Le chef de l’Etat prend rarement part aux sommets de l’Union africaine et aux réunions de la Cemac.

ADS

Qui se souvient de la dernière fois où le président de la République, Paul Biya, a pris part à un sommet de l’Union africaine ? Il faut fouiller jusque dans les tréfonds de sa mémoire pour se remémorer en effet la dernière fois où le chef de l’Etat camerounais a communié avec ses pairs d’Afrique à cettte grand-messe, tant il sèche généralement ces rendez-vous. Avant hier, au moment où le 21ème sommet de l’Union africaine, qui coïncidait cette année avec les 50 ans de l’organisation, prenait fin à Addis-Abeba en Ethiopie, le président Biya choisissait de se rendre en Europe pour un bref séjour privé.

En compagnie de son épouse et de sa délégation, ils ont survolé le ciel éthiopien pour se rendre, selon toute vraisemblance, en Suisse, pour un repos (bien mérité ?) d’une durée indéterminée. En l’absence du président Biya, ses pairs africains, en compagnie de François Hollande, ont parlé de « renaissance africaine » et des problèmes de sécurité au moment où le Sahel, l’Afrique de l’Ouest et la région des Grands lacs font face aux affres du terrorisme. La voix du Cameroun a donc timidement été portée par le ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo.

Pour Mathias Owona Nguini, l’absence du président Biya à Addis-Abeba est tout simplement regrettable. « C’est tout à fait dommage que le président Biya ne soit pas allé au cinquantenaire de l’Union africaine au moment même où il y a des questionnements sur les stratégies que les Africains doivent mettre en place pour que l’unité africaine soit plus consistante et débouche sur une intégration véritable. C’est regrettable que le leader camerounais ne participe pas à ces discussions qui sont supposées donner à l’Afrique les moyens de son autonomie », se désole l’universitaire.

Or, dans le même temps, le président Biya ne manque pas l’occasion de se rendre par exemple dans les sommets de la Francophonie où il joue des coudes pour arracher un tête-àtête avec les dirigeants français. « Il y a une sous-estimation stratégique de la valeur des lieux de concertation d’Afrique », analyse Mathias Owona Nguini. Lors de la crise centrafricaine, l’absence du président Biya avait déjà été retentissante. Avant le renversement de François Bozizé le 24 mars par la rébellion de la Seleka, des chefs d’Etat d’Afrique centrale s’étaient réunis à Libreville le 11 janvier en compagnie des différentes parties au conflit. Paul Biya avait faussé compagnie à Ali Bongo, Sassou Nguesso et les autres.

Le 3 mai dernier à N’Djamena au Tchad, en l’absence du président Biya, les pays de la Cemac, en compagnie du Sud-Africain Jacob Zuma ont décidé de la création d’un fonds spécial pour aider la Rca à retrouver son équilibre économique et politique. Le Congo Brazzaville mettra 5 milliards dans la caisse, le Gabon, le Tchad et la Rdc ont également apporté leur contribution. Dans ces conditions, le Cameroun est-il en train de perdre pied en Afrique centrale au profit des pays comme le Tchad ou la Guinée équatoriale, dont les dirigeants se montrent plus offensifs et présents ? « Le Cameroun a déjà perdu pied d’une certaine manière. Cette politique d’absence réduit considérablement la capacité de persuasion de son leader quand il faut évoquer les dossiers régionaux », tranche Mathias Owona Nguini.

ADS

 

Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun
Lire aussi : Abdouraman Hamadou Babba : «Le Président du Conseil constitutionnel, est obligé d'expliquer pourquoi le Président de la République veut prolonger le mandat des députés»
Lire aussi : L’honorable Nourane Fotsing appelle à la libération de Bibou Nissack le porte parole de Maurice Kamto