Cameroun - Consommation. Delor Magellan Kamseu Kamgaing: «On ne peut pas élaborer une loi de finances pour menacer la paix »

La Nouvelle Expression Vendredi le 15 Janvier 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président de La Ligue Camerounaise des consommateurs n’a pas voulu se soustraire de l’actualité avec l’adoption de la loi de finances 2016 qui a revu à la hausse les précomptes sur les produits de grande consommation et qui fixe à 5% les taxes et droits de douane sur le riz importé.

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L’on vous a vu sur le terrain de la contestation contre notamment la loi des finances 2016 qui introduit à nouveau les taxes sur le riz. Contrairement à certains analystes qui soutiennent que c’était valable pour une époque, vous soutenez que c’est rendre la vie difficile aux populations…..


Effectivement cette Loi de finances est non seulement inique mais cynique. Elle n’est pas que fameuse mais fumeuse. On ne peut pas élaborer une loi de finances pour menacer la paix sociale en consolidant la vie chère. Les précomptes sont passés de 5 à 10% sur les produits de grande consommation. Fixation de 5% de taxes et droits de douane sur le riz importé. Dans un tel contexte comment peut-on lutter contre la vie chère en l’enracinant ? La LCC ne cautionnera jamais une telle démarche anti démocratique.  Pour ce qui concerne le riz, c’est lundi 30 Novembre 2015, que des correspondances explicatives ont été adressées aux Très Honorables Présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale; aux Honorables, Présidents des groupes parlementaires du parlement et aux Honorables Sénateurs et Députés, pour qu’ils empêchent la hausse annoncée du prix du riz. En refusant de voter l’amendement de l’Ordonnance présidentielle du 7 mars 2008, dispensant de taxes et droits de douanes le riz importé au Cameroun, contenu dans le projet de Loi de finances qui se trouvait sur leur table.
Malheureusement au petit matin du dimanche 6 et du vendredi 11 décembre dernier, les députés et les sénateurs ont, chacun à son tour, cautionné la mascarade. En votant dans son intégralité ce fameux et fumeux projet de loi des finances. Préférant accorder plus d’importance aux sujets de bas étage, tel que la décision du préfet de la Mifi interdisant la diffusion du titre à succès de l’artiste Francko, «coller la petite ».

Pourtant l’adoption, de ce texte par le Parlement (Assemblée nationale et Senat), s’avère contraire à la politique salutaire du chef de l’Etat, de lutte contre la vie chère. Surtout dans un contexte de misère galopante, au vu des chiffres alarmants, qui relèvent que, de 2007 à 2014, il y a eu augmentation de plus d’un million de pauvres, dans notre pays. Malgré que le kilogramme de riz, produit consommé par 2 camerounais sur 3, coûte à partir de 350 Fcfa. Avec l’institution de cette taxe, son prix avoisinerait 550 Fcfa le kilo. Un calcul rapide permet de mesurer l‘ampleur du désastre chez ces consommateurs au faible revenu, amoureux de cette céréale, que notre organisation, qualifie de «caviar des pauvres ». L’article 2 de ce projet de loi des finances, ne saurait se justifier par une politique protectionniste, pour stimuler la consommation de la production nationale encore déficitaire. Selon des chiffres fiables, la demande nationale avoisinerait 300.000 tonnes l’année, face à une production nationale de 100.000 tonnes maximum. Malgré sa meilleure qualité, notamment sa très agréable saveur. Mais faute de machinisme approprié, 50% de cette production, serait acheminée sans être décortiqué au Nigeria. Donc seulement 50 mille tonnes disponibles sur le marché national.


Est-ce que le Cameroun a d’autres moyens de contourner les surcoûts à l’importation du riz ?


