qu’une crise secoue sa voisine la République centrafricaine avec laquelle son pays partage une frontière de 797 kilomètres. D’ailleurs Ni Bongo fils qui l’attendait au Gabon, ni les autres chefs d’Etats, encore moins les Camerounais ne sont surpris par cette absence légendaire qui frise le mépris pour certains. Nul ne doute d’ailleurs de ce qui pourrait arriver si jamais le Cameroun connait un jour des bruits de bottes. « Si quelqu’un t’a mordu, il t’a rappelé que tu as des dents » dit l’adage.

Si « l’ignorance et la bêtise du peuple font la force du dictateur« , comme le soutient Jdan Noritiov, le Cameroun en est une parfait illustration. Entre temps les frontières de plus en plus poreuses laissent infiltrer l’insécurité. Boko Haram entre au Cameroun, Paul Biya en sort et les Camerounais dorment. Pendant que leurs femmes alignent sans discontinuer une pléiade de bâtards, les Camerounais, toujours aussi impuissants que maladroits, se confortent à parler de l’infidélité de la femme du voisin. L’avenir du Cameroun appartient aux peuple camerounais qui seul détient le vrai pouvoir: celui de se libérer. Toujours est-il que seule la prise de conscience et la maîtrise de ce pouvoir, saupoudrée d’une forte dose de solidarité, pourra sauver les meubles.

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