Cameroun - Economie. Direction générale du Port autonome de Kribi : batailles souterraines de positionnement

Nestor DJIATOU | Sans Détour Mercredi le 27 Juillet 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La définition du statut juridique du Pak à travers le décret présidentiel du 29 juin, sert de détonateur à une série de textes encore en attente, qui devront peaufiner le cadrage juridique de la nouvelle institution.

ADS

Dans ce sillage, d’autres décisions importantes devront intervenir dans les jours à venir dans l’optique d’éliminer les goulots d’étranglement et de permette à la structure portuaire d’engranger son fonctionnement optimal et d’affirmer sa compétitivité. Ainsi en est-il de la désignation des organes dirigeants de la société, à commencer par les membres de son conseil d’administration, de la direction générale et des autres organes d’administration courante, à l’instar du commandant du port, du chef pilote ou des directeurs des ressources humaine et financières.

Toutefois, au milieu de ces postes ouverts au recrutement, celui du directeur général nourrit des convoitises les plus corsées. Son mirobolant capital social, fixé à la bagatelle de 207, 270 milliards de Fcfa, issu des prêts d’Exim bank of China et des contributions de l’Etat du Cameroun, constitue un véritable nectar à abeilles. Suffisant pour alimenter des guerres insidieuses de positionnement au sein des groupes qui bagarrent au sein du sérail pour le contrôle des postes de gestion. Selon des sources introduites, mêmes certains membres du gouvernement ne cracheraient pas sur le poste de Directeur général. La question était sousjacente au meeting de remerciement que les élites de l’Océan ont organisé jeudi dernier à kribi pour exprimer leur gratitude au Président Paul Biya pour la nomination de Charles Pythagore Ndongo à la direction générale de la Crtv, et pour la création du Port autonome de kribi. Mais dans les coulisses de la manifestation, les élites rivalisaient de manoeuvres pour exiger du sommet de l’Etat la désignation d’un ressortissant du Sud au prestigieux poste de Directeur général du Pak. Il se dit d’ailleurs que de nombreux noms sont sur les tablettes du pouvoir, proposés par les tenants du régime, et particulièrement ceux du sud qui entourent Paul Biya. Et les pressions en vue de la désignation de celui qui sera l’heureux élu pourraient ressusciter le vieux démon des combats feutrés entre les proches du président.

Selon des murmures dans les allées de la présidence de la république, le comité de pilotage du projet proposerait Barthélémy Melom, son coordonnateur de l’unité opérationnelle au prestigieux poste ouvert. A son crédit, on évoque sa parfaite maitrise du projet dont il avait accéléré les travaux de construction après l’éviction de son prédécesseur en 2012. Mais l’activation de sa candidature cacherait une autre ambition pernicieuse, celle de libérer un poste non moins juteux au sein du comité de pilotage, où il est moins compliqué de positionner un poulain. Pour autant, la nomination de Barthélémy Melom est loin d’être acquise. Sa candidature devrait faire face à une autre plus coriace, émanant de la tutelle technique du Pak. Il s’agit de celle de Richard Evina Obam, manifestement le fils du sud le mieux placé. Le nom du président de l’association camerounaise des anciens élèves de l’Ena de Paris est mijoté depuis de longues dates dans les réseaux introduits de la république.

Ancien Directeur en charge des grandes entreprises à la direction générale des Impôts, la candidature du natif de Meyomessi se susurrait déjà dans les coulisses du renouvellement des dirigeants des organes de base du Rdpc à Zoétélé depuis novembre 2015, où il faisait office de président de la commission communale de renouvellement.

Reste à savoir Si Paul Biya écoutera les différentes sirènes de positionnement qui bourdonnent dans ses oreilles.

Car la gestion d’un port de l’envergure du mastodonte de kribi ne saurait s’adosser sur des considérations affectives et régionalistes, mais appelle une véritable maitrise des outils modernes de gestion des grandes entreprises.

 

Pak : un port à mille retombées

A vec un tirant d’eau de 15 mètres et sa capacité à accueillir les navires de plus de 100 000 tonnes, le port autonome de kribi est le plus compétitif de la côte ouest-africaine, mais aussi le plus important investissement portuaire d’Afrique de l’Ouest et du Centre depuis 50 ans. Relié à la mer par un chenal de 650 mètres de long, 200 mètres de large et 17 mètres de profondeur, le plan d’eau des manoeuvres, constitué d’une zone d’évitage de 600 mètres de diamètre, est protégé de la houle par une digue de talus de 1852 mètres, scellé par un musoir. Il dispose en outre d’un quai de 615 mètres de linéaire, dont 350 de terminal à conteneurs et 265 de terminal polyvalent. Il est disposé à accueillir un trafic de 350 000 EvP conteneurs de 20 pieds par an, pour un volume de 1 500 000 millions tonnes de marchandises par an, constitué de 35 millions de tonnes de minerais de fer, 3,5 millions de gaz liquéfié, plus de 03 millions d’hydrocarbures, 1,6 millions de tonnes d’aluminium, 02 millions de tonnes d’alumine, et 1,2 millions de tonnes de cargo. Ouvert sur le golfe de Guinée, le Pak sert déjà de point d’aboutissement au pipe-line Tchad-Cameroun, par lequel transite le pétrole tchadien exploité à Doba, et devrait servir également de débouché pour le transport maritime des produits émanant des autres pays comme la Rca, le Gabon, le Congo, la République démocratique du Congo, ou le nord de la Guinée équatoriale.

Toutefois, c’est sur l’économie camerounaise que le Pak devrait faire ressentir toute son importance.

Sa construction a déjà permis d’employer près de 600 personnes, sur différents chantiers du complexe. En plus,, ce sont au moins 20 000 emplois directs et indirects qui sont attendus dès la mise en service de l’infrastructure. Ses effets induits sont également incommensurables : une ville nouvelle à Mboro d’une population estimée à 10 000 habitants, avec des commodités qui vont avec l’urbanisation : eau potable, électricité, connexion aux réseaux de communications, etc. Des acquis auxquels s’ajoute la construction d’un chemin de fer entre kribi et Mbalam, et d’une route de près de 30 kilomètres reliant la ville balnéaire au complexe industrialo-portuaire.

Cerise sur le gâteau, le Pak va changer radicalement le visage de l’industrialisation du Cameroun, à travers les activités telles que l’exploitation et l’exportation du fer de Mbalam, la construction envisagée d’une usine d’alumine et des centrales électriques pour accompagner cette exploitation. Des impacts qui en plus de contribuer radicalement à la réduction du chômage, devront entrainer des gains substantiels pour le portefeuille financier de l’Etat, qui attend de l’exploitation du mastodonte pas moins que 350 milliards de Fcfa de dividendes annuelles. De quoi envisager l’émergence avec optimisme.

Dossier réalisé par Nestor DJIATOU

ADS

 

Lire aussi : Aristide Bounah s'insurge contre la démolition des enseignes publicitaires des commerçants
Lire aussi : Phillipe Tagne Noubissi : De vendeur à la sauvette à PDG des supermarchés Dovv

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS