Cameroun - Education. Education : à l’heure du bilinguisme intégral

Cameroon-Tribune Mercredi le 25 Janvier 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Depuis trois ans, le Minesec a lancé une expérience visant à amener les élèves à passer les examens à la fois en français et en anglais.

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Six lycées et collèges ont été retenus à Yaoundé pour expérimenter le bilinguisme intégral dans les établissements secondaires du Cameroun. L’idée étant de produire des Camerounais parfaitement bilingues au sortir du secondaire. Parmi les établissements pilotes : le lycée de Ngoa-Ekelle. Ici comme ailleurs, tout a commencé il y a trois ans. Actuellement, la première cuvée est en classe de 4e. Selon le proviseur de ce lycée, Marie-Thérèse Bep, « les élèves devraient suivre tous les cours aussi bien en français qu’en anglais. Hélas, il manque d’enseignants anglophones, ou tout au moins bilingues », regrette-t-elle. Conséquence, le bilinguisme ici n’est pas si intégral, avec seulement trois disciplines dispensées dans les deux langues, dont les mathématiques.

Maurice Pierre Djougang, enseignant de mathématiques, affirme qu’il dispense normalement le cours en français et c’est seulement à la fin de chaque chapitre qu’il fait un résumé en anglais. « C’est vrai que je m’exprime bien en anglais, mais il me serait difficile de dispenser des cours dans les deux langues. L’idéal pour réussir cette expérience serait que l’Ecole normale forme des enseignants bilingues à la base », suggère-t-il. En attendant, le proviseur dit avoir posé le problème du manque d’enseignants à la hiérarchie, qui devrait trouver une solution d’ici la rentrée prochaine. « Puisque l’année prochaine, selon le programme expérimental, les élèves rendus en 3e bilingue devront passer les examens officiels des systèmes anglophone et francophone en même temps ». Et à ce rythme, les apprenants eux-mêmes ne se sentent pas prêts.

« C’est vrai que je suis parfaitement bilingue, mais je ne pense pas pouvoir faire le GCE O Level parce que je n’ai pas la maîtrise des notions scientifiques en anglais », avoue Christiane Essama, élève en classe de 4e bilingue. Franck Obama, également en 4e, soutient que « l’Education civique et morale (ECM) n’est pas différente du Civics. Et les mathématiques sont pareilles dans les deux langues. Donc, si tu comprends la matière dans une langue, c’est suffisant pour les deux », affirme-t-il, comme pour dire qu’il ne se sent pas du tout surchargé.

En réalité, le bilinguisme intégral à l’école ne date pas d’hier. La plupart des lycées bilingues des régions anglophones du pays s’y sont mis depuis longtemps. Mais dans la partie francophone, c’est une nouveauté qui réussit plus aux lycées bilingues, à l’instar du Lycée bilingue d’Application de Yaoundé, où le problème du manque d’enseignants ne se pose pas.



John Suh Njibamum: « Les élèves des classes bilingues excellent»
24 Janvier 2012 National - Société


Inspecteur de pédagogie chargé de la promotion du bilinguisme au Minesec.

Le programme pilote de bilinguisme intégral est-il un moyen plus performant d’apprendre l’anglais et le français ?

Nous tenons avant toute chose à apporter quelques précisions. Le bilinguisme dont on parle au Cameroun est une option constitutionnelle. Il concerne et l’enseignement/apprentissage du français pour les anglophones, et l’enseignement/apprentissage de l’anglais pour les francophones. A ce titre, les deux langues sont enseignées aujourd’hui dans les deux sous-systèmes éducatifs à partir de l’école maternelle. Arrivés au secondaire, le français et l’anglais ne sont plus de nouvelles matières pour les apprenants. Au-delà de la création des lycées bilingues qui mettent ensemble les deux sous-systèmes anglophone et francophone, le ministère des Enseignements secondaires (Minesec) met en œuvre, depuis la rentrée scolaire 2009-2010, un nouveau programme appelé : Programme d’éducation bilingue spécial (PEBS) dans des établissements pilotes. Ce programme est particulier dans son contenu qui est différent de celui en application dans les autres établissements secondaires. Il comporte dans sa mise en œuvre, trois modules essentiels et indivisibles. Le premier module est l’anglais ou le français intensif; le deuxième c’est l’enseignement des matières non linguistiques dans l’autre langue officielle que nous appelons aussi le module transversal immersif (Education à la Citoyenneté, Sport et Education Physique, Travail Manuel). Enfin, il y a le Module 3 qui porte sur les activités co-curriculaires (activités informelles, hors des salles de classes et dans les clubs). Ce sont là autant d’éléments qui attestent d’une meilleure performance de la part des apprenants.

Quelles méthodes pédagogiques applique-t-on dans ce processus ?

Il est évident que dans le processus enseignement/apprentissage des langues, la méthode utilisée aujourd’hui est celle de l’approche communicative où l’élève est au centre de l’apprentissage et acquiert les quatre compétences linguistiques que sont l’écoute active, la parole, la lecture et l’écriture. Pour ce qui est de nos établissements pilotes, l’accent est beaucoup plus mis sur la pratique intensive de la langue à travers l’immersion partielle, où certaines disciplines sont enseignées aux élèves dans l’autre langue officielle. D’autres aspects interviennent, tels que le développement de la créativité à travers des activités de clubs, espaces ludiques, de pratique linguistique et d’acquisition d’autres compétences de vie courante (des savoir-faire et des savoir-être). Le développement de la culture de la lecture est un autre aspect spécifique de ce programme.

Quels en sont les résultats observés jusque-là ?

Nous vous dirons sans ambages que les résultats sont bons dans l’ensemble. Mais nos élèves des classes bilingues excellent dans leurs performances, quel que soit le sous-système ou l’ordre d’enseignement. Le PEBS est d’ailleurs de plus en plus sollicité par les parents qui nous harcèlent au point de nous amener à bousculer les normes d’accueil dans ces classes spéciales, où l’effectif se limite à 60.

 

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