Cameroun - Sécurité. Carte nationale d’identité : ce qui bloque

Aziz Salatou | Le Jour Jeudi le 02 Avril 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Rentrer en possession du précieux document est devenu de plus en plus difficile.

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L’usager est interloqué. Il s’est rendu au siège de l’entreprise émettrice de la carte nationale d’identité (Cni) à son corps défendant. Une fonctionnaire chargée de l’établissement de ce document l’a envoyé se plaindre « à Mvan ». Elle ne savait plus quoi lui expliquer depuis qu’il se montre quotidiennement au poste d’identification où il devait retirer sa Cni. Le récépissé qui lui avait été délivré donnait rendez-vous pour le 15 janvier 2015. Le 30 mars, le document n’est toujours pas disponible. AMvan ce lundi 30 mars, c’est un policier en uniforme de combat, fusil d’assaut en sautoir qui fait office d’hôtesse. « C’est pour la Cni ?

 

Allez faire une photocopie »,ordonne-t-il à l’usager, dès l’abord. Des dizaines de photocopieurs sont alignés en face de la Sacel. Des promoteurs ont flairé les bonnes affaires. Ici la copie du récépissé coûte 100 FCfa, un peu plus qu’ailleurs en ville. Une fois la copie faite, on retient son souffle, pour descendre au bureau des réclamations, notre prochaine destination. Le bâtiment est une dépendance à l’arrière du gros oeuvre. Dans une vaste cour, des dizaines d’usagers attendent dans de longs rangs bien serrées. Il faut se faire enregistrer sous un hangar avant d’accéder aux bureaux des vérificateurs. L’attente peu durer toute la matinée mais, il y a toujours le moyen de « s’entendre » avec un des trois policiers armés qui en gardent les entrées.

 

Dans ces bureaux climatisés, des agents en civil, très courtois vous accueillent. En français et en anglais, ils fournissent patiemment des informations. La plus redoutable que l’on puisse accueillir étant la mention « bloquée pour double identité ».

 

Transactions impossibles

 

En attendant d’accéder dans cet antre confortable, les usagers passent le temps en exposant chacun son problème. Alain, un trentenaire plus truculent que les autres, expose qu’il a demandé à se faire établir une carte au mois de novembre dernier. « On m’a donné rendezvous en janvier, je suis passé plusieurs fois curieusement, des personnes qui ont fait la démarche en décembre l’ont obtenue avant moi », fulmine-t-il. Un autre a la même histoire qui s’est compliquée en fin de semaine dernière : « J’ai reçu un mandat de France. Je suis allé au guichet. On m’a expliqué que mon récépissé était invalide. On m’a conseillé de le faire proroger au commissariat. Je m’y suis rendu. Là-bas on m’a dit que le Dgsn a instruit qu’aucun commissariat ne proroge plus les récépissés. Il fallait se rendre à Mvan. J’ai fait une autre tentative dans une autre agence de l’entreprise de transfert. Là, on m’a dit que cette entreprise n’accepte pas de récépissé », confie-t-il, l’air indigné. « Un récépissé c’est pourtant une Cni », lâche un gendarme du fond des rangs.

 

Malgré des interventions de hauts gradés de la police, le bénéficiaire du mandat ne pourra pas l’obtenir, tout au plus on va lui apprendre que sa Cni est enfin rentrée en production. L’homme est presque porté en triomphe par un agent de la Sacel. Il doit encore attendre une semaine. Seulement ! Au gré des conversations, l’on va apprendre qu’en fait, la production des Cni ne s’est jamais arrêtée. Selon des sources, l’entreprise émettrice des Cni n’a pas vu son contrat renouvelé. Aussi, des fonctionnaires ont-ils pris son relais.

 

Double identité

 

 

 L’entreprise du puissant groupe Thalès a prévu de livrer du matériel afin que soient produites les Cni jusqu’au 31 mars. Les fonctionnaires qui lui ont succédé ont introduit toutes sortes de tracasseries afin de gagner de l’argent sur le dos des usagers. Mais, ce n’est pas la seule cause des retards qui s’accumulent. D’autres sources parlent de la nature du contrat qui liait la partie camerounaise aux Français de Sacel-Thalès. Ces derniers, lors de leur arrivée se seraient taillé la part du lion dans le contrat. L’actuel Dgsn, profitant de l’expiration du contrat a voulu remettre tout à plat. Il aurait démontré au chef de l’Etat qu’il est plus rentable de travailler avec des Espagnols. Or, Martin Mbarga Nguélé a été longtemps l’ambassadeur du Cameroun dans ce pays de la péninsule ibérique.

Des commissaires européens, au fait de ce contrat s’intéresseraient de près aux conditions de cette transaction. Autre obstacle, il faut synchroniser les Cni avec les actes d’état civil qui doivent être informatisés bientôt. Cette réforme déjà annoncée devrait aboutir à une autre, encore plus importante. C’est celle qui est voulue pour bousculer un blocage majeur : le fléau de la double identité. Le problème serait d’une telle ampleur que des propositions sont faites pour qu’une décision politique lui soit trouvée. « Des Camerounais presque tous à des niveaux insoupçonnables ont changé leur âge et ont eu des diplômes dans ces conditions. L’épouse d’une des trois premières personnalités de ce pays est bloquée par cette affaire de double-identité.

 

Il faut faire un nouveau fichier. Il faut trouver une solution comme on l’a fait en France après la 2ème guerre mondiale. Il doit s’agir de demander à tout ce monde de choisir entre leurs nombreuses dates de naissance celle qui les arrange et de la caler comme définitive », révèle un proche du dossier. Avant d’ajouter : « nul n’est censé ignorer la loi, mais, la loi a permis pendant longtemps les agissements qui ont conduit à cette situation. »

 

 

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