Cameroun - Education. Cameroun: De l’indignation au sursaut collectif

cameroun24.net Lundi le 20 Janvier 2020 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le 15 janvier 2020 consacre une tâche noire sur le tableau déjà sombre de l’école au Cameroun. Ce jour-là, au Lycée classique de Nkolbisson, Brice Bisse Ngosso, élève en classe de 4e, a mortellement poignardé son enseignant de mathématiques, Maurice Njoni Tchakounte. Parce que porteur de clés de décryptage, l’âge de la victime et du bourreau mérite qu’on s’y attarde lit-on dans un éditorial de Georges Alain Boyomo, DP du quotidien à capitaux privés Mutations.

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A 26 ans, Njoni Tchakounte, enseignant en cours d’intégration (Eci) à la Fonction publique, était au stade où l’on tient à s’éclater professionnellement dans la discipline pour laquelle on a été formé. Il était à l’étape où l’esprit juvénile fourmille de mille et un rêves pour bâtir sa carrière, pour façonner sa trajectoire sociale et contribuer, dans son secteur d’activité, au développement du pays.

Plus dans le détail, Njoni Tchakounte attendait l’argent de son rappel de solde, communément appelé « rappel ». Un chemin de croix dans le labyrinthe du ministère des Finances. Un pied de nez au rendement attendu des jeunes fonctionnaires et agents de l’Etat. Chez les enseignants frais émoulus, dans le contexte camerounais, c’est l’argent qui permet de démarrer sa vie. C’est l’argent qui permet de solder, au moins en partie, la dette vis-à-vis de ses parents, de son ascendance qui s’est dépensée sans compter afin qu’on devienne quelqu’un dans la société. C’est l’argent de la souffrance, de la patience, de la résilience. Il ne la palpera pas, cette somme d’argent qui se chiffre généralement en millions Fcfa. Là s’exprime jusqu’au faîte la douleur de cette mort brutale dont on questionne la victoire.

Pour sa part, le bourreau Bisse Ngosso est âgé de 15 ans. L’âge de l’adolescence, l’âge d’une certaine insouciance, l’âge de l’exubérance. Une exubérance, dans la norme des choses, qui permet à l’apprenant de se projeter vers l’avenir, sous l’encadrement éclairé de ses parents et de la société, dans l’observance du règlement intérieur de l’établissement scolaire qu’on fréquente et sous l’ascèse et l’action de la nation, qui tient à ne pas rouiller son fer de lance, en lui évitant de se frotter à toute matière ou fléau susceptible de le perdre. En lui aménageant un cadre d’instruction et d’éducation qui ne prend pas des allures d’un terrain des tentations et de compromissions.

Sous ce rapport, le drame de Nkolbisson sort de l’espace scolaire pour devenir la tragédie de la société camerounaise. En effet, au-delà de l’échec avéré de notre système éducatif qui se niche derrière ce crime, il faut y voir une démission collective, une politique commune de l’autruche, une hypocrisie d’ensemble, une défaite groupée de la pensée au sein d’un pays qui caresse pourtant le rêve d’être émergent dans 15 ans, mais qui laisse la formation et la réussite de sa ressource humaine, principal ferment pour franchir le cap, à la merci du hasard, à l’enivrement technologique du moment, à l’ensauvagement porté par un certain ordre spirituel et moral…

Le crime de Nkolbisson doit ainsi constituer le déclic pour une remise en question de l’école au Cameroun, dans une société ouverte à des vents contraires. Il doit être l’électrochoc qui nous ramène à « l’école ordinaire ». Une école où chaque maillon de la communauté éducative, en l’occurrence le gouvernement, les parents, les enseignants et les élèves remplissent effectivement et efficacement leur mission, pour le bien de chacun et le progrès de tous. L’indignation passée, un sursaut collectif s’impose donc, après le meurtre de l’enseignant de mathématiques.

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