Cameroun - France. Dakar - Francophonie: François Hollande fait l’éloge des soulèvements populaires - Paul Biya remet les choses en place

René Atangana | La Météo Mardi le 02 Décembre 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président français invite à plus de démocratie, mais incite en sous main aux révolutions de rue en Afrique où son pays joue un rôle ambigu.

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L’un des passages les plus remarqués du discours du président français, vendredi à Dakar, aura sans conteste été son évocation du vent de contestations populaires suivi de changements à la tête de certains États africains. En effet, à l’occasion de l’ouverture du XVème sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), François Hollande a embouché la trompette de la révolution de la rue.

Il a salué l’œuvre du secrétaire général sortant de l’organisation et ex-chef de l’Etat sénégalais, Abdou Diouf, un exemple qui a accepté que l’alternance puisse exister dans son pays et laissé la place lorsque les électeurs l’ont décidé. Dans une salle où se retrouvaient quelques dirigeants du continent visiblement embarrassés, en proie à la fronde de leurs peuples, François Hollande a martelé que la francophonie était «soucieuse des règles de la démocratie, de la liberté du vote, du respect des ordres constitutionnels et de l’aspiration des peuples, de tous les peuples, à des élections libres. C’est ce qui vient de s’accomplir en Tunisie. C’est une belle illustration, que ce soit dans un pays francophone, qu’il y ait eu la réussite d’un Printemps Arabe. Cet accomplissement, cette transition doivent également servir de leçon».

Et le président français de faire l’éloge de la bonne gouvernance avec des accents galvaniseurs : «Là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie.» François Hollande en veut pour preuve la «belle démonstration» du peuple burkinabè où, voici peu, Blaise Compaoré a été chassé du trône alors qu’il s’apprêtait à faire modifier la Loi fondamentale pour faire le lever la limitation des mandats à la tête de l’Etat.

Pour M. Hollande, «ce qu’a fait le peuple burkinabè, doit faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel. Parce que ce sont les peuples qui décident. Ce sont les élections qui permettent de savoir qui est légitime et qui ne l’est pas». C’est donc d’un problème de légitimité et de démocratie qu’il s’agit. Sauf que François Hollande, dans cet exercice, ne semble pas le mieux indiqué pour faire la leçon. Son pays a joué, depuis de longues années, un rôle des plus ambigus en Afrique. Au nom d’intérêts parfois occultes, et en dépit de serments officiels promettant la fin de la Françafrique, l’hexagone continue de surfer sur les non dits, les combines et le clientélisme.

Le 18 septembre 2012, François Hollande, recevant justement Blaise Compaoré, le déchu d’aujourd’hui en sa qualité de médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) dans la crise malienne, n’avait émis aucune réserve quant au sérieux de son hôte à trouver des solutions de paix. En 2011, le peuple burkinabé s’était révolté pendant plusieurs mois contre le régime de Ouagadougou, au lendemain de la réélection de Blaise Compaoré avec 80% des suffrages. M. Hollande avait observé un silence bruyant face aux événements.

Mieux, quelques mois plus tard, son ministre des Affaires étrangères Roland Fabius lors d’un voyage au Burkina Faso où il avait déclaré : «La France et le Burkina Faso sont amis de longue date. Les relations entre nos gouvernants sont excellentes. La coopération va se poursuivre, s’amplifier si c’est possible. Nous n’allons pas inventer des problèmes là où ils n’existent pas. Il s’agit d’une véritable coopération de long terme, fluide, et nous avons l’intention, bien sûr, de la poursuivre.»

L’hypocrisie a parfois bon dos. C’est bien beau, de conseiller à certains dirigeants d’avoir une oreille attentive aux désidératas de leurs citoyens. Mais la France n’a-t-elle pas, par ses tergiversations, du fait de ses louvoiements ou au nom de la protection de ses intérêts, une part de responsabilité dans le sort connu aujourd’hui par plusieurs pays africains sur les plans de la démocratie, du développement et du respect des droits de l’homme ?

Mais quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, bien des Africains soutiennent mordicus que cette sortie du président français à Dakar, celui du successeur de Nicolas Sakozy est, au regard du contexte, de loin le plus pertinent. Et mérite qu’il soit gravé en lettre d’or dans les annales de l’histoire.

René Atangana   



Paul Biya remet les choses en place: le discours du chef de l’État camerounais est venu rappeler l’Oif aux défis de l’heure.

Dieu merci, le Cameroun semble épargné par cette vague de protestations qui menace la stabilité même des États. Le pays est résolument engagé dans la voie du développement, de la paix, de l’unité et de l’émergence aux côtés de son chef. Paul Biya, après des années de fortes turbulences sur le front politique, a réussi à redresser la barque, ses opposants, (qu’on à tort ou à tort raison très bien entretenus, suivez notre regard)  ont certainement compris l’intérêt à se débarrasser de comportements contreproductifs pour leur propre pays.

Preuve de cette crédibilité internationale, en marge du sommet de la Francophonie de Dakar, Paul Biya, dans sa posture de Sage d’Afrique, s’est entretenu avec son homologue français, François Hollande et le Premier ministre canadien, Stephen Harper. On en était alors aux tractations pour la désignation du successeur d’Abdou Diouf à la tête de l’Oif. Selon des sources introduites, l’avis éclairé du chef de l’État camerounais a non seulement permis de calmer les ardeurs des pays membres autour du choix à ce poste, mais, bien plus, les arguments de Paul Biya auront, apprend-on, été décisifs dans la désignation, hier dimanche, de la Canadienne Michaëlle Jean.

La veille, à la tribune de cette auguste assemblée, Paul Biya est sorti des sentiers battus pour interpeller les participants sur l’essentiel. Constatant, avec beaucoup d’autres, que le monde d’aujourd’hui «n’est pas juste», qu’il «est dangereux et que les périls peuvent intervenir à tout moment: guerres civiles ou étrangères, rivalités ethniques ou religieuses, oppression de factions sur les populations», et donc «qu’il faudra beaucoup de temps et d’efforts pour venir à bout de la pauvreté et de l’exclusion», a axé son propos sur les «nouveaux défis» de la Francophonie en particulier, et du monde moderne en général.

«Aujourd’hui, a martelé Paul Biya, nous sommes menacés par une entreprise de déstabilisation d’envergure mondiale. À l’offensive en Irak et en Syrie, elle a étendu ses tentacules au cours des dernières années jusqu’au Mali, puis à l’ensemble de la zone sahélienne.» La menace terrorisme pèse donc sur l’ensemble de la planète. Ses tentacules, dans la sous-région, se manifestent par des assauts barbares de djihadistes qui, chez nous, se manifestent sous les traits hideux et nauséeux de Boko Haram.

D’où l’appel solennel de Paul Biya à une solidarité sincère, cette solidarité qui nous unit et doit également continuer à s’exercer dans le domaine du développement, de la lutte contre les pandémies, le respect du genre et de l’environnement. L’Oif, a-t-il ajouté, doit «montrer que le destin de l’humanité devrait la conduire vers un avenir de fraternité et de tolérance, et non de haine et de violence».

R.A.

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