Cameroun - Politique. Emeutes de février 2008: Les causes de ce violent mouvement huit ans après

Hervé Villard Njiélé | La Nouvelle Expression Vendredi le 26 Février 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La vie chère principale cause des émeutes de la faim, la contestation de la modification de la constitution par le président de la république et le chômage des jeunes constituent à nos jours le quotidien des camerounais qui ne cessent de se plaindre

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25 février 2008, 25 février 2016, il y a huit ans éclatait au Cameroun un violent mouvement de contestation que l’on a qualifié de : «émeute de la faim». Une grande action de consternation qui a débuté à Douala et s’est propagée dans les autres villes du pays avant de se généraliser.

Cette manifestation a entraîné la mort de plusieurs camerounais et la destruction de plusieurs biens. Même si le bilan exact des décès varie en fonction des sources d’information, il faut du moins noter que de source officielle, le ministre communication avait déclaré que plus d’une trentaine de personnes avaient perdu la vie dans  ce vaste mouvement révolutionnaire. Et que, des biens meubles et immeubles avaient été détruis, des offices publiques et bâtiments administratifs vandalisés.

 

Retour sur ce mouvement de contestation populaire qui garde ayant bouleversé toute la république

            

Tout part d’un  mécontentement orchestré par la  hausse du prix des carburants. En effet après la qualification de l’équipe nationale pour la finale de la Can 2008  qui se déroulait en Egypte, le 7 février 2008,  les conducteurs de taxi de mototaxi et les transporteurs, sont surpris en allant carburer que le prix du carburant a augmenté et de manière clandestine. A ce moment où, le panier de la ménagère est pratiquement vide, à cause de la crise économique ambiante, la tension est vive. Et les transporteurs dans l’ensemble lance un préavis de grève. Ils promettent de descendre dans la rue si rien n’est fait le 25 février 2008. Après deux semaines de tractation, le gouvernement ne cède pas. Il maintient le prix du carburant et la colère des transporteurs double. A cette hausse de carburant efficiente, s’ajoute également une imminente hausse du prix du pain, qui fait monter la colère d’un cran et généralise le malaise.

A toute cette tension, s’ajoute une autre latente. Il s’agit de la vive opposition au sujet de la modification de la constitution par le président Paul Biya. Pour des mesures de sécurités dit-on, le gouverneur de la province du Littoral a interdit systématiquement les manifestations de l'opposition, principalement ceux du Sdf, opposé  à la révision de la constitution. Le 23 février 2008 alors que Jean Michel Nintcheu député Sdf du Wouri-Est organise un meeting au carrefour Madagascar. Seulement, au moment ou celui-ci s’apprête à donner sa communication devant une foule nombreuse, des forces de l’ordre  interdise la tenue de cet évènement et disperse la foule. Pendant cet exercice pas aisé dans ce conteste tendu, un gendarme ouvre le feu sur les populations et sur le tas, on note des morts et des blessés graves. Comme du feu mis à une poudrière, les populations furieuses protestent et commencent les casses. C’est un affrontement entre les policiers et les populations. Les jeunes courroucés, choqués par cet acte barbare, détruisent une station service et mettent le feu à un bus de Socatur.  Sur coup, plusieurs jeunes sont arrêtés et maltraités. Beaucoup sont conduits dans des centres de détention, et des prisons. La nouvelle se transmet telle une trainé de poudre et embrase d’autres quartiers de Douala. Bonabéri, Bépanda, New-Bell, Makéa, Bessengue, Bilongue brûle. Des jeunes barricades des voies publiques et mettent du feu sur des roues en pleine chaussé. Douala est sous tension. Le 26 février 2008 date du début de la grève, la machine est lancée et ne peut plus s’arrêter. Ce malgré ; le sursoit fait à ce mouvement. Les jeunes sont dans la rue. Fous de rage, ils cassent et brulent sur la chaussée, les comptoirs de Pmuc, les palettes, les roues de véhicules. Les voies sont barricadées, la circulation est coupée. Les véhicules ne circulent plus. Dans les différents quartiers, c’est l’affrontement avec les forces de l’ordre. On enregistre, des morts, et des blessés graves. De tous les cotés car, la police et la gendarmerie tirent à balle réelles. Le pillage s’intensifie de même que les mouvements d’humeurs. Le nombre de mort grossie. D’autres villes s’embrasent, Bamenda, Limbé, Buea, Bafoussam, Loum, Djombé ,  Penja, Bafang, Yaoundé et les autres. Le mouvement est national. Face  au pillage qui s’intensifie, l’Etat qui ne maîtrise pas le mouvement décide de  sécurité des édifices et des entreprises.

