Cameroun - Communication. Ces séries qui choquent - Mgr Joseph Befe Ateba, président du Conseil national de la communication (CNC): «Nous avons reçu des plaintes»

Cameroon-Tribune Vendredi le 06 Décembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des programmes présentant des scènes de violence, d'érotisme, d'homosexualité sont diffusés aux heures de grande audience sur les chaînes nationales. Un homme qui embrasse un homme.

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 Des couteaux ensanglantés laissés tout près d'une victime mutilée. Des ébats sexuels à peine dissimulés. Des conversations crues. Autant de scènes qui tombent comme un cheveu dans la soupe quand une famille essaye de se détendre devant un feuilleton sur les chaînes nationales. La confusion est partagée. Le père de famille cherche désespérément à changer de canal, tandis que les enfants, le visage cramoisi, prétextent des devoirs à faire. De plus en plus, il est difficile d'esquiver ces moments de télé «délicats» quand, du lundi au vendredi, des séries camerounaises ou des télénovelas brésiliennes grappillent les heures de grande audience, rediffusions à l'appui. L'une d'entre elles, «Irrational heart», a fait l'objet de remous avec des personnages homosexuels qui multiplient les étreintes. Le président du Rassemblement de la jeunesse camerounaise, Sismondi Barley Bidjocka, est monté au créneau en adressant une lettre ouverte au Directeur général de Canal 2 international, qui diffusait la série. II y mentionne que «cette série a des scènes d'homosexualité et des scénarios montrant qu'il est normal que deux personnes de même sexe aient des rapports sexuels». Mais ce phénomène n'est plus l'apanage des productions étrangères. Les sitcoms locales semblent s'être aussi lancées dans une surenchère autour du langage et des images plus vulgaires les unes que les autres. Sur les réseaux sociaux et les forums, les commentaires de cinéphiles fusent: «Ne polluez pas nos chaînes», «Montrer des personnages qui s'adonnent à des pratiques bestiales, qui banalisent la sexualité, le mariage, la famille, c'est infecte». Junette M., maman d'une fille de sept ans ne décolère pas non plus: «J'ai beau l'en empêcher, ma fille suit ces séries l'après-midi avec sa grand-mère. Je trouve qu'elles ont une mauvaise influence sur elle, surtout qu'elle est à un âge où on s'éveille et on est curieux».

Pourtant, pour la plupart des films ou séries étrangères diffusés sur le Câble, une petite bulle noire indiquant l'âge-limite guide le téléspectateur. En France, le Centre national du cinéma et de l'image animée stipule que tout film, français ou étranger, en vue d'une projection doit être présenté à la Commission de classification pour visionnage. Ladite commission émet soit un Visa les autorisant, pour tous publics, soit un visa interdisant leur représentation aux moins de 12 de 16, ou de 18 ans. Pour Sandrine Yola, friande de ces séries, ces prescriptions s'accommodent de la volonté de chacun. Celle-ci explique: «Il est bien vrai qu'elles ne sont pas riches en leçons, mais elles ne sont qu'un moyen de divertissement et chacun est libre de les regarder ou pas».

La tendance sur les chaînes nationales est à la diffusion de séries mettant en scène déviances, érotisme et violence aux heures de grande écoute. Pourquoi le silence du Conseil?
D'une manière générale, le Conseil a deux missions: une mission de régulation et une autre de consultation. Mais, à cause de l'actualité et du contexte, les missions de régulation nous ont pris trop de temps alors que le volet consultation demeure vierge, à peine exploré. Ce que vous évoquez ne nous a pas échappé étant donné que le Conseil veille, par ses décisions et avis, au respect des lois et règlement du Cameroun et que l'homosexualité est interdite jusqu'ici au Cameroun. Le conseil ne peut pas rester les bras croisés. Aucun média n'est autorisé à promouvoir, ni implicite¬ment, ni explicitement l'homosexualité.

Que fait le CNC pour veiller au respect des sensibilités dans les audiences (pour les enfants notamment)?
Le Conseil dénonce ces pratiques. Le volet régulation est large, il y a tellement de choses à faire, que parfois nous devons aller au fur et à mesure que les choses se présentent. Et ce n'est pas la première fois que nous entendons parler de ces entraves. Nous avons reçu des plaintes informelles. Quelques membres ont même déjà donné de la voix au conseil pour faire état de ces dérapages. Il faudrait que le conseil s'en saisisse pour donner une réponse formelle. Je crois que cette interview peut en être l'occasion, parce que je ne décide pas seul. Les décisions se prennent à l'unanimité. Il faut que le Conseil le fasse dans le cadre d'une session, mais je peux déjà indiquer que le Conseil n'approuve pas. Le conseil ne reste pas les bras croisés, le public ne le sait pas mais à l'intérieur, il y a réflexion. Nous avons du pain sur la planche et nous n'avons que neuf mois d'existence à proprement parler. Nous allons évoluer vers les visas de mention d'âge, des conditions éditoriales. Les films nigérians, par exemple, préviennent: «hard language», «parental guidance» et donnent des précautions à prendre. Il y a des mentions comme: «Les images qui vont suivre sont fortes». Ces mentions sont prévues par la loi et il faudrait que le Conseil fasse respecter ces prescriptions éditoriales.

Le Conseil ne s'intéresse-t-il qu'aux questions politiques ou encore au travail des journalistes?
Le conseil ne s'intéresse pas aux questions politiques. Je ne voudrais pas qu'on politise cet organe. Nous travaillons sur la régulation. Nous avons essayé d'apporter notre appréciation au travail des journalistes et je ne veux pas commenter ces affaires. Cela donne lieu à beaucoup de polémique et le Conseil veut travailler dans la sérénité esprit.
 

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