Cameroun - Santé. Dr Mauriceau Foddjo: «Le virus de l’hépatite B se transmet comme le Vih»

Lucienne Wouassi | La Nouvelle Expression Jeudi le 21 Janvier 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Hépato Gastro-entérologue, Dr. Foddjo revient sur la pathologie des hépatites B et C. Il présente les causes, les symptômes, les coûts en termes de traitement et insiste sur la prévention qui est le seul moyen pouvant permettre l’éradication de cette maladie.

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 Qu’est-ce que l’hépatite ?

 

Il faut le dire l’hépatite est un problème de santé publique méconnu, un problème de santé publique comme le Vih, l’hypertension artérielle, le diabète. Donc, c’est une inflammation du foie. Et il existe plusieurs types à savoir : l’alcool peut détériorer le foie et on va parler de l’hépatite alcoolique. Les médicaments de la rue, tout comme certaines pilules peuvent causer une hépatite et on va appeler ça une hépatite médicamenteuse. Ce qu’il faut retenir, c’est que 90% des hépatites sont dues  aux virus. Les virus des hépatites n’ont cessé d’égrainer les lettres de l’alphabet à savoir A, B, C, D, E, G et T.  Mais ce qui nous intéresse, c’est  surtout l’hépatite B, D et C, parce que ce sont ces trois hépatites qui vont évoluer vers la chronicité, qui peuvent rester dans le corps et créer certaines complications.

 

Quelles sont les causes des hépatites ?

 

L’hépatite B, C et D sont causées par un virus. Il est important de savoir comment on contracte ce virus. Parlant de l’hépatite B , il est important de savoir qu’il y a ce qu’on appelle la transmission sur un mode vertical, de la mère à l’enfant, pendant l’accouchement ou pendant la période périnatale. C’est un mode de transmission très fréquent en Afrique. Environ 15 mille nouveaux nés  sont infectés par an ici au Cameroun  par le virus de l’hépatite B. Le deuxième mode de transmission, c’est la transmission horizontale, la transmission sexuelle via les rapports non protégés par un sujet porteur de virus de l’hépatite B. La transmission par les objets de toilettes souillés de sang contaminé, comme des ciseaux, des lames de rasoirs, le matériel de pédicure, de manucure, la transmission par la scarification, par le tatouage, et la transmission par la transfusion sanguine existe, même si c’est de plus en plus rare. Il y a dans le nord Cameroun, des pratiques ancestrales telles que l’excision des femmes  et c’est ce qui explique le taux de prévalence élevé dans le nord et l’extrême nord.  Pour ce qui est de l’hépatite C, il est rarement transmissible de la mère à l’enfant, et par voie sexuelle. Pour revenir sur l’hépatite B, il y a également la transmission par voie salivaire. C’est-à-dire une personne infectée, contaminera facilement son partenaire au cours d’un baiser. En résumé, le virus de l’hépatite B se transmet comme le Vih, à la différence que celui du Vih ne se transmet pas par la salive. Il faut le dire que ce virus est très résistant. C’est ce qui explique, sa forte transmission par rapport à celui du Vih.

 

Quels sont les symptômes de  cette maladie ?

 

Je vais d’abord vous parler des groupes à risque parce que cela  est important dans la prévention. Il y a ce qu’on appelle les risques liés à la profession, à savoir nous les professionnels de santé, les professions de sécurité tels que les militaires, les gendarmes. Il y a aussi le risque individuel, les jeunes étudiants qui sont vagabonds sexuellement. Il y a des risques dus à la maladie, comme des hémophiles drépanocytaires qui sont amenés à transfuser en permanence. Il y a également les risques dans les milieux fermés, et ce sont les prisonniers. Et tout ceci est important à savoir dans la stratégie d’éradication de l’hépatite. Pour ce qui est donc des signes cliniques, ils ne sont pas spécifiques. Ce sont des  signes vagues tels que la fatigue, une fièvre qui ne guérit pas, c’est-à-dire que  le sujet a mal aux articulations, les yeux jaunes, les maux de têtes accompagnés de certaines lésions de la peau. Et quand ces signes se présentent, il faut penser à se faire dépister pour ne pas tomber dans les complications qui est la modification de la structure du foie qui se transforme en une cirrhose, parce qu’il y a des modules dans le foie.  Et à un stade ultime, on va parler de cancer primitif du foie, qui est le premier cancer de l’appareil digestif en Afrique subsaharienne. Les enfants de 9 ans vont faire un cancer de foie tout simplement parce que leur mère porteuse de virus de l’hépatite B, leur a transmis pendant la naissance. Aujourd’hui je reçois 2 à 3 femmes par semaine  qui viennent en consultation parce qu’on a dépisté l’hépatite B. Donc la prévention passe également par la femme, c’est elle qui va changer le faciès épidémiologique de cette pandémie.

 

 Est-ce que vous pouvez nous parler des difficultés que rencontrent les malades ?

 

Le malade chez qui la sérologie est déjà confirmée, son problème est d’ordre économique. Il faut le dire, l’hépatite est encore cher. Le bilan avant traitement n’est pas encore à la portée du Camerounais moyen. Il s’agit d’au moins 150 mille, parce qu’il faut faire des échographies et certains textes qu’on envoi en Europe et attendre les résultats pour savoir la quantité de virus présente dans le sang. Mais cela n’empêche pas que les Camerounais aillent se faire dépister. Il y a les campagnes de dépistage gratuit, il y a des campagnes à moindre coût. Pour ce qui est du traitement, il est tout aussi onéreux. Mais il existe aujourd’hui un vaccin contre les hépatites B, et pas encore pour l’hépatite C. Le traitement contre l’hépatite B consiste à calmer le virus, contrairement au traitement du virus de l’hépatite C qui permet d’éradiquer complètement le virus dans le sang. Parlant  de l’hépatite C qu’on peut guérir complètement, le traitement il y a huit ans en associant deux molécules, on pouvait dépenser 11 millions pour 48 semaines.

 

Le Cameroun vient de recevoir un stock de molécules de 500 traitements,  qui va réduire les coûts de traitement de l’hépatite C, qu’est-ce que cela peut apporter de manière concrète dans la lutte contre cette maladie ?  

 

Il faut féliciter le gouvernement pour cette initiative, même si 500 molécules ce n’est pas trop. Moi je vais féliciter, l’entrée de cette nouvelle molécule. Parce que le stock actuel ne peut pas atteindre le Camerounais de Yokadouma qui souffre d’hépatite. C’est pourquoi en matière de lutte contre les hépatites, je propose qu’on mette sur pied un programme national qui va permettre de décentraliser cette lutte au niveau des régions et des départements. Et tout cela  va passer par la formation des formateurs,  du personnel médical et paramédical à savoir les médecins,  des sages-femmes, des instituteurs, des journalistes, des députés… Je crois c’est la première étape. C’est bien pour le nouveau traitement, mais combien de Camerounais vont en profiter, donc la meilleure prévention sera la vaccination. Avec le nouveau traitement on va partir de 11 millions en 2012, on a chuté  de 3 à 4 millions Fcfa. Et aujourd’hui avec 1 million pour l’hépatite C, les génotypes  les plus rebelles qui sont  le 1 et le 4, il faut au minimum 1 100 000 Fcfa pour un traitement sur 12 semaines. On était à 48 semaines, mais avec cette nouvelle molécule, on passe à un antiviral  à action directe qui tire directement et détruit le virus en 90 jours. C’est donc un médicament très important et on vient de franchir un pas, mais les efforts restent à faire de la part du gouvernement, pour aider le camerounais moyen.

Propos recueillis par Lucienne.Wouassi

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