Cameroun - Emploi. Emplois dans la fonction publique : Comment le gouvernement camerounais trompe les jeunes

Mh, KOACI Yaoundé Mardi le 28 Juin 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le ministère de la Fonction publique vient de lancer une série de concours alors même qu’il n’a pas encore publié les résultats d’un recrutement spécial de 25000 jeunes.

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C’est dans un contexte international marqué par le soulèvement populaire en Tunisie que, sous pression, le chef de l’Etat camerounais avait décidé de lancer, le 10 février dernier, un recrutement spécial de 25000 jeunes à la fonction publique. Rongés par le chômage, plus de 300000 jeunes se sont rués vers les centres de dépôts de dossier. Le gouvernement avait alors indiqué que le 30 mai, les résultats seraient publiés et, en juin, les nouveaux fonctionnaires seraient affectés. Selon le calendrier gouvernemental, c’est à la fin du mois de juillet que « les 25000 » allaient percevoir leurs premiers salaires.
Depuis, les jeunes scrutent le babillard de la fonction publique et trépignent d’impatience. Les journalistes sont régulièrement sollicités pour savoir ce qu’il en est de ce fameux recrutement. « Des jeunes m’ont interpellé pour que j’inscrive le sujet parmi les sujets de débat » avouait Thierry Ngongang sur la chaîne de télévision STV2 dans son émission très regardé « Cartes sur tables » mardi dernier. Il se demandait même à l’occasion si la publication de ces résultats ne serait pas de nature à provoquer des troubles sociaux compte tenu du fait qu’il y aura plus de 275000 jeunes qui seront recalés et donc mécontents.

Cafouillage


Dépassé par les événements, le gouvernement livre chaque jour des versions différentes pour expliquer le retard et la suite du processus de recrutement. Dans un premier temps, le ministre de la Fonction publique (minfopra), Emmanuel Bondé, avait indiqué que compte tenu de la forte demande enregistrée dans certaines filières (c’est le cas des cadres administratifs qui représentent 34% des candidatures), les résultats allaient être publiés progressivement. C’est-à-dire, des filières les plus sollicitées aux filières les moins sollicitées. Peu de temps après cette étonnante annonce, des sources proches du minfopra laissaient entendre que l’on attend toujours les listes des postulants des Etats-Unis et de la Côte d’Ivoire. Une explication d’autant plus éculée que le processus a été informatisé. Récemment à l’assemblée nationale, le ministre Emmanuel Bondé a fait savoir aux députés, lors de la séance des questions orales aux membres du gouvernement, que la commission de recrutement attend toujours la validation par sa hiérarchie, des critères à retenir pour opérer la sélection des candidats.

Tâtonnements

L’argument avancé par le ministre est tout autant curieux que les précédentes. Le gouvernement a-t-il lancé ce recrutement sans savoir sur quelle base il allait recruter ? Oui, si l’on en croit le ministre Emmanuel Bondé. C’est en effet une impréparation totale qui a caractérisé cette opération de recrutement de 25000 jeunes. Le gouvernement n’a même pas donné les critères de recrutement dans l’appel à candidatures. Ensuite, surpris par l’extraordinaire affluence des postulants à Yaoundé, le gouvernement a dû délocaliser les points de dépôt des dossiers. Craignant que les bousculades des candidats ne conduisent à des morts comme on l’avait vu lors du dépôt des dossiers pour un concours d’entrée à la police. Par après, le gouvernement a commencé à livrer les premiers critères de sélection des candidats (priorité aux candidats les plus âgés, aux personnes mariées, aux diplômés les plus anciens etc.). L’annonce de ces critères a suscité un tollé dans l’opinion où les gens se demandaient si l’âge est un critère de compétence. Peu de temps après, le ministre insistait, sur les ondes de la radio de propagande gouvernementale, la Crtv, que seuls la compétence et le mérite allaient prévaloir. Et pourtant, les postulants n’ont pas passé d’épreuves écrites ou orales. Plus grave, pour un recrutement par études de dossiers, il n’a pas été demandé de CV (Curriculum vitae) aux candidats. Et, alors que les candidats attendent les résultats, les responsables du recrutement annoncent déjà que pour certaines filières (on ne sait pas lesquelles), il sera peut-être demandée à des candidats présélectionnés de passer des épreuves écrites et/ou orales. Enfin, jusqu’ici, on ne sait toujours pas le nombre exact de candidats qui seront recrutés par filières. Un vrai cafouillage.

Roublardise

Alors que les résultats n’ont pas encore été publiés, le gouvernement a lancé le 16 juin dernier une série de concours dont les filières sont presque identiques à celles du recrutement spécial des 25000 jeunes. Certains observateurs à Yaoundé croient savoir qu’il s’agit pour le gouvernement d’atténuer la furie des plus de 275000 jeunes qui seront recalés au recrutement spécial de 25000 jeunes, Ces derniers espérant qu’ils pourront toujours être admis aux concours lancés par le 16 juin. Seulement, s’il fallait débourser environ 5000 francs pour constituer ses dossiers pour le recrutement spécial, cette-fois, c’est environ 30000 francs qu’il faudra débourser. Et, le mécontentement n’en sera que grandissant pour ces autres milliers de jeunes qui auront dépense cet argent sans être retenu dans les concours du 16 juin.
Autre piste de lecture relevée par les observateurs, c’est que le gouvernement veut laisser en suspens la publication des résultats du 16 juin – et peut-être du recrutement spécial – le temps de faire passer l’élection présidentielle. Ce calcul, selon ces observateurs, repose sur l’argumentaire selon lequel, les jeunes espérant réussir à ces concours voteront pour le président Biya et ne se livreront pas à des révoltes populaires car, ils savent que l’espoir d’un emploi (à travers ces concours et recrutements) reposent sur la paix au Cameroun et sur l’administration du président Biya qui a lancé ces concours. D’ailleurs, les épreuves écrites et orales de la plupart des concours lancés le 16 juin auront lieu en septembre. A quelques semaines de l’élection présidentielle. Ce qui signifie que les résultats ne seront probablement pas publiés avant l’élection présidentielle.
Pendant ce temps, la lassitude et le découragement s’installent chez les jeunes et es postulants qui ont de plus en plus l’impression d’être les otages de promesses politiciennes et mensongères. Nous venons d’apprendre que le ministre de la fonction publique donne une conférence de presse demain à Yaoundé. Il fournira de nouveaux éléments sur la suite du processus.

 

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