Cameroun - Jeunesse. Durant les vacances en fin d’année scolaire: Elèves, commerçants et manœuvres

cameroun24.net Samedi le 29 Juin 2019 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
A Douala, la deuxième ville du Cameroun, vacances scolaires riment avec commerce, porte-faix et autres petits boulots pour des milliers d’élèves qui trouvent dans ces emplois temporaires le moyen d’avoir de quoi se payer des fournitures pour la prochaine rentrée ou appuyer financièrement leurs parents.

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Pour ceux s’adonnant au commerce, on les trouve dans la rue, les marchés, aux alentours des bars, des terrains de jeux et des églises. Des lieux de forte concentration humaine où les élèves proposent aux éventuels acheteurs des arachides, du maïs, de la banane plantain, des œufs bouillis, du thé, du café, du lait, des beignets et du pain.

Spécialisé dans la vente des arachides, Richard, un lycéen de 14 ans, s’adonne toute la journée à  son commerce.  Ainsi, il quitte sa maison à 7h et ne rentre qu’à 18h. Peu bavard sur ces recettes,  Richard qui s’est lancé dans le négoce en même temps que ses autres frères --des lycéens également-- confie que « le fruit de ces ventes (d’arachide) nous permet de préparer la rentrée scolaire (…) et d’en donner à nos parents. Ils n’ont pas assez de moyens, donc c’est normal que nous leur venions en appui ».

Après avoir interrogé plusieurs autres élèves exerçant la même activité que Richard, on est arrivé à se faire une idée de ce que rapporte la vente des arachides : acheté à 5000 FCFA, un plateau de ces oléagineux peut générer à la revente un bénéfice de 1000 FCFA. Une partie de l’argent gagné est mis de côté pour les fournitures à acheter ou l’appui aux parents et l’autre partie réinvestie dans l’achat de marchandise.    

Contrairement à Richard et ses frères, habitués à marcher pour s’en aller proposer, un plateau d’arachides sur la tête, leurs produits aux passants, d’autres élèves vendent sur place, dans une cantine ou au coin d’une rue, leurs marchandises.      

C’est le cas de Mariama. Le temps des vacances, elle a remplacé sa mère, spécialisée dans le commerce du maïs braisé et des prunes. « C’est maman qui vendait ici. Mais comme ce sont les vacances, elle me cède sa place. Je vends ici jusqu’à la veille de la rentrée », a-t-elle expliqué.

Selon la jeune écolière, la revente au détail d’un sac de maïs et d’un panier de prunes peut lui rapporter «3000 FCFA par jour ».

Peu chanceux comme Mariama, d’autres « élèves-commerçants » font le tour de ville en poussant devant eux une brouette remplie de prunes ou de poissons braisés, voire de viande grillée.

Délaissant le commerce, d’autres élèves se muent en manœuvres et on les voit dans les chantiers à Douala, transporter du sable, du ciment ou encore ravitailler en eau les ouvriers professionnels. Pour ces petits travaux, le salaire journalier est compris entre 500 et 1000 FCFA.

Cette main d’œuvre moins chère est prisée par beaucoup de chefs de chantier, affirme Jérémie Assangui. « Sous prétexte de nous aider, dénonce le lycéen, ils (chefs de chantier) nous exploitent car un adulte effectuant les mêmes tâches serait forcément payé trois plus que nous».

Cette prise de conscience se retrouve chez presque tous les élèves s’étant lancés dans une activité professionnelle durant ces vacances mais il faut croire qu’à cause de leurs difficiles conditions de vie ils sont obligés de tout accepter pour se faire de l’argent. C’est pourquoi, d’autres élèves, à défaut de faire du commerce ou d’investir les chantiers via une brouette s’adonnent au port des bagages ou des emplettes des femmes faisant le marché.

Moyennant 100 ou 200 FCFA, selon la distance, le poids de la charge mais aussi « la générosité de la maman ou de la tantine», ce jeune élève trouvé debout devant une brouette guette du regard les éventuelles clientes au sortir du marché de Douala.

Aussi admirable que soit l’ambition de ces élèves qui ont opté de pas « attendre tout» de leurs parents, il reste que beaucoup d’entre eux enfreignent la législation camerounaise car n’ayant pas l’âge légal pour travailler, c’est-à-dire plus de 14 ans. Certains des élèves rencontrés ont, certes, 17 ans, mais beaucoup ont 14 voire 12 ans.

Ce tendre âge est doublement rédhibitoire : d’un côté, les grandes personnes ferment les yeux sur la loi et profitent de la force de travail des jeunes garçons et, de l’autre, de méchants adultes les agressent nuitamment pour s’approprier leurs maigres économies.     

 Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), dans un rapport publié récemment au Cameroun, a dénoncé le travail des enfants dans certaines régions du pays, regrettant que cette situation soit à l’instigation des parents et avec la bénédiction des autorités.

Mbog Achille

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