Bakassi. Conflit de Bakassi: Un ancien prisonnier de guerre meurt dans la misère

Linda Mbiapa | La Nouvelle Expression Mardi le 09 Aout 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Après avoir souffert le martyr et attendu une main tendue de l’armée camerounaise en vain, l’adjudant-chef Ebenezer Nana s’en est allé voilà un mois. Sa famille et ses collègues sont inconsolables à Douala.

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La douleur des proches du défunt Nana Ebenezer est très intense. La plaie dans leurs cœurs est si ouverte que c’est à peine que les uns et les autres s’expriment. « Papa est parti après avoir longtemps été malade. Depuis son retour de Bakassi, la vie n’a pas été tendre avec lui ainsi que les autres ex-prisonniers militaires de guerre », pleurent les membres de la famille du disparu. Ceux-là même qui se consolent en se disant : « certes, ça fait mal, mais papa est allé se reposer. Il se repose ! Il a combattu le bon combat. Il n’a pas été récompensé à juste titre par les hommes mais il le sera auprès de Dieu ». Des mots si bouleversants qui donnent des frissons à quiconque se laissant conter les horreurs subies par les prisonniers de guerre de Bakassi. La famille et entourage de l’adjudant Nana Ebenezer gardent encore à l’esprit le film de la captivité de leur papa, oncle, cousin, mari, ami par l’armée de Sani Abacha. Et les misères, maladies et paralysies qui ont suivi après leur libération et retour au pays de Paul Biya. « Quand papa et les autres sont revenus de captivité, ils se sentaient déjà mal. Tantôt les pieds chauffaient au point qu’il fallait régulièrement les tremper dans une cuvette d’eau pour se sentir à l’aise. Tantôt, ce sont des douleurs aux muscles, au dos, à la poitrine conduisant à une incapacité de se mouvoir sans l’aide d’autrui… », témoignent nos interlocuteurs.

 

La peur de subir le même sort

 

Des propos partagés par les ex prisonniers de guerre encore en vie bien que malades. C’est le cas de Charles Njouanoue, lui aussi résidant dans la métropole économique comme son défunt collègue Ebenezer Nana. Interné à cause de graves problèmes cardiaques, des hématomes à la colonne vertébrale, des douleurs atroces sur tous les membres inférieurs et supérieurs, il souffre. Il pleure. Il crie et demande de l’aide. «La guerre nous a coûté nos santés pour les uns et nos vies pour les autres. Ebenezer s’en va parce malade et sans soutien de l’armée camerounaise», dit-il. A l’en croire, ce qui le terrasse au-delà de ses douleurs physiques, c'est le sentiment d'avoir été abandonné par l’armée camerounaise. «Ebenezer est mort. Nous allons sans doute le suivre dans les mêmes conditions si rien n’est fait. Je suis perdu. Je ne sais plus quoi faire si ce n’est de supplier l’armée camerounaise, Mme Chantal Biya et surtout le nouveau ministre qui, je sais, est très généreux ».

Plus loin, l’adjudant Ferdinand Mbida croupit sous le poids d’une paralysie depuis plus d’un an. Lui qui n’a de cesse de demander une évacuation à l’étranger pour sa prise en charge. Sa doléance tombe dans les oreilles des sourds. Ces militaires à qui l’on doit la rétrocession de la presqu’île de Bakassi au Cameroun, sont abandonnés tandis que les détourneurs de la fortune publique ont droit à des évacuations au quotidien pour raison sanitaire. Ils sont nombreux ces hauts cadres de l’administration interpellés dans le cadre de l’Opération Epervier qui, au moindre problème, sont autorisés à se faire soigner à l’extérieur avec l’argent de l’Etat, du contribuable. « Quelle injustice ! Je sais que le Chef de l’Etat est notre père à nous tous. J’ai donné ma vie à la protection de la nation camerounaise et de ses frontières. Je ne réclame pas forcément quelque chose de spécial. Je souhaite être soutenu dans ma maladie. Je n’ai plus que ma petite pension, et elle ne suffit même pas», confiait il y a quelques mois l’adjudant Ferdinand Mbida dans une interview exclusive réalisée par La Nouvelle Expression. Il continue de souffrir : « Je suis en train de mourir à petit feu. Nous étions 87 au départ, au moins la moitié est partie tout doucement ».

Linda Mbiapa, stg

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