Cameroun - Agriculture. GABONAIS ET GUINÉENS À L’ASSAUT DU PLANTAIN CAMEROUN

Marie-Noëlle GUICHI | Le Messager Jeudi le 16 Aout 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Ils ont vidé Mvangan de ses plantains, malgré leurs prix élevés. Ce, au grand dam des revendeurs camerounais qui s’y sont rendus le 10 août 2012, question de profiter de l’ouverture de la foire régionale, pour s’offrir du plantain à vil prix, et aller faire fortune dans leurs bases.

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Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l’adage. Les bayam sellam l’apprennent à leurs dépens. Habitués à s’offrir de la marchandise presque cadeau dans les campagnes où les planteurs n’avaient pas jadis le choix faute de concurrence, ces revendeurs qui viennent le plus souvent des grandes villes camerounaises, constatent désagréablement un changement de la donne aujourd’hui.

Vendredi 10 août 2012 à Mvangan, dans le département de la Mvila, région du Sud, s’offrir le moindre régime de plantain n’était pas évident pour ceux-là qui écument souvent les zones rurales, s’approvisionnent moins cher, pour aller se « sucrer »en ville, sur le dos du consommateur impuissant. Avec la concurrence venue des pays voisins, les prix ont grimpé au champ aussi. Et vendredi, des acheteurs venus du Gabon et de la Guinée équatoriale raflaient les plantains, chargeaient leurs camions, tandis que ceux du Cameroun affichaient la mine de déception.

Sourire en coin, Atyam Suzanne, Déléguée de la Fédération des unions des Gics de Mvangan souligne : « Il n’est pas facile de trouver les produits alimentaires en vente dans les villages voisins de Mvangan, les revendeurs vont jusqu’en brousse pour acheter nos plantains, c’est dire que les retombées de la fête du plantain deviennent palpables. Ce qui a contribué à améliorer le quotidien des populations qui peuvent désormais vendre soit aux revendeurs qui sillonnent les villages, soit à la Mirap (Mission de régulation et d’approvisionnement des produits de grande consommation, Ndlr) qui, depuis quelques temps nous appuie dans la commercialisation à travers les ventes promotionnelles. » Rendue donc à sa 5ème édition, la foire de Mvangan produit l’effet escompté. Seul hic, la foire n’en est plus une véritablement.

Les gigantesques régimes trouvés ici au démarrage de cette initiative ont disparu des étals. La foire est devenue un marché ordinaire, où les produits n’ont plus rien d’impressionnant en terme de qualité. « La fête du plantain risque d’être victime de son propre succès si nous n’y prenons garde. Il devient de plus en plus difficile de convaincre les producteurs à conserver leurs produits pour la foire annuelle. Les bayam sellam surviennent la nuit pour leur proposer de l’argent », s’inquiète Atyam Suzanne. D’où sa doléance au gouvernement : « continuer à nous appuyer pour que la fête du plantain jusque- là orientée vers la promotion de nos produits, devienne également une puissante foire, qui devra permettre aux agriculteurs de veiller sur la qualité et l’importance de leurs produits ».




Où est passée la banque agricole ?

Plus concret, le maire de la localité, Minsili Eba Thomas, pense que la solution viendra de l’extension des plantations. Pour lui, les populations de Mvangan sont riches par de nombreuses terres fertiles et cultivables. Il faut produire sans cesse. Pour y parvenir,« l’accent devra être mis sur la formation de la jeunesse qui a opté pour le travail de la terre », suggère-t-il, tout en déplorant l’inorganisation des bayam-sellam. Révélation surprenante, « les plantains sont confisqués dans les cuisines par certaines personnes pour empêcher ceux venus de loin de s’en servir », regrette le maire qui n’en dit pas plus. Mais selon certaines indiscrétions, les planteurs craindraient une régulation des prix à cette foire ouverte par le ministre du commerce en personne, Luc Magloire Mbarga Atangana, connu pour ses actions en faveur de la lutte contre la vie chère. Conséquence, le site de l’exposition de Mvangan était moins garni, en qualité et même en quantité, que les années antérieures. Les villageois préférant sans doute attendre le départ des autorités pour se faire du beurre. Plusieurs camions venus des métropoles camerounaises à la recherche du précieux produit sont ainsi rentrés vides. Et les maigres régimes exposés étaient vendus à des prix exorbitants. Aucune différence avec les prix pratiqués en ville. Il n’y avait que les étrangers pour se les arracher comme du petit pain.

Devant cette forte sollicitude qui donne désormais une allure citadine à Mvangan, le magistrat municipal a sollicité des pouvoirs publics la construction d’un centre commercial pour une meilleure commercialisation du plantain dans la région. Comme début de solution à leurs nombreuses préoccupations, Luc Magloire Mbarga Atangana quant à lui a remis des brouettes, arrosoirs, machettes, pulvérisateurs à ces seigneurs de la terre afin qu’ils produisent plus et mieux. C’est un don du ministère de l’Agriculture et du développement rural, représenté à cette cérémonie par son conseiller technique, là où Jean Kuété, alors Minader avait l’habitude de se rendre lui-même, ou d’y envoyer son ministre délégué, Cathérine Ananga Messina. Le Mincommerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a même souhaité que le soutien gouvernemental soit étendu à l’octroi facile des crédits aux planteurs. Le grand absent de l’événement, le Ministre de l’Agriculture et du développement rural, Essimi Menye, qui en tant que ministre des Finances avant son porte feuille actuel, avait vainement promis une banque agricole aux Camerounais, n’a sans doute plus que ses yeux pour pleurer, maintenant qu’il en est demandeur. Son remplaçant au Minfi, Alamine Ousmane Mey, saura-t-il être clément ? Wait and see.

 

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