Présidentielle 2018. Cameroun - présidentielle: et si on (re)parlait d'immunité pour Paul Biya?

Eugène C. Shema | Journal du Cameroun Lundi le 21 Mars 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C'est la proposition du directeur de publication d'un quotidien local qui estime qu'à 83 ans, l'actuel président serait lui-même conscient du poids de son âge et qu'il lui faudrait des garanties.

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Dans un contexte d'appels et de contre-appels en rapport avec la candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle, la presse veut aussi avoir son mot à dire. Pour Magnus Biaga, le débat actuel serait faussé. «Ce n'est pas la première fois qu'une candidature annoncée du président Biya entraîne une levée de boucliers. Mais on le sait, au Cameroun, le chien aboie et la caravane passe», s'est désolé le directeur de la publication «Emergence», dans une conférence de presse donnée au siège de l'organe de presse qu'il dirige ce jeudi matin à Yaoundé.

Le promoteur du groupe Marcom communication estime que l'actuel président de la République mourrait au pouvoir s'il le voulait et qu'il lui faudrait donc des garanties pour le dissuader de briguer un nouveau mandat en 2018. «Il faut ouvrir le débat sur l'immunité. C'est là où tout commence. Dites d'abord au Chef ce qu'il va devenir», plaide Magnus Biaga. La démarche exclurait de ce fait des «péripéties judiciaires et vengeresses»

Le directeur de publication de ce journal privé suggère d'expliquer au chef de l'Etat en exercice qu'il ne lui arriverait rien s'il laissât le pouvoir, ainsi qu'à sa famille ; et qu'il conserverait par ailleurs des attributs de chef d'Etat. «Ça nous ferait plaisir de voir Chantal Biya (l'actuel Première dame, ndlr) venir faire ses courses au marché du Mfoundi (marché populaire dans la capitale du Cameroun) au lieu d'aller à Montpellier», déclare M. Biaga. «Nous devons protéger la famille présidentielle», ajoute-t-il, dans le sens d'en être fier.

«Le président Biya est très inquiet parce qu'il se demande ce qu'il va devenir (…) la garantie de Paul Biya c'est sa présence aux affaires (…) il est question de rassurer le président. On peut même lancer un référendum», affirme Magnus Biaga.

L'article 53 de la Constitution du Cameroun, portant sur les prérogatives de la Haute cour de justice (institution qui n'existe pas encore), prévoit déjà cependant que les actes posés par le président de la République «sont couverts par l'immunité et ne sauraient engager sa responsabilité, à l'issue de son mandat». Une situation où «Paul Biya est le chef de tout et responsable de rien», ironise le DP du quotidien Emergence. Il faudrait néanmoins expliciter d'autres garanties à côté de cet article, a laissé entendre Magnus Biaga tout au long de sa conférence de presse.

Alternance
«La première chose sur laquelle tous les Camerounais sont d'accord, c'est l'alternance. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, l'unanimité à ce sujet est acquise», assure-t-il. Cependant, pour lui, comme cela a été déjà dit dans certains rapports, le jeu politique au Cameroun est verrouillé. «Ainsi verrouillé le système électoral, l'alternance par la voie des urnes au Cameroun est impossible. Autrement dit, sur le plan interne, il n'y a aucune force capable d'empêcher Paul Biya de demeurer au pouvoir jusqu'à la fin de ses jours, si tel est sa volonté», souligne le journaliste. «Nous ne voulons pas d'une alternance dans le chaos», ajoute-t-il.

Questionné sur l'opportunité de cette proposition, le directeur de publication du quotidien privé Emergence a répondu : «l'opposition camerounaise étant en vadrouille, ce qui est déplorable, nous jouons notre partition. Non pas comme parti politique, mais comme entité de la société civile (…) l'avenir du Cameroun ne saurait donc nous laisser indifférent.»

En 2018, date prévue pour la prochaine élection présidentielle au Cameroun – s'il n'y a pas de modification majeure – Paul Biya aura 85 ans. L'actuel président de la République du Cameroun est au pouvoir depuis 1982.
 

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