Cameroun - Transport. Cameroun - Aménagement urbain: Le tracé à problèmes de l'autoroute Yaoundé-Nsimalen

Arthur L. Mbyé | Repères Jeudi le 03 Avril 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La modification de l'itinéraire de ce projet censé démarrer dans les prochaines semaines, suscite une profonde désapprobation des autochtones d’Obobogo.

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La colère et l'indignation son encore sourdes chez les Mvog Zoé, autochtones d'Obobogo à Yaoundé, mais on sent bien que la pression monte. Depuis quelques jours, ils ne tiennent plus en place. La raison de cette perte de sang-froid: depuis deux semaines, des employés du cabinet d'études Study et les responsables du ministère de l'Habitat et du développement urbain sont à pied d'œuvre sur une partie de l'autoroute Yaoundé-Nsimalen.

Ils sont particulièrement actifs sur le premier lot de la section urbaine, constitué par le raccordement section en rase-campagne à Ahala-Trois statues (5,8 km) et attribué à l'entreprise chinoise Sinohydro Corporation. Leur cahier de charge consiste définir un nouveau tracé pour ce premier lot, qui devait initialement épouser l'actuelle route. Le nouvel itinéraire envisagé prévoit de passer par Obobogo, ce qui augure des expropriations et des déguerpissements.

Une perspective qui n'enchante guère les populations établies, autochtones et allogènes, qui crient à l'acharnement des autorités publiques en charge de l'aménagement de la ville de Yaoundé. Les autochtones d'Obobogo n'ont pas en effet oublié qu'elles avaient déjà dû céder leurs terres pour la construction du chemin de fer, assistant impuissantes au rétrécissement de leur espace vital.

«Nous ne sommes pas opposés au progrès, à l'aménagement de la ville de Yaoundé, mais pourquoi on s'attaque à notre survie même alors qu'on peut faire autrement», dit un fils Mvog Zoé. Les habitants de la zone ciblée par le nouvel itinéraire ne comprennent pas pourquoi l'option de l'élargissement de la voie actuelle est abandonnée alors qu'elle est la moins problématique en matière d'expropriation et de déguerpissement pour les occupants et en matière financière et de temps pour l'Etat.

Pour le moment, les «anciens» d'Obobogo ne veulent voir la main de personne derrière cet acte programmé d'extermination de leur identité autochtone et leur éradication de Yaoundé, préférant interpeller les pouvoirs publics sur les risques inhérents une révision du tracé autoroutier actuel. Mais ils s'étonnent du silence de quelques-uns de leurs illustres fils, comme le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, ou Emah Etoundi, député et secrétaire du groupe parlementaire RDPC à l'Assemblée nationale.

Il y a pourtant des arguments à faire valoir. La présence de l'hôpital Ad Lucem, qui, d'après la réglementation, suffit à lui seul à empêcher le passage de l'autoroute à Obobogo. Puis la perte de temps: selon les responsables du cabinet Study, cette modification programmée du tracé pourrait induire un retard de deux mois sur ce premier lot. Enfin, le fort taux d'indemnisation qu'appelle ce nouvel itinéraire, compte tenu du volume des expropriations en vue. Cet argument avait fait mouche deux fois sur ce projet d'autoroute Yaoundé-Nsimalen.

En effet, le ministre de l'Habitat et du développement urbain, Jean-Claude Mbwentchou, dans une vision futuriste et de grandeur pour la capitale, avait souhaité que le projet traverse Mvan puis Mvog-Mbi avant d'arriver à la Poste centrale. Le Premier ministre avait arbitré en faveur d'une déviation sur l'itinéraire de Nsam-Olezoa puis Poste centrale, au motif que ce serait moins coûteux en termes d'indemnisation.

Pour le troisième lot, c'est finalement le tracé qui passe par la Nouvelle route Bastos qui est retenu, au détriment de Warda-Ecole de police-Esplanade de Tsinga pourtant défendu par Tsimi Evouna. Motif invoqué: coût trop élevé des indemnisations.

Alors les populations d'Obobogo s'interrogent sur le sens de la démarche actuelle de modifier le tracé qui suit l'actuelle route de Nsam, où se pose moins de problèmes d'indemnisation. Le président du comité interministériel de pilotage de ce projet, le Minhdu, Jean-Claude Mbwentchou, sait qu'il n'y a plus de temps à perdre et met tout en œuvre pour aller vite.

«Mais il n'est pas seul. Pis, le Premier ministre ne veut plus rien arbitrer par peur d'on ne sait quoi. Souvent, le Minhdu assume des choix qu'il n'a pas souhaités», dit une source proche du dossier. Ainsi du nouveau tracé d'Obobogo.

Le projet de boulevard Yaoundé-Nsimalen est divisé en deux sections. Le marché des travaux de la section dite en rase campagne (Ahala-carrefour Meyo- carrefour Nsimalen), longue de 10,8 km a été attribué l'entreprise chinoise China Communications Construction Company Ltd (CCCC), le 23 décembre 2013.

Bien avant, la section urbaine avait été confiée à trois entreprises en trois lots. Le lot 1, d'Ahala a Trois statues (5,8 km), est attribué à l'entreprise chinoise Sinohydro Corporation. Le lot 2, Trois statues-Poste centrale (1,9 km), sera construit par une autre entreprise chinoise, China Road and Bridge Corporation. Et le Lot 3, partant de carrefour Warda a l'esplanade de la sous-préfecture Tsinga (2,1 km), sera réalisé par l'entreprise égyptienne Arab Contractors. 

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