A Douala pour assurer le ravitaillement des populations. Les boulangeries et des pharmacies à Douala sont Placées sous protection militaire. A Yaoundé, la manifestation prend une autre tournure. Le commissariat du quartier Mokolo est incendié. Le même sort est réservé à la mairie de Tsinga, à certains comptoirs au marché central, Mokolo et Essos. À la poste centrale, des manifestants ont brûlé des pneus sur la chaussée pour empêcher toute circulation.

A Douala, des manifestants présents sur le pont de Bonabéri sont contraints de se jeter dans le Wouri par la police qui tire à balles réelles. Les bilans font état des dizaines de morts par noyade.

Selon le bilan officiel, annoncé le 5 mars 2008 par le ministre camerounais de la communication, il y aurait eu 24 morts dont un policier et plus de 1 500 interpellations. Certains manifestants seraient toujours recherchés par la police. Ils sont considérés comme leaders des manifestants du quartier briqueterie à Yaoundé, la capitale politique. La radio Rfi avait dressé un premier bilan de 170 morts le 27 février 2008.

 

  Les causes toujours d’actualité

 

Huit ans après, rien n’a véritablement changé. Au contraire, la situation va s’empirant. A coté de la crise économique ambiante,  la vie chère, le  taux de chômage des jeunes  élevé,  le prix du carburant toujours élevé malgré la chute drastique du prix du baril sur le marché mondial, s’ajoute aujourd’hui un problème de coupure intempestive d’électricité. Coupure qui au jour d’aujourd’hui a déjà fait plus d’une vingtaine de morts suite aux incendies dans les seules villes de Douala et Yaoundé.

Il se pose également un problème criard d’approvisionnement en eau potable. Des quartiers passent des mois sans eaux à Douala et à Yaoundé. On voit tous les jours des camions de sapeurs pompiers livrés de l’eau dans les quartiers. Une situation  qui laisse penser qu’on n’est pas loin  d’une autre crise sociale.

 Sur le plan politique, on est au bord de l’implosion avec des appels à candidature qui se multiplient  dans les différentes régions invitant le président Paul Biya à se représenter aux élections présidentielles de 2018. Le spectre de la modification de la constitution et de l’organisation anticipée des élections présidentielles plane. Le tout dans une ambiance d’insécurité parfumée par la lutte contre Boko Haram  dans la région de l’Extrême-Nord.  Pour dire vrai, le Cameroun n’est pas loin de ce qui s’est passé en 2008 et pire encore Du moins l’Etat a intérêt que cela ne se répète plus.  Car, des stigmates de cette crise sociale sont encore perceptibles. Plusieurs prisonniers de cette crise sociale comme Paul Eric Kingue  bien que libre aujourd’hui, ont toujours des démêlés avec la justice. Ce dernier paie les frais de ce mouvement. Pourtant ils ne sont pas à l’origine. Des sources concordantes déclarent  que la faute de l’ex maire de Njombé-Penja serait le fait qu’il a déclaré sur les ondes de radio équinoxe le nombre exact de mort qu’il y a eu à Njombé pendant cette crise sociale.

 

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