Oui et c’est pourquoi consciente de la nécessité pour le gouvernement d’accroitre ses recettes non pétrolières et faire face à la conjoncture internationale impactant négativement sur les recettes pétrolières et l’effort de guerre à consentir pour combattre la secte terroriste Boko Haram, nous avons suggéré une forte taxation des tabacs, des produits de luxe et une réduction significative du train de vie de l’Etat, particulièrement budgétivore.
Quant à l’importation, sur une demande nationale de 300 mille tonnes, les Douanes déclarent environ 800 mille tonnes de riz importés par an. L’excédent de 500 milles tonnes prend quelle direction ? Il est clair que c’est à la Douane de répondre, étant donné qu’elle a pour mission de surveiller les frontières, en matière commerciale. En dehors du Nigéria, d’autres pays voisins sont indexés comme destination finale de ce riz portant importé exclusivement pour le marché national. La faute ne doit pas revenir aux consommateurs, mais aux importateurs de riz et aux douaniers, qui permettent la réexportation de cette céréale de grande consommation.
Face à ce qui précède, la LCC vient d’obtenir du gouvernement que les prix du riz restent intacts pour le premier semestre. Donc jusqu’en juin prochain il n y aura plus de hausse de prix de riz. Les importateurs ont donné leur parole au cours de la rencontre du mercredi 13 janvier 2016 au Ministère du commerce. Leurs stocks actuels vont couvrir les six prochains mois. Donc la tendance haussière qu’on observe dans certains marchés est du fait de certains petits détaillants véreux qui ont cru que la loi des finances devait s’appliquer directement à partir du 1 er Janvier. Alors qu’il y a la loi des finances certes, mais il y a aussi la Loi qui régit les activités commerciales qui donnent la compétence de la fixation des prix de certaines denrées, de première consommation, telle que le riz, au ministre du commerce. Ce dernier a instruit ses collaborateurs pour une surveillance accrue des marchés pour éradiquer les poches de résistance à cette importante résolution de maintenir intact les prix du riz. Les consommateurs doivent donc continuer à s’approvisionner au même prix. Et nous contacter, pour dénoncer les commerçants qui augmentent illicitement les prix du riz. Ils peuvent également solliciter les services déconcentrés du ministère du commerce, dont les agents sont les seuls assermentés pour contrôler les prix.


Il en est de même pour le sucre, la production camerounaise peut-elle satisfaire la demande?

La problématique du sucre au Cameroun est devenue une affaire d’Etat, car manifestement les vraies décisions se prennent dans les hautes sphères de l’Etat, où certaines personnalités tapies dans l’ombre se sucrent au détriment du consommateur. Chaque année c’est le même cinéma, aux cours des concertations entre le gouvernement, les opérateurs économiques et les associations de consommateurs, la Sosucam fait montre de son savoir-faire en matière statistique, pour enfumer le gouvernement et les consommateurs. Alors que la réalité sur le terrain est toute autre.


La Sosucam dit chaque année couvrir le marché du sucre, ce qui ne semble pas évident devant les associations de consommateurs devenues muettes. Ne faut-il pas soupçonner des négociations secrètes ?


Le consommateur de sucre ne se sucre plus la vie. Les étudiants, célibataires, prisonniers et nos frères de la partie septentrionale, plus gros consommateurs de sucre peuvent témoigner de leur calvaire pour se procurer ce produit au prix homologué. Le paquet de sucre d’un kilogramme qui doit coûter moins de 800 F officiellement est cédé dans certaines échoppes à 1000 F. Les moins nantis se rabattent sur les carreaux de sucre. Un carreau est désormais à 5 Fcfa alors qu’on obtenait jusqu’à trois morceaux à ce prix il y a quelque temps. Le sac de sucre en poudre est passé de 22 000 Fcfa à 27 000 Fcfa voire 30 000Fcfa lorsque vous avez la chance de le trouver.

Nous avons toujours combattu les importations vu que leur valeur ajoutée est marginale. Mais quand c’est l’entreprise nationale qui a l’exclusivité de l’importation, ça laisse pantois. En effet, c’est l’incapacité de Sosucam à approvisionner les marchés en quantité suffisante qui crée cette tension haussière.les chiffres sont malheureusement là Sosucam produit 130 000 tonnes par an face à une demande nationale de près de 300 000 tonnes par an. Vous comprenez qu’il y’a un Gap de près de 170 000 tonnes à compléter d’où la flambée prix et la rareté du sucre sur le marché. Même comme Sosucam malgré l’interdiction triche en important aussi cette denrée de première nécessité. C’est donc clair : Sosucam est incapable de couvrir le marché et nos gouvernants doivent arrêter de sacrifier les consommateurs Notre organisation est déterminée à poursuivre son plaidoyer afin d’obtenir la fin du monopole de l’importation du sucre par Sosucam. Nous sommes même prêts à saisir la justice comme on vient de le faire avec les opérateurs des communications électroniques, vendeurs d’illusion d’une 4G indisponible. En tout cas le consommateur de sucre a besoin de trouver cet aliment essentiel pour le tapioca au prix homologué. Enfin si les 10% de précomptes sont appliqués aussi sur le sucre, il faudrait donc s’attendre au pire.

Propos recueillis par Alphonse Jènè

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