Lutte contre Boko Haram. Douala : La burqa se porte bien

Aubin-Stève Medou | La Nouvelle Expression Vendredi le 17 Juillet 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Indexé pour sa forte implication dans les récentes exactions terroristes dans notre pays, le voile intégral reste très présent dans la capitale économique.

ADS



Il est 14h30 au carrefour Anatole à Douala. Ce coin populaire rattaché au quartier New-Bell, est aussi un grand foyer de la communauté musulmane. L’activité commerciale bat son plein. Les fidèles musulmans font les derniers achats en attendant l’apparition de la lune. Sur la rue qui longe la façade de la mosquée centrale, trois femmes apparaissent, toutes de noir couvertes. Seuls les yeux sont visibles à travers ce voile intégral, encore appelé burqa. Une image face à laquelle il est difficile, voire impossible de ne pas retenir sa respiration, quand on se rappelle des derniers attentats perpétrés par la secte Boko Haram dans l’Extrême-Nord et au Tchad voisin.

Le 29 juin dernier, le préfet du Noun, Donatien Bonyomo interdisait le port de la burqa. Inspiré par les actions terroristes qui ont cours dans le Septentrion, il prohibait alors à toute personne non identifiable à vue de circuler sur la voie publique, d’emprunter un moyen de transport public et de fréquenter des milieux de grand rassemblement tels que les marchés, gares routières, obsèques et autres. Le Tchad, pays à forte civilisation islamique a également appliqué cette mesure. A Douala, la perception semble être différente. La burqa y circule sans risque d’être inquiétée.

Pour Aladji Mohaman, prédicateur à la mosquée centrale de Douala, le port du voile est une prescription coranique. « Le prophète en a parlé. Les femmes doivent couvrir leur corps. Ça leur éviterait d’être offensées par certaines personnes non musulmanes », déclare-t-il. Mais il se désole de l’usage que la secte Boko Haram en fait, avec notamment la pratique  qui consiste pour ces terroristes à emprunter des mototaxis dans la ville de Maroua, tuant les conducteurs avant de s’emparer de leurs engins. « A partir du moment où les gens s’en servent à des fins néfastes, ce n’est plus une obligation religieuse », lance le dignitaire. Il martèle toutefois que « Le non port du voile montre les atouts de la femme de manière flagrante dans la rue ». C’est selon lui la raison pour laquelle la solution n’est pas d’interdire la burqa ou hijab.

Abdudlahi Mafara, prend la question avec moins de tempérance. « Si Boko Haram se sert de la burqa pour bombarder, c’est son modèle d’opération », lance ce fidèle musulman dont le village a été détruit par ladite secte. « On ne peut pas inculper une religion aussi noble pour ça », ajoute-t-il. Pour lui, la solution est de mettre à contribution les services de sécurité. « On n’a jamais interdit à la police de fouiller nos femmes », déclare Abdudlahi. Révolté, il préconise « Qu’on rase aussi les cheveux des chrétiennes, puisque le trafic de drogue passe par là ».

Fidèle musulmane, Palmata Ibrahim rejette la crédibilité de cet accoutrement. « Je suis contre la burqa. Ce n’est pas en la portant qu’on est fervent musulman, d’autant plus que ce n’est pas une condition en Islam », lance-t-elle. « Au contraire, ça facilite la voie aux terroristes. C’est une chose qui doit être bannie de nos sociétés », ajoute-t-elle. S’appuyant sur les fillettes dont se sert Boko Haram pour ses attentats, cette journaliste de formation épouse l’opinion de nombre de camerounais qui veulent voir disparaitre le phénomène.
 

ADS

 

Lire aussi : Lac Tchad: sept militaires tués dans l’explosion d’une mine

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS