Cameroun - Education. Equilibre régional au Cameroun : Pertinences et enjeux !

L’Oeil du Sahel Samedi le 14 Mars 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La publication des résultats du concours d’entrée à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) a créé une grosse controverse au sein de l’opinion nationale, chacun y est allé de sa passion, de son émotion et même de sa sensibilité en fonction de ses intérêts propres ou ceux de sa région. Le principe de l’équilibre régional qui a sous tendu le management public depuis 1975 dans son volet nomination à des postes de responsabilité et l’accès aux grandes écoles du Cameroun a subitement perdu de sa pertinence auprès de certains compatriotes.

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Ses pourfendeurs ont profité du cafouillage des listes de l’IRIC pour demander sa suppression pure et simple. En vérité ces coups de boutoir assenés à cet instrument de régulation de nos diversités culturelles, ethniques et linguistiques, cachent le mal être de certains qui, sous le prétexte de la méritocratie absolue veulent s’accaparer de toutes les positions importantes et stratégiques de notre pays. Doit-on alors laisser prospérer la volonté des tenants de cette thèse?

 

Que reste t-il alors de la politique de l’équilibre régional qui a permis l’émergence des élites de toutes les régions de notre pays? En définitive, la politique de l’équilibre régional chère à nos dirigeants peut-elle se justifier aujourd’hui? En effet, la régulation sociale par la politique de l’équilibre régional est tributaire de plusieurs dispositions législatives et réglementaires. En substance, ces divers instruments juridiques recommandent que l’accès aux grandes écoles de la République tienne compte de la méritocratie académique d’abord mais également de la méritocratie régionale c'est-à-dire, que chaque région du Cameroun devra être représentée dans les divers concours administratifs organisés par la fonction publique Camerounaise.

 

Il en est de même lorsque les nominations à des postes de responsabilité au niveau administratif et même gouvernemental sont à pourvoir. Les origines de cette politique remontent au décret présidentiel n° : 75/496 du 03 juillet 1975 qui prévoyait la répartition des places pour les concours en tenant compte de la «région d’origine» des parents du candidat. Ensuite, le décret n° : 82/407 du 07 septembre 1982 est venu modifier et compléter le décret de juillet 1975. Le décret n° : 2000/696/PM du 13 septembre 2000 fixant le régime des concours administratifs a réitéré cette option.

 

 

 Mais, la précision chirurgicale de cette option est venue de l’arrêté du ministre en charge de la fonction publique de 1992, celui-ci tient compte du poids démographique des différentes régions. Cette approche de gestion des diversités et des contradictions n’est pas l’apanage du seul Cameroun, plusieurs grandes démocraties occidentales et même africaines pratiquent la politique des quotas pour réguler les multiples dysfonctionnements qui se posent à leur société. Ainsi, la France utilise la discrimination positive pour permettre à certains français issus des milieux difficiles à émerger, l’Afrique du Sud par la politique du Black Empowerment essaie d’arrimer les noirs au niveau des blancs sud africains par l’octroi de certaines opportunités, enfin les Etats-Unis par la politique de l’Affirmative Action qui était pratiquée a permis aux noirs américains d’avoir accès aux meilleures universités américaines.

Au niveau Africain, les pays comme le Burkina Faso, le Rwanda et le Mali pratiquent cette politique des quotas pour permettre à leurs citoyens de toutes les régions d’avoir accès aux emplois publics. En outre, le tribalisme aigu, le népotisme, le favoritisme, la corruption qui sont les grandes maladies du Cameroun ne permettent pas encore à notre pays de gérer les emplois publics en occultant la politique des quotas qui a permis la production des élites de toutes les régions avec pour principal avantage le développement impulsé dans plusieurs régions grâce à l’action de ses élites.

 

Aussi, l’inégalité de répartition ou la difficulté d’accès à l’éducation dans la partie septentrionale, les régions de l’Est et du Sud de notre pays, est une raison majeure pour le maintien de cette politique de l’équilibre régional. Il n’est même pas superflu de dire que la politique de l’équilibre régional est une chance pour le Cameroun, mieux un gage de paix et de stabilité. Celui qui, sans raisons fondamentales va s’attaquer à cette politique, s’attaque au même moment à la paix, la stabilité et la sécurité de notre cher et beau pays.

 

Abdoulaye Ado, Observateur socio-politique.

 

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