Cameroun - Politique. Contentieux post electoral: qui a détourné les honoraires des avocats de Paul Biya?

Labaran Mamouda | La Météo Mardi le 15 Janvier 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L'ancien secrétaire général du Comité central du parti au pouvoir, actuellement ministre de l'Administration territoriale, vers qui converge un ensemble de soupçons n'en finit plus de changer de version. Au moment où cette enquête est rédigée et selon nos sources, Me Guy Noah se trouverait entre la vie et la mort. Rongé par la maladie, cet avocat estimé par le barreau en raison de ses brillantes références vit une véritable tragédie depuis son insolvabilité dans une structure hospitalière de la place.

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Alité. Sans le sou, ses débiteurs répondent aux abonnés absents. Au nombre de ceux-ci, incroyable mais vrai, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Parti au pouvoir par le fait que son fondateur-président national et le président de la République ne font qu'un. Parti qui compte, en outre, dans ses rangs la plupart des grosses fortunes du pays, des ministres, directeurs de sociétés, bref tout ce qui peut se prévaloir de l'appellation élite et, formation revendiquant autant de membres que le parti communiste chinois.

Incroyable mais vrai, le Rdpc malgré ce tourbillon de richesse et de privilège, se montre jusqu'à ce jour, mauvais payeur à l'endroit des avocats émérites commis par ses soins à la défense de la victoire de Paul Biya à la présidentielle de 2011, alors que une franche partie de candidats malheureux en contestaient la régularité devant la Cour suprême. Laquelle, siégeant comme Conseil constitutionnel. Cela se passe en octobre 2011 et le contentieux post électoral semble se résumer à deux camps: celui des opposants contre celui du Rdpc (dont Paul Biya fut le candidat) et Elecam (Elections Cameroun).

Alertes et maîtrisant leurs dossiers, les avocats mandatés par la formation politique au pouvoir viendront à bout de tous les obstacles judiciaires dressés face à la victoire de Paul Biya. Pour tout dire, ces avocats se sont acquittés avec brio d'une exigence de leur mission les chargeant de la «défense des intérêts du Rdpc et de son candidat, notamment pendant le contentieux électoral et postélectoral».

L'homme qui missionne ces brillants avocats et par conséquent signe la note y afférente - et dont le numéro d'ordre est 054- est un certain René Emmanuel Sadi, ci-devant secrétaire général du comité central du Rdpc (5g/cc). Ladite note, datée du 27 septembre 2011 porte création et composition de sous-commissions chargées d'assurer des tâches spécifiques pendant la présidentielle du 09 octobre 2011.

Des richissimes personnalités, des communicateurs, des juristes, des journalistes, etc. sont nommés au sein de sous-commissions correspondantes à leur qualification. Les personnalités étant surtout nommées en raison de leur compétence, l'on s'étonne néanmoins que des avocats qui par essence n'ont ni salaire ni avancement, ne vivant que de leurs honoraires sont embarqués dans une aventure au long cours sans qu'il ne soit question à leur égard de quelque émolument.

La Météo, pendant son enquête, a découvert qu'une ligne avait bel et bien été prévue pour les frais de justice. Mystère! L'argent (des milliards selon nos sources), pourtant décaissé à cette fin aurait pris une destination autre. En langage administratif, on parle de détournement de fonds. Logiquement, René Sadi est l'homme vers qui se dirigent les regards perplexes. Mais, l'attitude, faite de mille et une versions et de faux-fuyant, de l'ex patron administratif du Rdpc intrigue. Choque. Révolte. Blesse la morale. Suscite à la limite l'indignation.

Détournement de fonds

Las d'attendre le geste du secrétariat général du Comité central, les avocats engagés à la «défense des intérêts du Rdpc et de son candidat décident de se rappeler au bon souvenir de leur mandant. Une délégation dont le président de la sous- commission juridique Me Guy Noah prend la tête, obtient une entrevue avec René Sadi. Sa mission? Demander le paiement de leur prestation. Rassurant, Sadi se montrera. L'homme de Yoko ira jusqu'à assurer la délégation du bon avancement du processus de règlement des honoraires en souffrance, indique une source bien renseignée. La scène se passe quelques jours avant le remaniement du 09 décembre 2011.

Comme on le sait, l'ex Sg/cc est «muté» au ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd). Pour la première fois de sa longue mais ô combien terne présence dans les arcanes du pouvoir, René Sadi hérite d'un titre de ministre avec portefeuille. Le revers de la médaille pour lui est que Paul Biya en le propulsant loin du palais décide aussi de s'en éloigner. Une couronne bourrée donc d'épines d'autant que l'homme qui se targuerait d'avoir été dans la confidence de deux chefs d'Etat (l'actuel et son prédécesseur Ahmadou Ahidjo) n'a même pas été jugé digne du statut de ministre d'Etat. La raison? Le grand public l'apprendra plus tard quand éclate le scandale de la vente clandestine des places (à prix de dizaine de millions de francs) au comité central à la faveur du congrès ordinaire des 15, 16 et 17 septembre 2011.

Le successeur de Joseph Charles Doumba et son carré de fidèles ont été vivement éclabousses par ledit scandale. Leur silence géant valant, pour l'opinion et les médias, aveu d'affairisme. Des jours après les changements opérés le 09 décembre à la tête du secrétariat général du comité central du Rdpc (Jean Nkuete succède à René Sadi), les avocats repartent s'enquérir de la situation de leur dossier. Douche froide et raillerie au menu! Leur argent aurait déjà été débloqué, s'entendent-ils dire.

Comment n'en sont-ils pas au courant, se verront-ils moquer. «Ce dossier d'honoraire a été bouclé. L'argent a été débloqué et encaissé avant notre arrivée. Encaissé par qui? Je ne saurai vous répondre. Mais, les traces sont là qui démontrent que les honoraires ont été émargés», a confirmé plus tard à La Météo un membre de l'entourage de Jean Nkuete. Apparemment, quelqu'un a «bouffé une dernière fois» avant son départ!



 

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